La compagnie aérienne Emirates Airlines a annoncé pour le mois prochain la suspension de tous ses vols entre Dubaï et le Nigeria, où 85 millions de dollars provenant de la vente locale de billets d’avions seraient bloqués.

Comme un écho aux problèmes d’Aigle Azur avec l’Algérie en 2015, la compagnie émiratie a annoncé la suspension à partir du 1er septembre 2022 de tous les vols entre sa base de Dubaï et les aéroports de Lagos et Abuja, qu’elle devait desservir le mois prochain deux et une fois par jour respectivement. Emirates explique dans un communiqué que malgré les efforts pour engager un dialogue avec les autorités compétentes afin d’aider à trouver « une solution viable » aux difficultés de rapatriement des fonds provenant de la vente des billets, il n’y a eu « aucun progrès vers une issue positive ». Elle a donc « pris la décision difficile de suspendre tous les vols à destination et en provenance du Nigeria, afin de limiter les pertes supplémentaires et l’impact sur nos coûts opérationnels qui continuent de s’accumuler sur le marché ».

« Nous regrettons sincèrement les désagréments causés à nos clients ; cependant, les circonstances échappent à notre contrôle sur cet enjeu », souligne la compagnie aérienne ;  « en cas d’évolution positive dans les prochains jours concernant les sommes bloquées au Nigeria, nous réévaluerons bien sûr notre décision ».

Emirates avait déjà le mois dernier déclaré au ministre nigérian de l’aviation Hadi Sitika qu’elle perdait « 10 millions de dollars chaque mois » en coûts opérationnels en opérant vers et depuis le pays. Depuis lundi, elle a réduit ses fréquences vers les deux aéroports du pays. « Dans le passé, le Nigeria a démontré sa capacité, sa volonté et son équité pour résoudre ce type de problème », a déclaré le ministre à CNN hier. « C’est arrivé lorsque nous avons pris le pouvoir en 2015 : il y avait beaucoup de fonds bloqués, environ 600 millions de dollars à l’époque. moment où le pays était en récession et que les revenus du pays diminuaient, mais nous avons honoré notre obligation de verser tous ces fonds bloqués ».

Dans son briefing de juin dernier, l’IATA dénonçait ce blocage de fonds comme l’un des principaux obstacles à la reprise du trafic aérien en Afrique : le Nigeria retenait selon l’association 450 millions de dollars, le Zimbabwe 100 millions, l’Algérie 96 millions, l’Erythrée 79 millions et l’Ethiopie 75 millions. Soit environ 1 milliard de dollars bloqués dans douze pays africains, ce qui représentait alors 67% du problème à l’échelle mondiale (20 pays concernés).

 

Fonds bloqués : Emirates suspend ses vols vers le Nigéria 1 Air Journal

Lagos ©Kenneth Iwelumo