Les compagnies aériennes Air France-KLM, Delta Air Lines et Virgin Atlantic ont formalisé leur intérêt pour une prise de participation majoritaire dans l’italienne ITA Airways, les plaçant en concurrence avec le groupe Lufthansa allié pour l’occasion avec MSC. Et avec autre fonds d’investissement non identifié.

Selon le quotidien La Repubblica, les partenaires de coentreprise transatlantique ont déposé une lettre conjointe au ministère des finances italien, exprimant leur intérêt pour devenir actionnaire majoritaire de celle qui remplace la défunte Alitalia comme compagnie nationale depuis le 15 octobre dernier. Le groupe franco-néerlandais l’a confirmé à l’agence Agefi-Dow Jones : « Air France-KLM, Delta et Virgin Atlantic sont déterminées à forger des liens plus étroits avec la nouvelle Alitalia et à s’appuyer sur la réussite du partenariat commercial que les compagnies ont créé ». Elles ont précisé à Reuters qu’elles s’engagent « à travailler avec la nouvelle direction d’Alitalia pour approfondir leur coopération y compris en tant que membre associé potentiel de la coentreprise élargie des compagnies aériennes lancée en 2020 ».

Les trois se seraient alliées pour l’occasion avec un fonds d’investissement anonyme mais « actif dans le secteur du tourisme » (ce serait l’américain Certares, impliqué notamment dans Voyageurs du Monde), tous visant selon le quotidien à « consolider leurs relations avec les secteurs des croisières et des voyages de loisirs ».

Basée à l’aéroport de Rome-Fiumicino, ITA Airways est déjà membre de l’alliance SkyTeam, comme Air France, KLM et Delta, et partage ses codes avec ces trois compagnies aériennes ainsi qu’avec d’autres membres de l’alliance mais aussi TAP Air Portugal (Star Alliance), Qantas (Oneworld) ou Etihad Airways entre autres.

Cette nouvelle offre ressemble à celle déposée fin janvier par le groupe Lufthansa et le suisso-italien MSC, connu pour son activité de croisiériste et surtout de fret maritime ; la compagnie allemande a depuis précisé qu’elle ne souhaitait qu’une participation minoritaire en propre. 

Un autre candidat anonyme serait sur les rangs selon La Repubblica, un fonds d’investissement international qui a précédemment investi dans « les transporteurs à bas prix les plus importants du monde » (on pense bien sûr à Indigo Partners, déjà présent dans Wizz Air et Volaris).

En 2018 déjà, Delta et easyJet étaient opposés à Lufthansa dans une  tentative de rachat d’Alitalia, une tentative abandonnée pou cause de pandémie de Covid-19. La compagnie italienne avait été mise sous « administration extraordinaire » un an plus tôt en raison de sa situation financière, les actionnaires dont Etihad Airways ayant refusé de remettre la main à la poche pour la refinancer après le refus des salariés d’accepter un nouveau plan d’austérité. Et en juillet 2017, Air France-KLM avait  annoncé la création d’une coentreprise globale avec Delta Air Lines et Virgin Atlantic, promettant un siège d’associé à Alitalia si elle survivait – hors de Lufthansa bien sûr.

Rappelons que la « salle de données » d’ITA Airways n’est toujours pas ouverte, et que les conseillers qui devront étudier les candidatures ne sont toujours pas nommés. Le gouvernement italien entend conserver une part minoritaire, avec un droit de regard sur le développement d’ITA Airways afin de préserver les intérêts de l’État et s’assurer du développement des hubs et des marchés stratégiques et long-courriers, et bien sûr de l’emploi. Et quelque soit le résultat de la vente, il devra être autorisé par le gendarme de la concurrence européen.

Vente d’ITA Airways : Air France-KLM contre Lufthansa 1 Air Journal

©Air France-KLM