L’Etat français ne prendra pas part à une – probable – prochaine recapitalisation du groupe aérien Air France-KM « sauf en cas de catastrophe », tandis qu’aux Pays-Bas c’est un bonus de 2 millions d’euros accordé au CEO Ben Smith qui fait débat.

Après une recapitalisation qualifiée de réussie (1,036 milliard d’euros levé sur les marchés) qui lui a permis de monter à 28,6% du capital dans le groupe réunissant les compagnies aériennes Air France, KLM Royal Dutch Airlines et Transavia, le Commissaire aux participations de l’Etat Martin Vial a rappelé le 22 avril 2021 sur BFM Business que l’Etat est en dessous de 30%. Et qu’il « n’envisage pas de monter au-dessus de 30%, sauf s’il y avait une nouvelle catastrophe économique majeure qui amènerait l’Etat à venir au secours d’Air France-KLM ». Le passage au-dessus du seuil de 30% obligerait en effet l’Etat à « prendre le contrôle d’Air France », a-t-il rappelé, indiquant que tout nouvel argent frais devrait être levé d’abord chez les investisseurs privés.

Air France-KLM a de son côté annoncé mercredi avoir procédé là encore « avec succès » à l’émission de « titres obligataires super-subordonnés à durée indéterminée » pour un montant total de 3 milliards d’euros entièrement souscrits par l’Etat. Soit la conversion en fonds propres pour la compagnie française du prêt d’actionnaire consenti l’année dernière.

Aux Pays-Bas, où le gouvernement n’a pas pris part à la dernière recapitalisation, c’est un bonus de 2 millions d’euros en actions accordés au CEO du groupe Ben Smith qui fait polémique. Y compris en politique, le parlement néerlandais ayant voté mardi une motion pour que le gouvernement exige du patron qu’il refuse ce bonus, sous peine de ne plus obtenir de nouvelle aide publique. Une prime « immorale et injuste » quand des milliers d’employés de KLM « ont perdu leur emploi ou fait des sacrifices salariaux » selon les députés.

Benjamin Smith ne pourra cependant pas toucher ces actions avant 2023, et seulement dans certaines conditions dont le remboursement de 75% des aides françaises, le « redressement » du groupe – et son maintien en poste. Peu probable donc, vu l’impact de la pandémie de Covid-19, que le bonus soit versé au CEO, qui avait il y a un an confirmé la réduction de 25% de sa rémunération pour l’année 2020 ; il perçoit un salaire fixe annuel de 900.000 euros, plus une part variable conditionnée au feu vert de l’AG (768.000 euros en 2019) ; il bénéficie également d’une rémunération à long terme, qui sera versée au bout de trois ans à la tête du groupe.

La compagnie nationale néerlandaise KLM se tient à l’écart du débat. Son PDG Pieter Elbers avait lui aussi revu sa rémunération à la baisse en avril dernier, et une proposition d’augmentation de son bonus avait été annulée après un tollé public.

Air France-KLM « en cas de catastrophe », bonus du CEO dénoncé 1 Air Journal