Le récent scandale de corruption au Parlement européen a remis sur le devant de la scène l’accord aérien entre l’Union européenne et le Qatar, contesté par les compagnies aériennes et les syndicats du Vieux Continent comme par les Américains avant eux.

« Presque finalisé » en mars 2019, puis signé en juin 2021 avec application immédiate, l’accord aérien donne à toutes les compagnies aériennes de chaque camp, et donc à Qatar Airways, un accès sans restriction à tous les aéroports de leurs territoires respectifs. Sur le fondement d’un mandat confié par les États membres et « visant en particulier à s’assurer de la mise en œuvre d’une concurrence équitable entre les transporteurs européens et la compagnie nationale du Qatar », rappelle la FNAM (Fédération Nationale de l’Aviation et de ses Métiers), cet accord avait été retardé « sur le plan institutionnel en raison notamment des problématiques liées au Brexit et à la situation particulière de Gibraltar ».

La Fédération ainsi qu’un certain nombre de transporteurs européens et d’organisations syndicales (on se souvient en particulier de l’opposition des syndicats français), ont régulièrement alerté sur le fait que les dispositions du projet d’accord non signé en 2019 « se devaient d’être revues à l’aune des changements majeurs de circonstances intervenus », et ce afin de tenir compte de l’état du secteur aérien après la pandémie de Covid-19, des « nouvelles ambitions environnementales » affichées par l’UE et surtout de « l’absence totale d’information sur les subventions versées au profit de Qatar Airways ».

« Compte tenu des informations récentes relatives à des soupçons de corruption impliquant le Qatar », la FNAM considère qu’il appartient de manière urgente aux institutions européennes de vérifier dans quelles conditions le processus de signature de l’accord a été conduit en 2021, alors que de nombreuses voix s’élevaient dans le secteur aérien pour demander une adaptation de l’accord aux nouvelles réalités du secteur. Elle souligne que l’accord avec le Qatar « ne s’applique aujourd’hui qu’à titre provisoire et reste soumis à une approbation par le Parlement européen et à un processus de ratification dans les États membres »,  qui se devront de prendre en compte « les circonstances entourant la négociation mais également les ambitions limitées du texte sur les aspects notamment environnementaux et sociaux ».

En tout état de cause, l’accord se doit en attendant d’être appliqué « sans complaisance aucune s’agissant en particulier des clauses relatives à la nécessaire équité des conditions de concurrence et en toute transparence quant aux subventions massives versées par le Qatar à sa compagnie nationale », conclut la FNAM. Qui réclame « plus de transparence » sur l’accord Union européenne – Qatar dans le transport aérien, « compte tenu des informations récentes relatives à des soupçons de corruption au parlement européen ». Un argument qui sera difficile à faire entendre quand les transporteurs européens viennent justement de percevoir des aides massives de la part de leurs propres Etats… 

La FNAM, l’accord aérien UE – Qatar et la corruption 1 Air Journal

©Qatar Airways