Plusieurs « erreurs mineures » de vol, heureusement sans conséquence, ont été rapportées par des pilotes américains qui se disent « rouillés » après plusieurs semaines ou mois de faible activité, voire d’absence de vol.

Oubli de desserrer le frein parking, trois tentatives avant de pouvoir se poser par grand vent, alignement de l’avion sur la mauvaise piste, oubli d’activation du dégivrage des sondes : au moins une douzaine d’erreurs de ce type ont été rapportés selon le Los Angeles Times depuis mai 2020, quand les trois-quarts des vols avaient été suspendu aux Etats-Unis pour cause de pandémie de Covid-19. 

 Le copilote ayant oublié le givrage a en particulier expliqué au système anonyme de rapport de sécurité géré par la NASA (ASRS) : « Parce que je n’avais pas volé depuis quelques mois, j’étais rouillé. Je sentais que mon souvenir était assez fort, mais en réalité j’aurais dû prendre un certain temps pour revoir » les procédures opérationnelles standard.

Parmi les erreurs les plus courantes, il y a l’arrivée trop rapide ou trop élevée lors d’un atterrissage, ou l’oubli d’obtenir l’autorisation de la tour de contrôle du trafic aérien avant de descendre à une altitude inférieure. Et un atterrissage terminé dans l’herbe aurait selon le régulateur indonésien été « en partie » causé par ce problème, puis que durant les 90 jours précédents  le commandant de bord n’avait pas du tout volé, et le copilote seulement trois heures.

Si le cas du dégivrage peut faire froid dans le dos alors que le crash du vol AF447 Rio – Paris d’Air France est de retour dans l’actualité, experts et représentants des compagnies aériennes connaissent le phénomène et se semblent pas s’affoler outre mesure : lorsque les pilotes sont inactifs pendant trop longtemps, leurs qualités et leurs compétences se détériorent. « La clé pour voler en toute sécurité est la fréquence », a déclaré au quotidien Richard G. McSpadden Jr., vice-président principal de l’Air Safety Institute de l’Aircraft Owners and Pilots Assn. ; « Vous n’êtes pas aussi vif si vous n’avez pas volé pendant un certain temps ». L’IATA avait d’ailleurs constaté au printemps dernier une hausse du nombre d’approches « instables » dans les aéroports du monde entier, passé de 14 à 35/1000 – avant de retomber à un niveau normal ces derniers mois.

Normalement aux USA, un pilote n’ayant pas volé pendant çà jours doit effectuer trois cycles décollage-atterrissage en simulateur ou dans un cockpit avant de rependre les commandes d’un jet commercial. Mais selon le Los Angeles Times, cette période a été réduite à 60 puis 30 jours en 2020 pour cause de pandémie, la FAA expliquant ces « délais de grâce » par la crainte d’augmenter la propagation du coronavirus. American Airlines par exemple a toutefois augmenté les examens de données de vol pour vérifier que ses pilotes n’étaient pas trop « rouillés »…

Des pilotes « rouillés » après des semaines sans voler 2 Air Journal

@Delta Air Lines