La pandémie de Covid-19 a déjà entrainé la perte de plus de 7000 postes dans les entreprises de services aéroportuaires selon la FNAM, et hier plus d’un millier de salariés de l’aéroport Paris-CDG manifestaient pour la défense de leur emploi.

Si bagagistes, agents d’entretien et autres employés des sous-traitants de Roissy se sont rassemblés le 18 mars 2021 à Paris à l’appel des organisations syndicales, c’était après une déclaration du groupe Paris CDG Alliance estimant que « 20.000 à 30.000 postes » pourraient être supprimés d’ici la mi-2022, sur les 94.000 employés directement à CDG. Mais les dégâts de la crise sanitaire dans les services d’aéroport sont déjà chiffrables (« plus de 7000 postes ») selon la Chambre Syndicale d’Assistance en Escale (CSAE), membre de la FNAM, qui regroupe des entreprises « dont les missions aéroportuaires sont indispensables à la chaine du transport aérien » avec plus de 40.000 emplois en France. Les clients de ces entreprises sont essentiellement les compagnies aériennes et les gestionnaires d’aéroport, des acteurs qui selon son communiqué « ont, de longue date, délaissé les métiers d’assistance en escale et se reposent ainsi largement sur nos entreprises, pour le traitement et les transferts de passagers, le traitement des avions au sol, le traitement des bagages, la gestion et la maintenance des matériels de services aéroportuaires, le traitement du fret, le catering aérien ou encore la maintenance de 1ère ligne des avions et l’avitaillement des avions ».

L’activité de ces sociétés d’assistance est directement liée au nombre de vols, au volume de fret aérien et enfin au nombre de passagers traités sur chaque plateforme, tout comme les compagnies aériennes et les aéroports, rappelle la CSAE ; mais ces deux derniers acteurs « ont immédiatement été considérés comme des entités essentielles au secteur aérien et ainsi classés dans le S1, mais étrangement pas les sociétés d’assistance qui ont été considérées comme accessoires puisque classées en secteur S1 bis » – même si elles sont « un maillon essentiel et aussi important que les compagnies et les aéroports » dans le transport aérien.

Les effectifs de ces entreprises de services représentaient plus de 40.000 emplois en France fin 2019, notamment dans des « bassins d’emploi très sensibles de la région Île-de-France et des grandes capitales régionales ». La crise sanitaire en cours a d’ores et déjà entrainé la perte de plus de 7000 emplois « par la suppression quasi immédiate des emplois à durée déterminée et du travail temporaire inévitable dans nos secteurs soumis à de multiples effets de saisonnalités », explique la CSAE. La mise en œuvre des dispositifs d’activité partielle (APLD), « quand ils sont accessibles aux sociétés éligibles et tant qu’ils sont actifs », permet de limiter la réduction des emplois à durée indéterminée aux seuls départs naturels (retraite, démission) « mais ne permet aucunement de maintenir les qualifications » du fait du niveau d’activité très insuffisant (baisse du trafic de plus de 60% sur l’année 2020). De plus, déplore la CSAE, le second poste de coût après celui de la masse salariale, le poste des loyers n’a pas baissé « du fait de l’intransigeance des bailleurs à part quelques acteurs très rares de taille régionale ».

Les entreprises de services aéroportuaires ont ainsi subi « des pertes massives » sur l’année 2020 et sont en grande difficulté en ce début d’année 2021 pour plusieurs raisons :

Absence totale de visibilité sur leur avenir et leur niveau d’activité pour deux principales raisons :

  •    Les compagnies aériennes modifient constamment leurs programmes de vols et suppriment des vols jusqu’à 24 heures avant le départ. De plus les compagnies peuvent maintenir leurs créneaux en n’effectuant que 25% de leurs vols par rapport à 2019 (nouvelle dérogation européenne)
  •    Les aéroports ferment des aérogares et modifient l’organisation des vols sans tenir compte ou de manière extrêmement limitée des contraintes des compagnies aériennes et des sociétés de services aéroportuaires

Absence totale de visibilité sur leurs coûts et non accessibilité aux aides auxquelles elles devraient être légitimement bénéficiaires :

  •    Impossibilité pour ces sociétés rattachées au secteur S1bis de bénéficier des aides du fonds de solidarité du fait de leur niveau d’activité se situant entre 25% et 50% par rapport à 2019
  •    Impossibilité en pratique de mettre en œuvre soit des accords d’APLD par manque d’activité rendant très difficile d’atteindre la moyenne de chiffre d’affaire sur la période de l’accord soit des plans de sauvegarde de l’emploi du fait de leur coûts
  •    Absence de réduction de coût sur le poste des loyers immobiliers du fait de l’intransigeance des bailleurs : les locaux loués se situent pour ces sociétés principalement en dehors des aérogares mais à l’intérieur des aéroports ou sur des terrains à l’extérieur de l’aéroport mais appartenant au même gestionnaire d’aéroport
  •    Fermeture d’aérogare pour des durées longues pouvant aller jusqu’à plusieurs années rendant impossible la survie de certaines filiales dédiées sur certaines aérogares. (Les premiers dépôts de bilan de filiales sont apparus en décembre 2020.)

Ainsi, les sociétés d’assistance seront dans une situation particulièrement critique et dans l’incapacité d’assurer la reprise d’activité faute de visibilité en volumes et en échéances de la reprise d’activité du secteur qui ne pourra commencer au mieux avant le second semestre 2021. Afin de « préserver le maximum d’emplois » jusqu’à cette reprise et de « garantir l’agilité nécessaire » à cette reprise, une marge de manœuvre économique supérieure à celle dont disposent ces entreprises actuellement est « indispensable » pour la CSAE, « d’autant que la reprise du trafic ne s’annonce que très progressive et très lointaine ». C’est dans ce contexte qu’elle demande l’inscription de toutes les entreprises d’assistance en escale dans la liste S1 des entreprises éligibles au fonds de solidarité. Et elle prévient : sans une prise en compte rapide de cette demande, il ne sera non seulement « pas possible de répondre aux besoins qui seront exprimés à l’heure de la reprise de l’activité mais aussi de maintenir en activité une bonne partie de ces sociétés », malgré tous les efforts consentis pour les restructurer ; l’impact négatif sur la compétitivité de la France dans le domaine du transport aérien sera « majeur et durable dans le temps ».

La Chambre Syndicale d’Assistance en Escale est présente à Paris-Charles de Gaule, Paris-Orly, Paris-Le Bourget, Toulouse-Blagnac, Lyon St-Exupéry, Nice Côte d’Azur, Marseille-Provence, Bâle-Mulhouse-Fribourg, Bordeaux-Mérignac, Nantes-Atlantique, Lille Lesquin, Montpellier-Méditerranée et Strasbourg.

Services en aéroport : 7000 emplois déjà perdus selon la FNAM 1 Air Journal

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