Le groupe aérien Air France-KLM est « le mieux armé » en Europe pour bénéficier de la reprise du trafic après la pandémie de Covid-19, estime son patron Benjamin Smith. Dont la rémunération est de nouveau dénoncée aux Pays-Bas, cette fois par le gouvernement actionnaire.

Comparé à ses rivaux Lufthansa et IAG (British Airways, Iberia etc), le groupe franco-néerlandais « est le mieux positionné » pour tirer profit de la reprise, « grâce à son réseau diversifié et équilibré », a déclaré le directeur général dans un entretien accordé au Figaro. Parmi les atouts d’Air France-KLM figurent entre autres le marché des Outre-mers, les Etats-Unis avec « le partenaire le plus puissant en Amérique du Nord, Delta Air Lines », des « positions fortes » en Afrique – et le fait que la France reste la première destination touristique mondiale. Les destinations les plus importantes au départ des aéroports de Paris sont dans l’ordre New York, Pointe à Pitre, Saint-Denis de la Réunion et Fort de France, « bien avant Los Angeles ou Tokyo », a souligné le CEO.

Ben Smith s’est dit « raisonnablement optimiste » sur la reprise du trafic, citant en exemple la situation aux Etats-Unis « où l’activité domestique est à 90% de son niveau de 2019 » et en Chine où « c’est même plus de 100% ». Dès que les pays de l’espace Schengen auront rouvert leur espace aérien, « nous connaîtrons je pense la même reprise ». Air France en particulier pourra « compter sur une reprise très forte de la demande » vers les Antilles, la Guyane, la Réunion ou Tahiti, une force « unique en Europe ».

Proposant une offre actuellement à 48% des niveaux de 2019, le CEO d’Air France-KLM espère la voir monter à « entre 55% et 65% » cet été. Mais il maintient son estimation d’un retour à la normale du marché dans son ensemble « en 2024 ou 2025 ».

Interrogé hier matin sur BFMTV, Benjamin Smith a trouvé « dommage » la polémique sur son salaire relancée aux Pays-Bas. Après les parlementaires qui dénonçaient en avril un bonus de 2 millions d’euros, c’est le ministre néerlandais des Finances Wopke Hoekstra qui a déclaré s’être entretenu avec la présidente d’Air France-KLM Anne-Marie Couderc : « le groupe a été informé à plusieurs reprises que l’État néerlandais ne considère pas justifiable qu’un bonus, sous quelque forme que ce soit, soit octroyé pendant une période où l’entreprise a besoin de milliards d’euros d’aides d’État pour survivre à la crise du coronavirus », a-t-il expliqué dans une lettre au parlement. Comme l’année dernière donc, l’Etat néerlandais votera contre la politique de rémunération 2020 et 2021 du CEO, lors de l’assemblée générale des actionnaires du 26 mai.

« La réalité, c’est qu’en 2021, ma rémunération est variable à 80% et que je ne toucherai pas un euro au titre de cette rémunération variable », a rappelé Benjamin Smith. Parmi les trois volets de ses revenus (salaire fixe, variable et rémunération différée), il avait annoncé en avril 2020 renoncer au bonus pour l’année en question et s’était imposé une réduction de 25% de sa rémunération. « J’ai investi la moitié de mon salaire fixe en achetant des actions du groupe Air France-KLM en 2018 et en 2019 parce que je crois profondément en son avenir », a-t-il rappelé ; « ma rémunération variable à long terme est soumise à de très nombreuses conditions, et ne sera de toute façon pas versée avant plusieurs années ». L’AG du groupe se déroulera le 26 mai.

Air France-KLM « le mieux armé » selon le CEO dont le salaire est dénoncé 1 Air Journal

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