La Russie a interdit l’accès à son espace aérien aux compagnies aériennes de 36 pays dont la France, tandis que la Suisse annonçait son adhésion aux sanctions européennes face à la guerre en Ukraine dont la fermeture de son propre espace aérien aux avions russes.

Sans surprise, l’aviation civile russe a réagi le 28 février 2022 aux annonces de l’Union européenne et du Canada, le régulateur Rosaviatsia détaillant les 36 pays dont les avions sont désormais interdits de survol et de desserte des aéroports du pays. Albanie, Allemagne, Anguilla, Autriche, Belgique, Bulgarie, Canada, Chypre, Croatie, Danemark (+ Groenland, Îles Féroé, Mer Territoriale), Espagne, Estonie, Finlande, France, Gibraltar, Grande-Bretagne, Grèce, Hongrie, Îles Vierges britanniques, Irlande, Islande, Italie, Jersey, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République tchèque, Roumanie, Slovaquie, Slovénie et Suède sont affectés. Le Royaume-Uni était déjà soumis à l’interdiction depuis la semaine dernière.  

L’Agence fédérale russe du transport aérien a déclaré dans son communiqué : « Conformément aux normes du droit international, en réponse à l’interdiction des États européens d’exploiter des vols d’aéronefs civils exploités par des transporteurs aériens russes et / ou enregistrés en Russie, une restriction a été introduite sur l’exploitation de vols par les transporteurs aériens de 36 États ». Mais elle souligne que les vols depuis ces 36 pays pourront « dans des circonstances exceptionnelles, être autorisés s’ils obtiennent une autorisation spéciale de l’autorité aéronautique ou du ministère des affaires étrangères de la Russie ».

Parmi les pays « épargnés » figure au premier rang la Serbie, dont le président refuse de condamner l’invasion de la Russie : Air Serbia en particulier continue de voler tous les jours entre sa base à Belgrade-Nikola Tesla et l’aéroport de Moscou-Sheremetyevo, parfois en gros porteur « tant la demande est forte ». Aeroflot et Nordwind Airlines en revanche ont suspendu la desserte de la capitale serbe et de leurs autres destinations en ex-Yougoslavie, devant survoler des pays dont elles sont bannies (le dernier vol de la compagnie nationale est par exemple passé par la Grèce, la Turquie et le Kazakhstan, doublant à plus de 5 heures la durée du vol vers Moscou). Le Monténégro, la Macédoine du Nord et la Bosnie-Herzégovine ne sont également pas mentionnés dans la liste russe, n’ayant aucune ligne directe vers la Russie.

Espace aérien : la Russie se ferme à 36 pays, la Suisse à la Russie 1 Air Journal

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Pour la petite histoire, on retiendra l’épopée du vol SU111 d’Aeroflot parti dimanche de Miami en direction de Moscou. Son Airbus A350-900 (VQ-BFY) « a violé l’interdiction de l’espace aérien canadien », a accusé hier Transport Canada ; « nous lançons un examen de la conduite d’Aeroflot et du fournisseur indépendant de services de navigation aérienne, NAVCAN, qui a conduit à cette violation. Nous n’hésiterons pas à prendre les mesures d’exécution appropriées et d’autres mesures pour prévenir de futures violations ». Selon le Wall Street Journal, l’équipage aurait annoncé au contrôle aérien qu’il s’agissait d’un « vol humanitaire ». L’avion est arrivé avec plus d’une heure de retard, après avoir aussi survolé le Groenland ; Aeroflot a depuis suspendu tous ses vols vers l’Amérique du nord jusqu’au 2 mars au plus tôt : les aéroports de Cancun, Cuba, Los Angeles, Miami, New York, Punta Cana, Varadero et Washington sont concernés. 

La Suisse a de son côté annoncé lundi qu’elle va reprendre l’intégralité des sanctions économiques de l’Union européenne, y compris contre le président Vladimir Poutine. Le président de la Confédération helvétique Ignazio Cassis a déclaré qu’il s’agit « d’une mesure de grande ampleur » pour le pays traditionnellement neutre. Conséquence pour le transport aérien : la compagnie aérienne Swiss International Air Lines a annoncé la suspension « avec effet immédiat » de tous ses vols vers la Russie jusqu’à la fin mars, et l’arrêt du survol du pays jusqu’à plus ample informé. Depuis les aéroports de Genève et Zurich, ses vols vers Moscou-Domodedovo ont été annulés hier, tous comme ceux d’Aeroflot vers les deux villes.

Selon OAG, cette semaine aurait du voir 221 vols internationaux entre la Russie et l’Europe, avec un total de plus de 410.000 sièges mis en vente ; Aeroflot représentait 38% de parts de marché, suivie par Lufthansa et la low cost Wizz Air mais aussi Turkish Airlines et la low cost Pegasus. D’autres pays profitent de la fermeture des espaces aériens, en particulier le Kazakhstan qui a vu hier son trafic doubler avec plus de 450 vols selon le régulateur local cité par Reuters.

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