Le syndicat de pilotes Alter a déposé un préavis de grève pour le samedi 25 juin 2022 chez les compagnies aérienne Air France et Transavia, pour dénoncer une « dérive de la sécurité des vols » en raison de la fatigue des équipages.

Un des trois syndicats représentatifs au sein de la compagnie nationale française et de sa filiale spécialisée dans le vol pas cher avec le SNPL et le SPAF, Alter a annoncé mercredi avoir « informé sous forme de préavis de grève » les directions de Transavia France et d’Air France d’un appel à la grève le 25 juin prochain, afin selon son communiqué que « des mesures d’urgence soient prises pour rééquilibrer la balance entre les profits souhaités et un niveau de sécurité des vols digne de nos deux compagnies ». Le syndicat déplore qu’à ce jour « aucune réponse ni proposition de discussion ne nous ont été adressées » ; « ce choix d’ignorer nos alertes et revendications, outre qu’il ne répond pas aux obligations légales de l’employeur, tranche avec la volonté de dialogue social de M. Smith [CEO du groupe Air France-KLM NDLR] et ses objectifs d’éviter tout conflit ».

La seule évidence qui ressort de ce mutisme est d’après Alter que la Direction « a parfaitement conscience des dérives en cours au niveau de la sécurité des vols, qu’elle croise les doigts tout en maintenant des objectifs de rentabilité irréalistes. L’équilibre historique entre rentabilité financière et sécurité des vols devrait être préservé en tout temps par une compagnie aérienne. Air France, mais surtout nos collègues et nos passagers, ont payé le prix fort en 2009 lorsque, sous prétexte de sortie de crise, cet équilibre a été rompu. Air France assume donc aujourd’hui, mais reportera toute responsabilité future en cas d’accident sur les opérateurs, parmi eux les pilotes ».

« Pouvons-nous rester inactifs et laisser ce déséquilibre s’accentuer ? La réponse sera donnée par chaque pilote le 25 juin prochain. La fatigue des équipages, ce n’est pas une variable à respecter selon des règles de rendement au risque de réduire les effectifs. La fatigue dont on parle, devient un danger, pour nous, comme pour vous, lorsque la rentabilité passe avant la raison. Lorsque ce qui devrait être normal transgresse les limites pour des questions d’objectifs à atteindre. Notre fatigue en tant que pilotes, Transavia, filiale low-cost d’Air France, ne veut pas en entendre parler. Elle sanctionne les pilotes fatigués qui renoncent à aller voler ».

La fatigue « est une réalité vécue et dénoncée par les pilotes. Au quotidien, le manque de moyens humains et matériels rencontré a un effet dévastateur dans le bon déroulement de nos vols. Et la dégradation est amplifiée par le recours quasi systématique à une sous-traitance sous dimensionnée et peu qualifiée… Nous, pilotes, au service des passagers, sommes contraints de palier les nombreux dysfonctionnements. Nous subissons une surcharge de travail, et perdons en sérénité. Et malgré notre professionnalisme et nos efforts au quotidien, la sécurité des vols est dégradée par des décisions financières qui font peser un risque sur des vies, et sur notre entreprise.

Alter conclut : « Nous, salariés d’Air France et Transavia, ne pouvons pas accepter le niveau actuel de sécurité des vols. Face au refus de débattre de nos demandes en matière d’amélioration de sécurité, notre direction générale ne nous laisse pas d’autres choix que d’appeler à la grève le 25 juin 2022, afin de forcer une réelle prise de conscience ».

Appel à la grève de pilotes Air France et Transavia 1 Air Journal

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