Le marché aérien d’Asie-Pacifique et du Moyen-Orient connaît une reprise soutenue après le choc du Covid-19. Selon les dernières données publiées par Airports Council International (ACI) Asia-Pacific and Middle East, le trafic passagers combiné des deux régions devrait plus que tripler d’ici 2040, pour atteindre 11,7  milliards de voyageurs par an contre 3,8  milliards enregistrés en 2023.

Cette croissance contraste avec la moyenne mondiale, estimée à environ 3,3 % par an sur la même période. Dans le détail, l’Asie-Pacifique progresserait à un rythme annuel moyen de 4,7 %, pour passer de 3,4 à 10,4 milliards de passagers, tandis que le Moyen-Orient devrait enregistrer 4,3 % de croissance annuelle, soit une augmentation de 429  millions à 1,3  milliard de passagers. « Ces chiffres confirment que nos régions demeurent les moteurs de la relance et de la croissance mondiale du transport aérien », a déclaré Stefano Baronci, directeur général d’ACI Asia-Pacific and Middle East.

L’Asie en tête du rebond mondial

En 2023, la région Asie-Pacifique représentait déjà 37 % du trafic mondial, une part appelée à dépasser 40 % avant 2035, d’après les projections d’ACI. L’Inde et l’Indonésie sont identifiées comme les marchés les plus prometteurs, avec des taux de croissance supérieurs à 6 %. La Chine, redevenue le premier marché domestique mondial, poursuit également son expansion avec plus de 620 millions de passagers intérieurs transportés en 2024, selon les données de la CAAC (Civil Aviation Administration of China).

Dans cette région, les grands hubs comme Pékin-Daxing, Singapour-Changi, Séoul-Incheon ou Tokyo-Haneda investissent massivement pour accroître leurs capacités. Le nouvel aéroport de Manille (New Manila International Airport), prévu pour 2027, visera 100 millions de passagers par an, tandis qu’Indira Gandhi International Airport (Delhi) prévoit de dépasser 120 millions d’ici 2030, devenant ainsi le plus important du continent.

Le Golfe, locomotive du trafic intercontinental

Le Moyen-Orient, point névralgique du trafic entre l’Europe, l’Asie et l’Afrique, renforce son rôle stratégique. Dubai International Airport (DXB), qui a accueilli 86,9 millions de passagers en 2024, devrait atteindre les 93 millions en 2025, dépassant son record de 2019 selon Dubai Airports.

À Riyad, la construction du King Salman International Airport, pilotée par la Riyadh Air Holding Company, vise une capacité initiale de 120 millions de passagers à l’horizon 2030 et 185 millions d’ici 2050, confirmant les ambitions du Royaume dans le cadre de son plan Vision 2030. Quant à Doha-Hamad International, il a franchi le cap des 45 millions de voyageurs en 2024, boosté par la croissance continue de Qatar Airways. « Nos aéroports sont désormais des plates-formes interconnectées qui soutiennent la mobilité internationale, le tourisme et le commerce à une échelle sans précédent », souligne ACI.

Les compagnies aériennes repartent à la conquête des marchés

Les transporteurs régionaux jouent un rôle clé dans cette reprise. EmiratesQatar Airways et Etihad Airways consolident leur statut de compagnies réseau mondiales, tandis que Saudi Riyadh Air prépare son lancement opérationnel avec une flotte de plusieurs Boeing 787‑9 Dreamliner.

En Asie, les majors comme Singapore Airlines, Cathay Pacific, ANA, Japan Airlines ou IndiGo augmentent leurs capacités sur les routes long-courriers. Les low-cost — AirAsia, Scoot, VietJet, Peach Aviation — soutiennent également l’explosion du trafic régional. La compagnie indienne IndiGo, leader domestique du continent, a transporté plus de 100 millions de passagers en 2024 et continue d’étendre sa flotte d’Airbus A320neo et A321XLR, dans une logique d’expansion internationale.

Un défi de capacité et de durabilité

Cette croissance rapide pose cependant de nouveaux défis. L’ACI estime à 2 000 milliards de dollars US les besoins d’investissement pour développer les infrastructures aéroportuaires en Asie et au Moyen-Orient d’ici 2040. La modernisation des terminaux, l’automatisation du traitement passagers, et la transition énergétique sont au cœur des priorités.

La plupart des grands hubs — Dubaï, Singapour, Abu Dhabi, Delhi — s’engagent à atteindre la neutralité carbone avant 2050, notamment via des innovations dans l’efficacité énergétique, l’alimentation électrique durable et les carburants d’aviation durables (SAF). « Nous devons concilier performance économique et engagements environnementaux », rappelle Stefano Baronci. « Les aéroports asiatiques et moyen-orientaux investissent pour croître durablement et garantir la connectivité mondiale des décennies à venir. » L’ACI prévoit qu’en 2040, plus d’un passager sur deux dans le monde transitera par un aéroport d’Asie ou du Moyen-Orient — un basculement historique. Ces régions prendront ainsi la tête du trafic mondial devant l’Europe et l’Amérique du Nord, marquant le centre de gravité d’un secteur aérien désormais orienté vers l’Est.

Les aéroports d’Asie-Pacifique et du Moyen-Orient s’attendent à une envolée du trafic passagers 1 Air Journal

©Changi Airport