L’UAF (Union des aéroports français) et ACI Europe (Airports Council International Europe) ont demandé à Bruxelles de bloquer la loi française obligeant les compagnies aériennes à supprimer les lignes intérieures quand le même trajet peut être réalisé en train en moins de 2h30.

Selon La Tribune, les deux organismes représentant les plateformes françaises et européennes ont dès le moi dernier officiellement saisi la Commission européenne, afin de contester la suppression de certaines lignes aériennes intérieures là où une alternative ferroviaire existe (hors plateformes de correspondance comme Paris-CDG), décidée dans le cadre de la loi Climat sans étude d’impact. « C’est une plainte pour non-respect du droit communautaire déposée auprès de la Commission européenne. L’article 20 du règlement européen sur lequel se fonde la loi prévoit une exception au principe de libre circulation et de libre concurrence en cas d’atteinte grave à l’environnement », explique au quotidien Thomas Juin, le président de l’UAF. Selon lui, aucune étude d’impact n’a démontré une « atteinte grave à l’environnement. De plus, il n’y a eu aucune étude non plus sur l’impact des comportements de substitution : train, voiture, aviation privée ? On n’en sait rien ».

L’UAF et ACI Europe avaient déjà saisi la Commission européenne en février, contre l’article 36 de ce qui n’était alors qu’un projet de loi. Un article qui prévoyait déjà la disparition de quatre lignes domestiques vers et depuis des aéroports de région, reliant Bordeaux, Lyon et Nantes à Orly et Marseille à Lyon, concernant « près d’un million de passagers par an dont plus de la moitié pour la seule liaison Bordeaux-Orly ». Toutes opérées d’ailleurs par la compagnie aérienne Air France, qui s’était engagée l’année dernière à supprimer ses trajets pouvant être effectués en moins de 2h30 en train, en échange de l’aide publique.

A l’aéroport de Bordeaux-Mérignac en particulier, où la suppression de la Navette Air France a entraîné 130 suppressions de postes dans sa base, les représentants du CSE ont souligné dans le quotidien que les créneaux « perdus » à Orly sont tombées dans les mains d’une compagnie étrangère (Vueling en l’occurrence) « visant à opérer des vols plus longs donc plus polluants et tournés vers une clientèle loisirs à bas coûts ; les effets néfastes en contrepartie sont multiples sur les voyages d’affaire, sur les emplois, directs et indirects, sur l’attractivité et la desserte territoriale, sur l’économie régionale, sur l’augmentation disproportionnée de locations d’avions privés ».

Thomas Juin expliquait déjà en février : « La décroissance du transport aérien dans un seul pays est une illusion. Il est choquant de voir interdire l’accès au marché de l’aérien, sous prétexte de lutte contre le changement climatique, et sur des fondements juridiques trompeurs, sans aucune étude d’impact économique et environnemental. C’est à la fois un coup rude porté à l’attractivité des territoires concernés et aux besoins légitimes de mobilité rapide des Français ».

Et il rappelait : « La connectivité aérienne joue pourtant un rôle crucial dans l’attractivité et le développement économique des territoires. Est-il besoin de rappeler que 10% de connectivité supplémentaire représente une augmentation de 0,5% de PIB ? Et tout cela pour des gains de CO2 insignifiants : le transport aérien intérieur représente seulement 1,1% des émissions totales de CO2 de notre pays, et les lignes menacées de suppression représentent seulement 0,23% des émissions du transport aérien en France, soit 0,02% des émissions du secteur des transport ».

L’UAF et ACI Europe, qui craint une contagion du principe sur le Vieux continent, demandent donc à la Commission européenne de se prononcer sur le sujet « et, si elle le juge nécessaire, de faire évoluer le droit communautaire », conclut Thomas Juin dans La Tribune.

Trains ou vols intérieurs : UAF et ACI en appellent à l’Europe 1 Air Journal

©Aéroport Brest-Bretagne