Les services secrets ukrainiens ont annoncé que l’Antonov An-225 « Mirya » aurait pu être sauvé de la destruction si le CEO de l’avionneur avait décidé plus tôt de l’évacuer vers un aéroport sûr.

L’enquête conjointe menée par le SBU et la Police nationale (NPU) a conclu le 5 avril 2023 que l’An-225 était « en bon état technique, ce qui lui permettait de voler en dehors de l’Ukraine » Mais le CEO d’Antonov de l’époque Serhiy Bychkov n’a « pas donné l’instruction appropriée de l’évacuer », en plus de ne pas avoir assuré « la prolongation en temps voulu du contrat d’assurance de l’avion ». Il avait été arrêté début mars, en même temps que son chef du service de sécurité. « Ceux qui ont de facto aidé l’ennemi à détruire un des symboles de l’Ukraine doivent subir une punition méritée », déclarait alors le chef du SBU Vassyl Maliouk. Selon le SBU, les anciens responsables avaient aussi « interdit aux militaires ukrainiens de construire des fortifications » à l’aéroport d’Hostomel-Antonov près de Kiev en janvier et février 2022, devenu ensuite théâtre de combats acharnés ; « ces actes criminels ont entraîné l’envahissement provisoire de cet aérodrome stratégique et de localités voisines et la destruction de l’avion Mriya ».

 

« Sur la base des preuves recueillies », l’ancien CEO de l’entreprise s’est donc vu signifier « un avis de soupçon au titre de l’article 367.2 du CCU » (faute lourde ayant entraîné des conséquences graves), ajoutent les services secrets, des « mesures globales » étant en cours pour établir toutes les circonstances du crime et « traduire les personnes impliquées en justice ». Au total, le SBU a estimé que l’État ukrainien a perdu quelque 228,4 millions de dollars en raison de la destruction de l’An-225 Mriya.

L’An-225, le plus gros avion du monde reconnaissable entre tous avec ses six réacteurs, avait été entièrement détruit dans l’incendie de son hangar à l’aéroport d’Hostomel-Antonov près de Kiev, dans la nuit du 24 au 25 février 2022, après un bombardement dans le cadre de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Construit en 1988 comme dérivé de l’An124, dans ce qui était alors l’Union soviétique, l’An225 pouvait emporter jusqu’à 250 tonnes sur 4000 km dans sa soute pressurisée de 43,35 mètres de long, 6,24 de large et 4,4 mètres de haut (environ 1300 m3). L’An225 nécessitait une piste de 3500 mètres pour décoller à pleine charge, marge de sécurité incluse, contre 3200 pour l’Airbus A380.

Un seul exemplaire de l’An225 a été construit, qui a été abondamment été utilisé récemment, notamment pour le transport de fournitures médicales lors de la pandémie de Covid-19. Antonov s’est depuis basé à Leipzig en Allemagne, et a confirmé en novembre dernier avoir commencé à travailler sur un deuxième An-225, estimant que 30% des pièces de l’avion désormais détruit pourraient être réutilisées. L’emplacement de la cellule du deuxième appareil, abîmé durant le bombardement, est gardé secret. Il aurait dû décoller en 2008 selon les plans initiaux d’Antonov, qui avait ensuite renoncé faute d’argent ; une estimation initiale de l’avionneur parle de 500 millions d’euros pour construire le deuxième « rêve ».

Avec des si, on mettrait l’Antonov An-225 dans une bouteille 1 Air Journal

©Antonov