L’annonce d’une nouvelle mutation du coronavirus à l’origine de la pandémie de Covid-19 a continué lundi à provoquer des fermetures de frontières avec le Royaume Uni. Les compagnies aériennes de l’Union européenne attendent aujourd’hui une décision de Bruxelles aujourd’hui sur une réouverture coordonnée, tandis que l’OMS tente de calmer le jeu et que le vaccin de Pfizer-BioNTech vient d’être autorisé sur le Vieux continent.

Une vingtaine de pays européens ont désormais interdit tout trafic aérien en provenance des aéroports de Grande Bretagne, en général à l’exception du fret et de quelques vols de rapatriement nécessitant des tests de dépistage. Lundi a vu l’Espagne et le Portugal rejoindre la liste qui comprenait déjà la France (jusqu’à ce soir minuit pour l’instant), la Belgique, les Pays-Bas, l’Italie, la Suisse ou la Bulgarie entre autres – avec des durées de suspension plus ou moins longue. L’Inde et la Russie ont également suspendu hier les vols vers le Royaume Uni, tout comme la Norvège, la Tunisie, la Jordanie, le Pakistan, l’Argentine, la Colombie, Oman ou Hong-Kong. On retiendra aussi que DHL a suspendu ses vols de fret express vers la Grande Bretagne.

Air France par exemple ne propose ce 22 décembre 2020 qu’un des cinq vols initialement prévus entre Paris-CDG et l’aéroport de Londres-Heathrow (départ à 21h20) et un des trois vers Manchester (départ à 15h50), les deux rotations vers Edimbourg étant supprimées. « A ce stade, la desserte du Royaume Uni est partiellement maintenue pendant cette période, mais les vols ne transporteront des passagers uniquement dans le sens France vers le Royaume-Uni. Les vols retours rentreront vers Paris avec du fret uniquement. Nous suivons avec attention l’évolution de la situation et continuerons à adapter notre programme de vols en fonction des décisions des autorités compétentes », explique un communiqué mis en ligne lundi soir. Les clients concernés seront avisés individuellement et se verront proposer le report de leur voyage ou le remboursement de leur billet. Les équipes d’Air France « en aéroport et dans les centres de relation client sont mobilisées pour assister les clients concernés par cette mesure ».

L’île Maurice a également fermé ses frontières au Royaume-Uni et à l’Afrique du Sud, suspendant les liaisons vers Londres, Johannesburg et Le Cap.

Autre exemple de réaction, celle de Tunisair suite à la décision des autorités du pays : elle annonce « la suspension, jusqu’à nouvel ordre, de tous ses vols à destination et en provenance de la Grande Bretagne. Les passagers en provenance ou ayant été en transit dans ce pays, mais également ceux arrivant d’Afrique du sud et d’Australie ne seront pas acceptés sur le territoire tunisien jusqu’à nouvel ordre ». LOT Polish Airlines a de son côté envoyé deux Boeing 787 Dreamliner à Londres pour rapatrier des clients avant la fermeture des frontières polonaises.

Les compagnies britanniques sont évidemment les plus affectées par ce regain de tension : British Airways n’a pas détaillé l’impact sur son réseau, évoquant un programme « réduit et dynamique ». « Notre objectif est de maintenir les liaisons aériennes cruciales ouvertes dans la mesure du possible – ramener les clients nationaux actuellement à l’étranger et transporter des marchandises vitales, et veiller à ce que les personnes autorisées à voyager puissent continuer à le faire en toute sécurité », souligne un communiqué. La low cost Wizz Air a suspendu les vols du Royaume-Uni vers l’Italie, la Roumanie, la Bulgarie, la Lettonie, la Lituanie et l’Autriche les 21 et 22 décembre ; elle « continuera à exploiter des vols en provenance du Royaume-Uni vers des pays qui n’ont pas interdit l’arrivée de vols britanniques. Les passagers concernés qui ont réservé sur wizzair.com peuvent recevoir 120% du tarif initial en crédit aérien, un remboursement complet ou une modification de réservation gratuite ».

EasyJet a déclaré dans The Sun entre autres : « en raison de l’application de restrictions de voyage par plusieurs pays européens sur les vols quittant le Royaume-Uni, certains clients peuvent désormais ne plus pouvoir voyager ou devoir changer de vol. Là où les vols en provenance du Royaume-Uni ne sont pas autorisés, easyJet se concentre sur l’exploitation de son programme actuel vers le Royaume-Uni au cours des prochains jours, pour aider les clients à rentrer chez eux et inciter les clients devant revenir à échanger ces vols dès que possible ». Les clients concernés « ont la possibilité de transférer gratuitement sur un autre vol, de recevoir un bon ou de recevoir un remboursement. Cette politique s’applique tant que les restrictions d’interdiction de voyage sont en place. Les clients seront informés si leur vol est annulé ».

Les membres de l’Union européenne devraient ce mardi décider d’une réponse commune « pour une réouverture des frontières de manière coordonnée et avec des mesures identiques ». Et alors que le Royaume-Uni a enregistré plus de 67.500 morts depuis le début de la pandémie, l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) a tenu hier à calmer le jeu après les déclarations anxiogènes du ministre de la santé britannique : la nouvelle variante du coronavirus « n’est pas hors de contrôle » selon le responsable des situations d’urgence sanitaire Michael Ryan. « Nous avons eu un R0 (taux de reproduction du virus) beaucoup plus élevé que 1,5 à différents moments de cette pandémie, et nous l’avons maîtrisé. Cette situation n’est donc pas, en ce sens, hors de contrôle ». L’agence continue à appeler à l’application de mesures « ayant fait leurs preuves », tandis que l’AEM (Agence européenne des médicaments) se dit « pas trop inquiète » puisqu’il n’existe à ce jour « aucune preuve »  que les vaccins (dont celui de Pfizer-BioNTech qu’elle vient d’autoriser) ne protégerait pas contre cette nouvelle mutation du virus.

On retiendra enfin la déclaration de l’IATA à propos du Royaume-Uni : « cette dernière situation renforce une fois de plus le besoin urgent d’une reconnaissance coordonnée des tests systématiques des voyageurs. Les gouvernements doivent coopérer pour mettre en place une capacité de test mutuellement reconnue, afin que les frontières puissent rester ouvertes à la grande majorité des passagers en bonne santé », explique Rafael Schvartzman, Vice-président régional Europe de l’association. « La COVID-19 est susceptible d’être avec nous pendant un certain temps, donc plutôt que les interdictions de voyager, les gouvernements doivent adopter des politiques plus flexibles et pratiques pour gérer les risques de manière à permettre aux gens de travailler et de voyager en toute sécurité. «Tester, tester et tester à nouveau» est le mantra de l’OMS depuis près d’un an maintenant, et nous implorons les gouvernements de suivre ce conseil ».

Royaume Uni : la liste des frontières fermées s’allonge 1 Air Journal

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