La compagnie aérienne low cost Wizz Air a vu le mois dernier son trafic divisé par plus de 6 par rapport à novembre 2019 en raison de l’impact sur les voyages de la pandémie de Covid-19. Et si elle a ouvert 13 bases et lancé 260 nouvelles liaisons depuis le début de la crise sanitaire, son patron ne décolère pas contre la gestion de la situation par les gouvernements européens.  

Avec 465.487 passagers enregistrés en novembre 2020 contre 2,974 millions il y a un an, l’impact de la pandémie sur la spécialiste hongroise du vol pas cher ne saurait être plus évident. Le coefficient d’occupation de ses monocouloirs Airbus a reculé dans le même temps de 92,8% à 62,8%. Le trafic de novembre est en outre inférieur de plus de moitié à celui d’octobre, quand elle accueillait encore 1,16 millions de passagers (3,71 millions en octobre 2019).

La low cost a depuis le printemps lancé 260 nouvelles routes et ouvert 13 nouvelles bases, dont celles de Catane, Dortmund, Larnaca, Londres-Gatwick, Milan-Malpensa et bien sûr Oslo, avec à la clé des lignes domestiques en Norvège (sans oublier la nouvelle filiale à Abou Dhabi qui doit décoller mi-janvier). 

Selon le CEO Jozsef Varadi, « chaque crise est un problème mais aussi une opportunité », la crise sanitaire devant engendrer « des changements structurels de la demande » : « nous devons nous assurer de croître ailleurs et de profiter de l’évolution de la dynamique », a-t-il déclaré lors de la conférence virtuelle Routes Reconnected. Et si la croissance effrénée de la low cost étonne, il reconnait : « nous avons pris beaucoup de mauvaises décisions, mais nous en sommes satisfaits ».

Si ces erreurs non précisées sont pardonnées, ce n’est pas le cas de celles commises par les gouvernements européens : « l’Europe, qui est censée être un moyen assez bien défini de coopération entre les pays, a lamentablement échoué sur tout », a déclaré le dirigeant. Wizz Air opère dans 46 pays « et depuis plus de huit mois, je ne trouve pas deux pays qui appliquent les mêmes mesures », a-t-il souligné. Jozsef Varadi pense qu’il s’agit d’un « échec misérable des gouvernements et un échec misérable de la politique. C’est un échec misérable de tout le système », la plupart des réponses apportées à la crise ayant été guidées par « les divers programmes politiques » plutôt que par la volonté de gérer le problème.

« Des mesures comme la fermeture des frontières ou la mise en quarantaine de personnes simplement parce qu’elles volaient d’un endroit à un autre n’ont rien à voir avec une pandémie; ce sont des mesures politiques », a précisé le CEO hier, se demandant : « quelle est la différence entre une personne qui vole à l’intérieur du pays et cette personne n’est soumise à aucune mesure, mais quelqu’un qui franchit la frontière le serait? C’est juste de la politique ».

Le soutien financier des gouvernements aux compagnies aériennes n’a pas un meilleur accueil : le patron de Wizz Air prédit que les gouvernements détenant des participations dans des transporteurs entraîneront une « distorsion à long terme » sur le marché : « Tout cet argent qui a été investi dans l’industrie du transport aérien est tout simplement un gaspillage d’argent », a-t-il déclaré ; cela ne permettra pas d’obtenir autre chose que de maintenir quelques compagnies aériennes en vie, mais ces compagnies aériennes « ne seront pas en meilleure situation à l’issue du processus ».

Les récipiendaires de ces aides publiques « protègent l’emploi parce que le gouvernement le demande, mais cela préserve en fait les inefficacités du système. Ils ne renouvellent pas leurs flottes ; en fait, ils piloteront une flotte vieillissante à l’avenir, beaucoup moins efficace, beaucoup plus coûteuse. Vous verrez donc des problèmes structurels à long terme », prédit Jozsef Varadi.

Wizz Air : trafic en berne, bases et colère contre les gouvernements 1 Air Journal

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