La Commission européenne (CE) a exprimé ses inquiétudes concernant le projet d’acquisition d’Air Europa par International le groupe IAG (British Airways, Iberia…), car il pourrait conduire à une réduction de la concurrence sur le marché espagnol des services de transport aérien de passagers.

L’acquisition de la compagnie espagnole pourrait avoir un impact sur les routes intérieures et court-courriers qui relient l’Espagne à l’Europe et au Moyen-Orient. Cela peut entraîner des prix plus élevés ou une qualité de service réduite. En outre, cela pourrait éliminer la concurrence sur les liaisons long-courriers reliant l’Espagne à l’Amérique du Nord et du Sud, ce qui pourrait également entraîner une augmentation des prix ou une diminution de la qualité du service.

La Commission a publié une communication des griefs le 24 janvier 2024, ouvrant une enquête approfondie sur l’impact potentiel de l’acquisition sur les services de transport aérien de passagers. L’enquête prendra en compte les points de vue de diverses parties prenantes, notamment les compagnies aériennes concurrentes, les aéroports et les groupes de consommateurs. Les principales préoccupations soulignées par la Commission incluent la possibilité d’une concurrence réduite sur les routes intérieures espagnoles, les routes court-courriers reliant l’Espagne aux pays européens et au Moyen-Orient, ainsi que les routes long-courriers, en particulier vers l’Amérique du Nord et du Sud

Pour rappel, IAG est un consortium de compagnies aériennes qui comprend trois compagnies aériennes espagnoles : Vueling, LEVEL et Iberia. Air Europa, basée en Espagne, fait partie de l’alliance SkyTeam et fonctionne comme la division aérienne de Globalia, un groupe touristique espagnol.

Concernant la concurrence nationale, la CE a noté « les liaisons entre l’Espagne péninsulaire et les îles Baléares et Canaries » et celles pour lesquelles il n’existait pas d’alternative au train à grande vitesse. Il a été particulièrement mentionné que sur un certain nombre de liaisons, il n’y aurait plus de concurrence une fois qu’Air Europa ferait partie du consortium IAG.

Les préoccupations concernant le court-courrier ont fait état d’un monopole potentiel pour IAG sur certaines liaisons, avec une concurrence limitée sur d’autres, assurée principalement par des transporteurs à bas prix. British Airways (BA) et Aer Lingus sont également membres de la famille IAG et opèrent sur des liaisons à destination et en provenance de l’Espagne.

La Commission a noté la présence des compagnies aériennes partenaires d’IAG sur les liaisons long-courriers entre l’Espagne et l’Amérique du Nord et du Sud, ce qui aggrave encore les problèmes de concurrence. British Airways et Iberia sont membres de l’alliance stratégique mondiale Oneworld dont American Airlines est le principal partenaire nord-américain. Les préoccupations de la CE concernaient les parts de marché élevées que détiennent actuellement les compagnies aériennes IAG et leurs partenaires et la concurrence limitée sur d’autres liaisons. « La Commission craint qu’en l’absence de mesures correctives appropriées, le retrait d’Air Europa en tant que compagnie aérienne indépendante puisse avoir des effets négatifs sur la concurrence sur ces marchés déjà concentrés », explique la CE.

Reuters a rapporté que Luis Gallego, PDG d’IAG, aurait déclaré que le consortium était prêt à renoncer à 40 % des vols d’Air Europa en 2023 pour atténuer les problèmes de concurrence. L’agence de presse cite Gallego ajoutant : « De même, nous nous engageons à garantir qu’aucune route ne soit exploitée exclusivement par Iberia et Air Europa. Nous restons déterminés à finaliser cette transaction le plus rapidement possible en 2024. »

IAG a la possibilité de répondre aux objections de la Commission, d’examiner le dossier et de demander une audience orale. La multinationale peut également proposer des solutions pour répondre aux préoccupations de la Commission jusqu’à la date limite du 10 juin 2024.

La décision finale de la Commission concernant l’acquisition est attendue d’ici le 15 juillet 2024. Alors que la plupart des fusions sont généralement autorisées après un examen de routine, celles qui soulèvent des problèmes de concurrence font l’objet d’un examen approfondi afin de garantir qu’elles n’entravent pas une concurrence efficace dans l’Espace économique européen.

La Commission européenne s’inquiète du rachat d’Air Europa par IAG 1 Air Journal

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