Des pilotes français de la compagnie aérienne low cost easyJet ont écrit au CEO Johan Lundgren pour dénoncer un « chaos sans précédent », des annulations de « vols viables » et des « effondrements opérationnels » – faute de les avoir écoutés.

Envoyée par la branche du syndicat SNPL représentant les pilotes de la spécialiste britannique du vol pas cher, la lettre publiée outre-Manche par inews a été motivée par le fait que la direction « n’a pas tenu compte des avertissements selon lesquels le transporteur ne pouvait pas faire face à la demande estivale croissante », et risque désormais de subir « un exode des clients après que des milliers de personnes se sont retrouvées bloquées par l’annulation de centaines de vols pendant la pause scolaire et les journées du Jubilé ». Des perturbations qui d’après le syndicat n’ont « pas encore atteint leur apogée », une « perspective effrayante ».

La lettre de quatre pages adressée au directeur général d’easyJet Johan Lundgren l’accuse d’avoir « dupé » les cadres supérieurs en leur faisant croire qu’ils pourraient offrir un horaire d’été avec « moins de pilotes, moins de personnel de cabine ou d’agents de planification des vols ». « Littéralement, des centaines d’employés en détresse ont rapporté à quel point nos opérations sont devenues chaotiques récemment, à des niveaux sans précédent… Nous sommes en fait convaincus que notre perturbation n’a pas même atteint un sommet et franchement, c’est une perspective effrayante ».

Le SNPL allègue que dans certains cas, les responsables du centre de contrôle intégré (ICC) d’easyJet dans sa base à l’aéroport de Londres-Luton, qui supervise les opérations de l’ensemble du réseau, ont « attendu jusqu’à la dernière minute pour annuler un vol de première vague tôt le matin alors qu’ils savaient la veille » que c’était nécessaire, aucun équipage n’étant disponible. Affirmant que l’ICC était trop sollicité pour surveiller les opérations en temps réel et qu’il était « en retard d’heures », la lettre ajoute : « Nous avons vu des annulations qui étaient évitables : équipage prêt à partir, avion en état de marche, passagers prêts, mais ICC[ n’a pas] l’image locale ».

EasyJet compte environ 550 pilotes basés en France, opérant à partir de bases à Paris, Lyon ou Toulouse, mais selon inews les mots du SNPL font écho à ceux employés par des navigants un peu partout en Europe. Avec des conséquences sur le moral du personnel déjà éprouvé par les immobilisations au sol durant la crise sanitaire. Dans une liste de demandes adressées aux gestionnaires, ils ont demandé qu’un soutien renforcé en santé mentale soit mis à disposition en raison « du stress et des perturbations » de ces dernières années.

Le CEO d’easyJet a déclaré viser un retour des capacités à des niveaux proches de ceux de 2019, mais le manque de personnel l’a déjà conduit par exemple à réduire le nombre de sièges dans de nombreux Airbus A319. La low cost continue d’opérer jusqu’à 1700 vols quotidiens sur son réseau, transportant quelque 250.000 personnes par jour.

EasyJet : des pilotes français pour le moins virulents 1 Air Journal

©Groupe ADP