L’accord de libre-échange pour le transport aérien entre l’Union européenne (UE) et le Qatar, autorisé en juin par le Conseil européen, prévoit une large ouverture du ciel européen à la compagnie Qatar Airways.

En retour, les compagnies européennes auront un accès identique aux aéroports qataris, dont Doha-Hamad le hub international de Qatar Airways, et des contreparties en termes de transparence et de droit social devront être respectées par Qatar Airways.

Face à ce qu’ils considèrent comme “un accord complètement déséquilibré“, les syndicats qui représentent aussi bien les pilotes (SNPL, Alter, Spaf) que les personnels au sol (FO, CGT, CFDT, CFE-CGC, Unsa, CFTC) ou les personnels navigants commerciaux (UNPNC, Unac, SNPNC et SNGAF) sont résolument opposés à l’ouverture du ciel européen au Qatar. Dans une lettre adressée aux députés français, ils en donnent les raisons :

-Les impacts sociaux ne peuvent être que négatifs tant en termes d’emplois qu’en termes de conditions d’emplois.

-C’est un accord complètement déséquilibré, très largement favorable aux intérêts qataris. Les opportunités de marché au Qatar sont nettement inférieures à celles qu’offre le marché français. Il n’y a aucune comparaison possible. Et si nous devons pousser cette comparaison à l’Europe entière, l’argument du déséquilibre est incontestable !

-La mise en concurrence déloyale de compagnies françaises avec une compagnie largement subventionnée en tout temps et appliquant des conditions sociales rétrogrades est une ineptie politique, économique et sociale.

-Alors que l’aide de 3 milliards de l’État français s’est traduite par des contraintes économiques et environnementales pour Air France (restitutions de créneaux à Orly, fermeture des lignes vers Orly depuis Bordeaux, Nantes et Lyon…) Qatar Airways a perçu tout récemment 2,5 milliards de l’État qatari sans aucune contrepartie. Mieux, elle se voit désormais offrir les marchés français et européen.

-Les compagnies aériennes françaises et particulièrement Air France contribuent largement à la richesse du pays. Elles irriguent le tissu économico-social. La destruction certaine d’emplois directs et indirects, la captation des flux de passagers depuis les provinces françaises et européennes au profit du hub de Doha, ce sont autant de transferts qui affecteront le PIB, les recettes, taxes et redevances perçues.

-C’est au moment où les compagnies françaises traversent la plus grave crise économique de leur histoire centenaire que l’Europe, sur proposition française, décide d’ouvrir le ciel européen à une concurrence déloyale qui se révèlera à terme mortifère. Ce possible accord viendrait compliquer les tentatives de redressement déjà douloureuses en matière d’emploi et d’activité.

Les syndicats concluent en appelant les députés français à interpeller le gouvernement pour “combattre dès à présent ce projet inepte, incohérent et destructeur“. Cet accord doit encore être ratifié par les 27 États membres avant d’entrer définitivement en vigueur.

Ciel ouvert UE-Qatar : les syndicats dénoncent "un accord complètement déséquilibré" 1 Air Journal

©Qatar Airways