Le bureau du FBI de Seattle a alerté les passagers du vol 1282 d’Alaska Airlines que chacun pourrait être une « victime possible d’un crime » après une décompression explosive due à l’arrachage d’un panneau du fuselage d’un Boeing 737 MAX 9 le 5 janvier dernier.

L’agence a envoyé mardi une lettre aux passagers, confirmant que le FBI – la principale branche d’enquête du ministère américain de la Justice – a ouvert une enquête criminelle à la suite de l’accident du 5 janvier. Lors de ce vol, un morceau du fuselage d’un Boeing 737 MAX 9 s’est détaché alors que l’avion quittait Portland. Les enquêteurs fédéraux du NTSB affirment que quatre boulons destinés à fixer la pièce du fuselage, un panneau recouvrant un trou pour une sortie de secours facultative dans une configuration spécifique, n’ont pas été installés lorsque l’avion est sorti de l’usine d’assemblage de Boeing à Renton à la fin de l’année dernière. Le Congrès et les régulateurs fédéraux ont intensifié leur surveillance de Boeing dans les mois qui ont suivi l’explosion, ce qui a précipité l’ouverture d’une enquête criminelle.

La lettre envoyée par un spécialiste de l’aide aux victimes du bureau du FBI à Seattle a été partagée avec le Seattle Times par un passager, ainsi que par un avocat représentant plusieurs passagers à bord. « En tant que spécialiste des victimes de la division de Seattle, je vous contacte parce que nous vous avons identifié comme une victime possible d’un crime », lit-on dans la lettre envoyée aux passagers du vol Alaska AS-1282. « Cette affaire fait actuellement l’objet d’une enquête du FBI », poursuit-il. « Une enquête criminelle peut être une entreprise longue et, pour plusieurs raisons, nous ne pouvons pas vous parler de son déroulement pour le moment. »

Plus tôt ce mois-ci, il a été rapporté que le ministère de la Justice avait ouvert une enquête criminelle contre Boeing et qu’il avait interrogé plusieurs témoins dans le cadre de l’enquête, notamment le pilote et l’équipage du vol d’Alaska Airlines. Le département aurait également envoyé des assignations à comparaître et fait appel à un grand jury récemment convoqué à Seattle.

Mark Lindquist, l’un des avocats des passagers du vol 1282, a déclaré que le FBI n’avait pas encore demandé d’informations supplémentaires à ses clients, mais il s’attend à ce que la lettre soit un signe que l’agence demandera à interroger les personnes à bord. La lettre était « encourageante » pour certains clients, a-t-il déclaré, car « elle confirme leur sentiment qu’il s’agissait d’un événement grave qui n’aurait pas dû se produire ». Le FBI s’attendait à ce qu’il y ait un « grand nombre de victimes potentielles dans cette affaire » et a créé une adresse e-mail pour que « AlaskaFlightVictims » puisse contacter l’agence. La lettre demandait aux individus de créer un profil via le système de notification des victimes du ministère pour recevoir des mises à jour sur l’état de l’affaire.

Le ministère de la Justice aux Etats-Unis (DoJ) enquête pour savoir si des facteurs ayant contribué à l’incident du 5 janvier ont violé les termes d’un accord antérieur avec Boeing visant à résoudre toute responsabilité pénale pour les deux accidents impliquant des avions 737 MAX, selon une personne proche de l’enquête. Boeing avait conclu cet accord avec le ministère de la Justice américaine en 2021 suite à la dissimulation par ses employés d’un défaut de sécurité critique impliqué dans des accidents qui ont tué 346 personnes en Éthiopie et en Indonésie. Boeing a accepté de payer plus de 2,5 milliards de dollars d’amendes et a admis que deux de ses pilotes techniques avaient trompé les régulateurs fédéraux de la sécurité au sujet d’un système logiciel imputé aux accidents.

Dans le cadre de l’accord, Boeing éviterait les poursuites pénales s’il remplissait d’autres conditions pendant une période de trois ans, notamment en signalant rapidement toute preuve que ses employés ou agents avaient commis une fraude contre des agences gouvernementales, des régulateurs ou ses clients. La société a également accepté de renforcer son programme de conformité et d’améliorer les exigences en matière de reporting du programme de conformité. Boeing était à deux jours de l’expiration de l’accord lorsque l’incident du 5 janvier s’est produit.

Boeing fait déjà l’objet de multiples enquêtes à la suite de l’arrachage d’un « bouchon de porte », lors du vol AS1282 d’Alaska Airlines le 5 janvier dernier. La FAA a non seulement renforcé la surveillance de ses processus de fabrication et de contrôle qualité, mais a pris la mesure inhabituelle de limiter la cadence de production de Boeing jusqu’à ce que le constructeur aéronautique lance un plan d’action conséquent démontrant avoir résolu ses problèmes qualité.

Le FBI écrit aux passagers du vol 1282 d'Alaska Airlines qu’ils pourraient être les victimes d'un crime 1 Air Journal

©Alaska Airlines