A l’aéroport Bordeaux-Mérignac, le 31 décembre 2022, un Airbus A320 d’easyJet avec 179 passagers avait reçu l’autorisation d’atterrir alors qu’un avion de tourisme DR400 se trouvait toujours au seuil de la piste. Le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) vient de publier son rapport sur cet incident, mettant en cause l’organisation du temps de travail des contrôleurs aériens.

Ce jour-là, seuls trois contrôleurs aériens dont le chef de tour étaient en service, au lieu de six, souligne le BEA. Le contrôleur aérien chargé de la gestion de plusieurs vols a autorisé tardivement l’A320 à atterrir, oubliant la présence du DR400 au seuil de la piste 23. Le pilote du DR400 ayant compris que l’A320 était autorisé à atterrir alors qu’il était toujours au seuil, s’est signalé au contrôleur, qui a immédiatement ordonné à l’A320 d’interrompre l’approche. Les deux appareils étaient alors à une distance de 290 mètres. Un « incident grave » qui a failli causé une catastrophe, selon le BEA.

Pour les enquêteurs du BEA, un nombre insuffisant de contrôleurs présents sur leur lieu de travail (et par conséquent un armement insuffisant des positions de contrôle) est à l’origine de cet « incident grave ». Et pour cause, « cette situation a été rendue possible en raison de la latitude implicitement laissée aux chefs de tour de gérer les effectifs sans respecter le tableau de service, et sans moyen de vérification extérieure de cette gestion par l’encadrement ».

« Un consensus social, ancré depuis de nombreuses années à la Direction des services de la Navigation aérienne (DSNA), laisse perdurer une situation dans laquelle les équipes de contrôleurs organisent, en dehors de tout cadre légal, un niveau d’effectif présent généralement inférieur à l’effectif théoriquement déterminé comme nécessaire. Cette situation, hors du cadre légal, mais connue et tolérée implicitement, est de nature à interdire toute collecte officielle d’informations qui conduirait à identifier ces écarts y compris dans le cadre de l’analyse d’événements de sécurité », expliquent sans détour les enquêteurs.

Dans ses recommandations, le BEA recommande de mieux contrôler le temps de travail effectif des contrôleurs aériens, afin de lutter contre l’absentéisme. Selon Le Figaro, à la suite du rapport du BEA, le ministre chargé des Transports, Clément Beaume, a demandé à Damien Cazé, le directeur général de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), de mettre en place avec la DSNA « un plan d’actions assorti d’un calendrier ambitieux visant à mettre en œuvre la recommandation du BEA ». Dossier à suivre donc…

Le rapport complet sur cet « incident grave » est disponible sur le site du BEA.

Bordeaux-Mérignac : « incident grave » entre deux avions en raison de l'absentéisme des contrôleurs aériens 1 Air Journal

©Aéroport de Bordeaux-Merignac