L’accord, conclu il y a moins de deux ans et effectif depuis avril 2023, entre deux géants (de la logistique et du transport aérien), se termine plus vite que prévu. L’armateur reste pour l’instant actionnaire du groupe aérien, ont annoncé mardi les deux entreprises.

 « Un environnement réglementaire contraint sur certains marchés importants n’a pas permis à la coopération de fonctionner de manière optimale », expliquent les deux compagnies dans un communiqué commun. Cette décision conduira Air France-KLM et CMA CGM à opérer de manière indépendante à compter du 31 mars prochain. Des discussions sont en cours pour définir les « nouveaux termes et conditions d’une relation commerciale dans laquelle chaque groupe va opérer de manière indépendante ».

 Le groupe aérien Air France-KLM et le géant de la logistique CMA CGM avaient annoncé un partenariat stratégique, prévu initialement pour durer dix ans, dans le secteur du fret aérien, avec mise en commun des réseaux et capacités cargo via une flotte conjointe allant jusqu’à 12 avions cargo.  CMA CGM qui avait investi jusqu’à 9% du capital du groupe franco-néerlandais, devrait les conserver jusqu’au 28 février 2025, mais devra quitter le Conseil d’administration d’Air France-KLM le 31 mars 2024 puisque les deux compagnies deviennent concurrentes. CMA CGM est le troisième actionnaire d’Air France-KLM, derrière l’Etat français (28,6 %) et l’Etat néerlandais (9,3 %), devant China Eastern Airlines (4,7 %) et l’américain Delta Air Lines (2,9 %).

Les deux groupes se disent malgré tout « déterminés à travailler en collaboration, afin que les clients du cargo puissent continuer à bénéficier de leurs réseaux respectifs ».

C’est un différend entre le gouvernement néerlandais et les autorités américaines, dans un contexte de fortes tensions commerciales entre l’Europe et les Etats-Unis, qui a entraîné le divorce à l’amiable, explique une source proche du dossier dans Le Monde. Pour des motifs antitrust, les avions de CMA CGM Air Cargo n’étaient pas autorisés à desservir les Etats-Unis en provenance d’Amsterdam-Schiphol, troisième plate-forme aéroportuaire européenne, puisque son partenaire était déjà associé à Virgin Atlantic et Delta Air Lines, un consortium pesant très lourd sur le fret aérien outre-Atlantique. Cet obstacle privait CMA CGM de débouchés sur un marché stratégique où il s’est renforcé depuis deux ans en achetant des terminaux dans les ports de Los Angeles-Long Beach et New York-New Jersey.

 CMA CGM Air Cargo disposait de 6 appareils tout cargo, basés initialement à l’aéroport Paris-CDG, dont quatre Airbus A330-200F rachetés à Qatar Airways et deux Boeing 777F (avec des commandes en cours pour 6 appareils supplémentaires, quatre A350F et deux 777F) . Le groupe franco-néerlandais dispose de son côté de six avions tout-cargo basés dans les aéroports de Paris-CDG (deux 777F) et Amsterdam-Schiphol (quatre 747-400 BCF et ERF opérés par Martinair), en attendant les quatre A350F commandés fermes avec des droits d’achat pour quatre autres pour Martinair. Ce partenariat commercial portait également sur les capacités en soute des deux compagnies de l’alliance SkyTeam, grâce aux avions assurant le transport de passagers et incluant plus de 160 appareils long-courriers.

Fret : Air France–KLM et CMA CGM arrêtent prématurément leur partenariat 1 Air Journal

©Konstantin von Wedelstaedt