Les Etats-Unis ont annoncé pour le 1er novembre la réouverture aux passagers vaccinés de leurs frontières, fermées depuis mars 2020 à 33 pays dont l’Union européenne et le Royaume-Uni pour cause de pandémie de Covid-19. Une annoncé saluée unanimement, en particulier par les compagnies aériennes, mais il manque encore beaucoup de détails parmi lesquels la date précise, les vaccins qui seront reconnus ou le système de suivi des voyageurs.

L’annonce du 20 septembre 2021 par le coordinateur de la lutte contre la pandémie à la Maison-Blanche, Jeff Zients, a fait bondir le cours des actions des compagnies aériennes en particulier européennes, qui attendaient désespérément la reprise du très lucratif marché transatlantique. A partir de novembre, l’entrée sur le territoire américain des voyageurs complètement vaccinés sera possible, sous condition d’un test négatif passé au plus trois jours avant le départ et du port du masque une fois arrivé ; la levée de l’obligation de quarantaine est aussi confirmée.

Un système de suivi des contacts sera instauré, a détaillé le coordinateur, les USA ayant mis en place un système global basé sur « les individus » et non sur la situation épidémiologique ou sanitaire du pays de provenance ; les compagnies aériennes seraient chargées de ce traçage. Et la Maison Blanche ne précise pas quels vaccins permettront d’entrer sur le sol américain, sachant que seuls ceux développés sur place, Pfizer/BioNTech, Moderna et Johnson&Johnson (Janssen) sont à ce jour reconnus par la FDA ; ce n’est pas le cas d’Astra-Zeneca en particulier. Le commissaire européen Thierry Breton qui était hier à Washington a cependant déclaré hier que les autorités américaines allaient examiner la possibilité de lever les restrictions pour les Européens vaccinés par AstraZeneca » : Jeff Zients « avait l’air d’être positif et optimiste », a-t-il déclaré à l’AFP.

La Commission européenne a bien sûr salué cette annonce « attendue depuis longtemps », elle qui avait retiré fin aout les Etats-Unis de la liste des pays sûrs en matière de Covid-19. « Nous nous félicitons de l’annonce faite par les États-Unis selon laquelle les voyageurs européens entièrement vaccinés pourront bientôt voyager à nouveau aux États-Unis. Il s’agit d’une mesure attendue depuis longtemps par les familles et les amis séparés, et d’une bonne nouvelle pour les entreprises », a déclaré la Commission sur les réseaux sociaux. Toujours sur le Vieux continent, Airlines for Europe (A4E) a « applaudi » la décision du président américain de permettre aux voyageurs vaccinés de l’UE et du Royaume-Uni d’entrer aux Etats-Unis ; « « cette décision donnera un coup de pouce bien nécessaire au trafic transatlantique et au tourisme, et réunira familles et amis ». Le son de cloche était le même chez l’association américaine A4A (Airlines for America).

En France, le Secrétaire d’Etat en charge du tourisme Jean-Baptiste Lemoyne a déclaré que la réouverture des Etats-Unis est « une bonne nouvelle pour une partie du secteur du tourisme, notamment les agences de voyages ». Lors de son point de presse suivi par Tour Mag, il a ajouté que des réunions sont prévues avec elles « cette semaine et la semaine prochaine. La situation est suffisamment compliquée pour qu’une seule mesure comme celle-ci ne puisse pas rétablir l’activité qui est la leur. Nous continuons à travailler avec les agences sur les dispositifs de soutien ». 

Air France-KLM s’est également félicité de cette nouvelle « formidable »,  alors que les vols transatlantiques représentaient avant la crise 40% de ses revenus. Pour le CEO du groupe franco-néerlandais Ben Smith, cette réouverture va « donner un coup de fouet bien nécessaire aux voyages transatlantiques ». « Cela fait plus d’un an et demi que nous attendions cela, donc c’est une excellente nouvelle pour notre secteur, et en particulier pour nos clients. Des familles ont été séparées, (…) des entreprises n’ont pas pu organiser des réunions en face-à-face », a-t-il rappelé, ce disant 100% certain que la réouverture allait « doper » les achats de billets d’avion.

La compagnie aérienne Air France a rappelé qu’elle proposera cet hiver plus de 100 vols hebdomadaires vers 11 villes aux USA (Boston, New York, Washington, Atlanta, Miami, Detroit, Chicago, Houston, Los Angeles, San Francisco et Seattle) au départ de sa base à l’aéroport de Paris-CDG, « avec des correspondances depuis l’Europe). Sa sœur KLM Royal Dutch Airlines, qui vient de retirer de son programme hivernal à Amsterdam les dessertes de Miami, Orlando et Las Vegas, n’avait pas réagi officiellement au moment de la rédaction. 

Même satisfaction outre-Manche par exemple : le directeur général de British Airways Sean Doyle estime que la nouvelle « qui verra nos deux nations réunies après plus de 18 mois marque un moment historique, et donnera un énorme coup de pouce à la Grande-Bretagne à la sortie de cette pandémie (…). Nos clients doivent désormais sentir que le monde s’ouvre à eux et ils peuvent réserver leurs voyages en toute sérénité ». Shai Weiss, CEO de Virgin Atlantic, estime pour sa part que l’assouplissement des restrictions est « une étape majeure vers la réouverture des voyages à grande échelle, permettant aux consommateurs et aux entreprises de réserver des voyages aux États-Unis en toute confiance ». Le Royaume-Uni sera désormais en mesure de « renforcer ses liens avec notre partenaire économique le plus important, les États-Unis, en stimulant le commerce et le tourisme ainsi qu’en réunissant amis, familles et collègues de travail », a-t-il ajouté.

Plus globalement, l’IATA rappelle que les règles précédentes empêchaient quiconque (hors citoyens et résidents) d’entrer aux États-Unis s’il avait été au cours des 14 derniers jours dans 33 pays spécifiques, dont le Royaume-Uni, l’Irlande, tous les pays Schengen, le Brésil, l’Afrique du Sud, l’Inde et la Chine. « L’annonce d’aujourd’hui est un grand pas en avant. Autoriser l’accès aux États-Unis pour les personnes vaccinées ouvrira le voyage aux États-Unis pour de nombreuses personnes qui ont été en lock-out au cours des 18 derniers mois. C’est une excellente nouvelle pour les familles et les proches qui ont souffert du chagrin et de la solitude de la séparation. C’est bon pour les millions de moyens de subsistance aux États-Unis qui dépendent du tourisme mondial. Et cela stimulera la reprise économique en permettant à certains marchés clés des voyages d’affaires », a déclaré dans un communiqué Willie Walsh, directeur général de l’IATA.

Cette annonce marque « un changement clé dans la gestion des risques Covid-19, des considérations générales au niveau national à l’évaluation des risques individuels », a ajouté le dirigeant de l’association. Le prochain défi « est de trouver un système pour gérer les risques pour les voyageurs qui n’ont pas accès aux vaccinations. Les données indiquent que les tests sont une solution. Mais il est également essentiel que les gouvernements accélèrent le déploiement mondial des vaccins et conviennent d’un cadre mondial pour les voyages où les ressources de test sont axées sur les voyageurs non vaccinés. Nous devons revenir à une situation où la liberté de voyager est accessible à tous », a conclu Willie Walsh.

Chez Emirates Airlines par exemple, où l’assouplissement des restrictions de voyage au Royaume-Uni début octobre a déjà entrainé « un bond des réservations », un renforcement de la desserte des USA est désormais prévu dès le mois prochain, avec le rétablissement de 80% des capacités pré-pandémie – et plus de 90% d’ici décembre. À partir d’octobre, la compagnie basée à Dubaï exploitera 78 vols hebdomadaires vers 12 destinations aux États-Unis, avec une augmentation des vols hebdomadaires prévus vers Boston, Dallas, New York-JFK, San Francisco, Seattle et Washington DC ; JFK en particulier aura droit à 19 rotations par semaine, y compris via Milan.

Début décembre, Emirates aura selon son communiqué rétabli plus de 90% de ses fréquences de vols pré-Covid vers les Etats-Unis, avec des vols quotidiens ajoutés à Boston, Dallas, Houston, San Francisco, Seattle et Washington DC en plus de doubler les vols quotidiens vers New York. Les clients des États-Unis auront également « plus d’opportunités de voler à bord de l’avion emblématique Airbus A380 » à partir de novembre, avec 35 vols hebdomadaires. Les vols d’Emirates entre Milan et New York seront également opérés en A380 à partir du 31 octobre, ce qui permettra à New York d’être desservie trois fois par jour en superjumbo. En plus de Los Angeles, New York et Washington DC, l’Airbus A380 reviendra quotidiennement à San Francisco à partir de décembre.

USA : réouverture des frontières aux voyageurs vaccinés début novembre 1 Air Journal

©American Airlines