Avec un EBITDA positif à 221 millions d’euros, le groupe Air France-KLM termine le premier trimestre mieux que prévu notamment grâce à des ventes de billets d’avion « particulièrement dynamiques » en mars. Sa perte nette est divisée par trois, et ces résultats « prometteurs augurent d’un bel été ». Le besoin en nouveaux capitaux pourrait cependant atteindre 4 milliards d’euros.

Le groupe franco-néerlandais a vu au T1 2022 son chiffre d’affaires augmenter de 105,7% à 4,445 milliards d’euros, tandis que son résultat net est passé à -552 millions d’euros, soit une amélioration de 930 millions par rapport à la même période l’année dernière. Air France-KLM a enregistré un EBITDA positif de 221 millions  d’euros, en hausse de 864 millions d’euros à taux de change constant par rapport à l’année dernière, « grâce à l’augmentation des capacités et à la réduction des coûts unitaires. En parallèle, la hausse du coefficient d’occupation et du yield a généré une augmentation de la recette unitaire ». Le cash-flow libre d’exploitation ajusté est positif à 630 millions d’euros, en amélioration de 1974 millions d’euros par  rapport au premier trimestre de 2021. La dette nette de 7,7 milliards d’euros est en baisse de 0,6 milliards d’euros par rapport aux niveaux de fin 2021.

Le résultat d’exploitation des deux compagnies aériennes s’est « considérablement amélioré », souligne le communiqué : le groupe Air France, plus affecté par Omicron, affiche une perte d’exploitation de 363 millions d’euros (478 millions de mieux qu’il y a un an) et une marge à -13,5% (+49,2 pt), tandis que le groupe KLM dégage un bénéfice opérationnel de 3 millions d’euros (+340 millions), et une marge d’exploitation de 0,2% (+36,4 pt).

Air France-KLM fait mieux que prévu au T1 1 Air Journal

Selon le Directeur général du Groupe Benjamin Smith, cette performance « confirme que la reprise est là. Malgré un contexte difficile, avec l’effet du variant Omicron, la situation en Ukraine et la forte hausse des prix du carburant, le Groupe affiche une nouvelle fois un EBITDA positif et a engrangé un volume important de réservations pour les trimestres à venir ». Le dirigeant souligne que le mois de mars « a notamment été très encourageant avec une augmentation significative de la demande pour le trafic à motif affaires et premium, complétant la demande déjà forte pour le trafic de loisirs (tourisme) et les visites aux proches (VFR) sur l’ensemble de notre réseau mondial. Cela ouvre la voie à une saison estivale réussie pour toutes nos activités, que nous continuons à renforcer grâce à notre vaste plan de transformation ».

Le variant Omicron a eu un impact négatif sur le début du premier trimestre, affectant principalement les vols court et moyen courriers, tandis que le déclenchement de la guerre en Ukraine a entraîné une hausse des prix du carburant et un ralentissement des réservations sur une très courte période, rappelle Air France-KLM. Dans ce contexte, avec une reprise qui s’est accélérée en mars avec des réservations très dynamiques pour la saison estivale, le groupe prévoit une capacité en sièges-kilomètres offerts pour l’activité passagers du réseau Air France-KLM à un indice par rapport aux niveaux de 2019, avant la pandémie de Covid-19, « de l’ordre de » 80% à 85% au deuxième trimestre, puis 85% à 90% au troisième trimestre de 2022. Et les T2 et T3 devraient voir sa filiale low cost Transavia dépasser les 100%. Un environnement favorable au yield est attendu pour le reste de l’année 2022 avec une forte demande estivale entraînant des niveaux de rendement supérieurs à 2019. Le groupe vise désormais un résultat d’exploitation « à l’équilibre au deuxième trimestre, puis nettement positif au troisième trimestre ».

Au 31 mars 2022, le Groupe dispose d’un niveau de liquidités et de lignes de crédit « suffisant », à 10,8 milliards d’euros. Les investissements nets pour l’année 2022 sont estimés à environ 2,5 milliards d’euros, dont 80 % liés à la flotte et 20 % à l’informatique et aux activités au sol.

Renforcement des fonds propres

Grâce à la bonne performance de KLM, sa RCF garantie par l’Etat a été partiellement remboursée le 3 mai à hauteur de 311 millions d’euros. En outre, KLM prévoit de renforcer son bilan grâce à des résultats positifs. D’autres mesures de fonds propres sont envisagées au cours de l’année à venir. Des progrès ont été réalisés pour refinancer jusqu’à 500 millions d’euros d’actifs d’Air France, principalement par le biais d’instruments de quasi-fonds propres pour rembourser l’aide de l’Etat français. Air France est actuellement engagée dans des discussions avancées avec différents partenaires.

Le Groupe travaille sur des mesures de renforcement du capital telles qu’une augmentation de capital avec maintien du droit préférentiel de souscription pour les actionnaires, ainsi que l’émission d’instruments de quasi-fonds propres tels que des obligations perpétuelles simples et convertibles, afin de « restaurer davantage les fonds propres et d’accélérer le remboursement des aides d’État ». Au total, ces mesures, y compris le refinancement des actifs d’Air France, pourraient représenter jusqu’à 4,0 milliards d’euros. Le calendrier et le dimensionnement de chaque transaction « dépendront des conditions du marché et restent soumis à l’approbation de la Commission européenne ainsi qu’aux autorisations légales et réglementaires ».

Côté opérationnel, les deux compagnies de l’alliance SkyTeam ont transporté 11, 942 millions de passagers durant les trois premiers mois de l’année (+167,3% par rapport à 2021. La capacité en sièges-kilomètres offerts (SKO) était au T1 2022 supérieure de 56,5% à celle de l’année dernière. A 75% du niveau du premier trimestre 2019, elle se situait « au milieu de la fourchette des prévisions du Groupe ». Le trafic en PKT a bondi de 189,3%, entrainant une progression du coefficient d’occupation moyen de 33,9 points de pourcentage à 73,9%.

Le début du premier trimestre a été affecté par la propagation du variant Omicron et les restrictions supplémentaires sur les voyages, les liaisons court et moyen-courriers étant les plus touchées. La réouverture des frontières et la suppression progressive des contraintes de voyage ont permis au Groupe d’afficher de bons résultats en mars. Le résultat du premier trimestre est dû à une forte performance dans les zones Caraïbes et océan Indien, Afrique et Amérique du Sud :

  • Atlantique Nord : La plupart des restrictions de voyage ont été levées courant février/mars avec une forte augmentation de la capacité depuis mi-janvier.
  • L’Amérique du Sud a connu des tendances très positives au cours du premier trimestre, ce qui  s’est traduit par une augmentation des capacités, des coefficients de remplissage de 85 % et  un yield supérieur à 2019.
  • Les routes asiatiques ont continué d’afficher de performances contrastées en fonction des  régions. La Chine et le Japon sont plutôt resté fermés au cours du premier trimestre tandis que  l’Asie du Sud-Est et l’Inde ont affiché des résultats positifs, sans pour autant parvenir à limiter l’impact négatif de la Chine et du Japon sur le réseau.
  • Caraïbes et Océan Indien : La tendance positive s’est poursuivie au premier trimestre, avec un environnement tarifaire très favorable et un fort trafic.
  • L’Afrique : le début de l’année a été compliqué avec le variant Omicron. L’Afrique du Sud s’est rapidement redressée et le Groupe a observé une bonne performance sur l’Afrique de l’Ouest, Centrale et de l’Est.
  • La région du Moyen-Orient est restée forte.

Moyen-courrier : la propagation d’Omicron a conduit à une forte réduction de capacité en début d’année. Le yield est au niveau de 2019, aidé par les contraintes de capacité. Le trafic corporate a progressivement augmenté au cours du trimestre. Court-courrier : Le trafic et le yield ont été affectés par certaines restrictions et un manque de trafic corporate au début de l’année. Le mois de mars a vu une bonne amélioration du trafic corporate.

Air France-KLM fait mieux que prévu au T1 2 Air Journal

@Air France-KLM

Côté flottes, au cours du premier trimestre, trois Airbus A350-900, deux A220-300 et un Embraer 190 ont rejoint la flotte d’Air France. Dans le même temps la compagnie a progressivement sorti de sa flotte un Boeing 777-200ER, un Airbus A320, trois A319, deux A318 et deux Embraer 145. KLM a pour sa part intégré deux Embraer 195 E2 et a retiré un Embraer 190 de sa flotte. Le Groupe « continuera d’intégrer des appareils de nouvelle génération dans sa flotte afin d’améliorer ses performances économiques et environnementales ».

Transavia affiche au premier trimestre 2,581 millions de passagers, une capacité en hausse de 443,1% et un trafic à +632,6%, résultant en un coefficient d’occupation à 77,7% (+20,1 point par rapport au T1 2021). Son chiffre d’affaires total atteint 249 millions d’euros (+572,7%), avec une recette unitaire au SKO en hausse de 24% et une perte nette de 92 millions d’euros (en recul de 28 millions par rapport à 2021).

La tendance observée par Air France-KLM au second semestre 2021 s’est maintenue au premier trimestre 2022, avec une nouvelle reprise de la demande du trafic loisirs en Europe et en Afrique du Nord. Par rapport à l’année dernière, la capacité au premier trimestre a augmenté de 443,1% (proche des niveaux de 2019) tandis que le trafic a augmenté de 632,6% et le nombre de passagers de 633,2% (l’année dernière, le premier trimestre avait été fortement impacté par les mesures de confinement en France et aux Pays-Bas). Les recettes unitaires étaient même supérieures à celles du T1 2019, « principalement grâce à une forte amélioration du yield ». La flotte de Transavia en France et aux Pays-Bas s’approche des 100 appareils « pour mieux capter la forte demande du trafic loisirs en Europe ».

Air France-KLM fait mieux que prévu au T1 3 Air Journal

©Airbus

Cargo : comparée à celle du premier trimestre 2021, la capacité en tonnes-kilomètres disponibles a augmenté de 10,7%, en raison principalement de l’augmentation de la capacité en soute, tandis que le trafic a diminué de 14,9%, entraînant une baisse du coefficient d’occupation de 17,8 points à 59,4%. Cette baisse du coefficient d’occupation, partiellement compensée par l’augmentation du yield, a entraîné une baisse de la recette unitaire par tonne-kilomètre disponible de 6,1% à taux de change constant.

La capacité de fret au premier trimestre est encore inférieure de 14% à celle du premier trimestre 2019 alors que la demande reste élevée, ce qui se traduit par des recettes totales supérieures de 66% à celles du T1 2019. Cette hausse des revenus est « entièrement due à un yield plus élevé grâce à l’accent mis sur les livraisons pharmaceutiques et express », tandis que le coefficient de remplissage a retrouvé les niveaux de 2019. Le yield en Asie du Nord a augmenté de manière significative en raison de la fermeture de l’espace aérien russe. Le Groupe a commandé quatre Airbus A350F full freighter pour renforcer sa présence sur le marché du fret, et a signé un contrat avec DHL portant sur la fourniture de carburant d’aviation durable.

 

Air France-KLM fait mieux que prévu au T1 4 Air Journal

©Airbus