Parmi les sanctions contre la Russie pour son invasion de l’Ukraine, le Conseil européen a décidé jeudi  d’interdire l’exportation vers ce pays des avions, pièces et équipements de l’industrie aéronautique et spatiale.

Le secteur aéronautique européen, qui a plusieurs partenariats avec la Russie, semble à ce stade affecté de façon marginale. “Nous nous conformerons à toutes les sanctions et à toutes les lois applicables dès qu’elles seront en vigueur“, a affirmé l’avionneur européen Airbus.

Quelque 340 avions commerciaux Airbus (et aussi 230 hélicoptères civils) sont actuellement en service en Russie, notamment au sein de la compagnie nationale Aeroflot et des compagnies S7, Rossiya ou Ural Airlines. Mais Airbus ne dispose dans son carnet que d’un nombre limité d’avions commandés par des compagnies russes: 14 gros-porteurs A350 pour Aeroflot. Il dispose également en Russie d’un centre d’ingénierie où travaillent 200 salariés locaux et produit en collaboration avec l’allemand Liebherr et un partenaire russe des éléments de trains d’atterrissage et de commandes de vol.

Le motoriste et équipementier Safran va également “appliquer toutes les décisions qui seront prises“, a déclaré son directeur général Olivier Andriès. Le groupe français emploie en Russie moins de 600 personnes, et le marché russe représente à peine 2% de son chiffre d’affaires. Ses activités concernent principalement la fourniture de moteurs, de trains d’atterrissage et de nacelles de réacteurs pour le monocouloir russe Sukhoï SuperJet 100, un appareil produit à une vingtaine d’exemplaires par an. Il produit également en Russie au sein de la coentreprise Volgaero des éléments de moteurs équipant les Boeing 737 et Airbus A320.

Thales, présent dans l’aéronautique civile, le numérique et le spatial, a lui aussi une activité marginale en Russie qui représente moins de 1% de son chiffre d’affaires, selon un porte-parole. Le groupe français fournit notamment des éléments de cockpit pour le SuperJet 100 et des cartes à puces.

Risque de pénurie de titane
Pour le secteur aéronautique, le principal “point d’attention” avec la Russie concerne l’approvisionnement en titane, selon le patron de Safran Olivier Andriès. Le conglomérat russe VSMPO-AVisma, premier producteur mondial, fournit à lui seul près de la moitié du titane, métal léger et résistant utilisé par le secteur pour les trains d’atterrissage d’avions long-courriers, certaines pièces de moteurs ou de structures de fuselage.

Safran a augmenté ses stocks de titane : “Nous avons suffisamment de stocks pour nous amener à l’automne mais nous allons accélérer les sources alternatives d’approvisionnement“, a indiqué Olivier Andriès, précisant qu’à ce stade, “VSMPO n’a pas arrêté de livrer“. “Les risques géopolitiques sont intégrés dans nos politiques d’approvisionnement en titane. Nous sommes donc protégés à court et moyen terme“, a expliqué de son côté Airbus.

Crise ukrainienne : quelles conséquences pour l'industrie aéronautique européenne ? 1 Air Journal

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