Les compagnies aériennes Air Austral, Corsair, et le couple Air Caraïbes/French bee peuvent-elles s’unir pour contrer Air France vers les Outre-mer ? Le président de la FNAM y est favorable au nom de la « taille critique » des trois premières, même si la diminution de la concurrence n’a jamais fait baisser les prix des billets d’avions, particulièrement élevés ces derniers mois.

Interrogé par Le Monde, Pascal de Izaguirre, directeur général de Corsair et président de la Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (FNAM) estime que la création d’une « super-compagnie » qui rapprocherait les trois transporteurs spécialisés dans la desserte des Outre-mer serait la solution « aux problèmes de taille critique. Cela créerait des synergies et des économies d’échelle ».

Toutes les compagnies aérienne françaises ont profité des mannes de l’Etat pour passer la crise liée à la pandémie de la Covid-19. Mais aujourd’hui, en écho à de nombreuses tentatives par le passé, « la consolidation est en marche. Elle est inévitable », explique Pascal de Izaguirre pour défendre le projet d’une « Air Outre-mer ». Rejoignant d’ailleurs le CEO du groupe Air France-KLM Ben Smith, qui expliquait en février que ce marché « est vraiment un marché sur lequel il devrait y avoir une [supercompagnie]. Avoir quatre sociétés sur un seul réseau, des sociétés qui sont assez petites, ce n’est pas le plus optimal pour nous, ni pour les passagers. Existe-t-il une option qui pourrait être intéressante pour nous et les autres opérateurs ? C’est quelque chose qu’on étudie »

Le projet a le soutien de principe du ministre délégué aux Outre-mer, Jean-François Carenco. Selon le Monde, un fonds d’investissement « travaillerait à la fondation d’une société, dont il détiendrait la majorité du capital, et qui regrouperait Air Caraïbes, Corsair et Air Austral », chacune détenant une participation à la mesure de leur taille. Air Caraïbes et French Bee pourraient les rejoindre, non pas en raison de difficultés financières « mais par manque d’intérêt des héritiers du groupe Dubreuil pour le secteur ». La plus mal en point financièrement, Corsair, travaille toujours à la constitution d’un tour de table et « négocie avec l’Etat pour la réduction de sa dette de 80 millions d’euros » (alors qu’Air Austral a été reprise par des investisseurs locaux et a vu 185 de ses 250 millions d’euros de dette être effacés).

Outre ces problèmes de financement, un autre obstacle se dresse de toute façon sur la route de cette supercompagnie : les dirigeants des compagnies aériennes concernées, qui devront mettre leurs égos en sourdine et accepter de travailler avec voire sous le contrôle de leurs rivales actuelles. Et une tentative de mariage l’année dernière entre Air Austral et Corsair a déjà échoué…

Rappelons que selon l’indice de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), les prix des billets d’avion au départ des départements d’Outre-mer ont grimpé encore en mars 2023 en moyenne de 36,2% sur une année glissante, contre 23,6% toutes destinations confondues au départ de l’Hexagone ; la Martinique et la Guadeloupe affichent les hausses les plus fortes (respectivement +57,5% et +56,0%). Un contexte qui a poussé les associations d’Ultra-marins et les compagnies aériennes Corsair et Air Caraïbes/French Bee à demander aux collectivités territoriales et à l’Etat de relancer les dispositifs d’Aide à la Continuité Territoriale (ACT), comme pour la Corse.

Outre-mer : vers une consolidation et donc une baisse de la concurrence ? 1 Air Journal

©AJ/Air Austral/Airbus