Le syndicat des pilotes de ligne (SNPL) d’Air Austral a annoncé avoir concédé une baisse de leurs salaires pour sauver leurs emplois dans le cadre du plan de redressement de la compagnie réunionnaise en difficultés. La grève, qui devait commencer aujourd’hui est évitée in extremis.
« La section Air Austral du Syndicat National des Pilotes de Ligne (SNPL Air Austral), très inquiet pour l’avenir de la Compagnie Air Austral et pour les emplois pilotes à la Réunion, a pris ses responsabilités et vient de signer un Accord de Performance collective après une série de réunions de négociations compliquées et avec de multiples rebondissements de la part de la Direction ou de ses conseillers extérieurs », indique le communiqué du syndicat. Il explique que le projet d’accord de performance collective (APC) présenté par la direction en avril était « uniquement focalisé sur une réduction drastique de la masse salariale ». Malgré un agenda estimé trop court, les représentants SNPL ont participé « à l’ensemble des innombrables réunions de négociations, mais se sont retrouvés face à un mur », la direction ne semblant « pas vouloir réellement, ni loyalement, négocier étant donné qu’elle a rejeté tous les compromis ». « Pour la pérennisation de l’entreprise et pour la sauvegarde des emplois réunionnais, le SNPL a cependant pris ses responsabilités en signant ce nouvel APC. Bien que les pilotes Air Austral n’aient pas vu leur rémunération revalorisée depuis 2017, malgré une inflation galopante et une augmentation conséquente du coût de la vie à la Réunion, et qu’ils aient perdu énormément de pouvoir d’achat pour permettre à la compagnie de traverser la crise COVID, ils viennent à nouveau de consentir à un effort plus que significatif au travers de ce troisième accord, correspondant à une perte de 45 % de leur pouvoir d’achat de 2017 à 2026 », explique le SNPL Air Austral.
Dans les nouveaux termes de l’accord et selon des propos du président du SNPL Air Austral, Vivien Rousseau à l’AFP, les pilotes ne recevront pas de 13e mois pendant deux ans, et auront six jours de congés en moins. Le seuil de déclenchement des heures supplémentaires a aussi été relevé, privant « techniquement » les pilotes de la possibilité d’en engranger alors qu’elles représentent habituellement une « grosse part » de leur revenu. Le coût de l’emploi de 115 pilotes par Air Austral, estimé à 60 millions d’euros sur deux ans, sera ainsi réduit de 5,3 millions, a-t-il indiqué.
Le préavis de grève déposé pour le 10 mai et pour une durée de 5 jours, jusqu’au 15 mai, est donc annulé. Détenue à 55% par la société RunAir, rassemblant des investisseurs réunionnais, et à 44% par la Sematra, société d’économie mixte (région, département, Caisse des Dépôts), Air Austral est sortie très lourdement endettée de la crise du Covid-19, qui l’a mise complètement à l’arrêt. Elle cumulait 300 millions de dettes avant de bénéficier de multiples aides publiques puis d’être restructurée début 2023 sur fond d’apport de capitaux privés. L’Etat, qui a renfloué Air Austral à hauteur de 100 millions d’euros de créances, la somme de réviser de fond en comble ses activités et son management pour redevenir viable financièrement.
Le 7 mars dernier, le conseil de surveillance de la compagnie aérienne avait validé un plan de restructuration présenté par la direction. Outre l’injection de 10 millions d’euros supplémentaires au capital, il prévoyait une réduction conséquente de la masse salariale et une reprogrammation des plans de vol afin de privilégier les lignes les plus rentables. Le plan comprenait une baisse de salaire pendant un an à tous les niveaux du personnel.
Caro a commenté :
10 mai 2024 - 9 h 39 min
L article ne dit pas si Malé a lui aussi demander à baisser son HONTEUX SALAIRE
Momoderabat a commenté :
10 mai 2024 - 11 h 56 min
Mr Malé a été remercié depuis 2022 après avoir contribué à couler la boite.
jamma a commenté :
10 mai 2024 - 9 h 56 min
Avoir 4 compagnies qui se font concurrence sur le marché le plus important entre Paris et Saint-Denis n’est plus possible. Il y en a une de trop.
Le plus simple serait de liquider cette compagnie ou de la vendre. Cette compagnie survit grâce à l’argent des contribuables, soit par l’intermédiaire de la région ou de l’état. Un moment, il faut dire stop à ce gaspillage d’argent public.
Ah Bon ? a commenté :
10 mai 2024 - 12 h 42 min
Pas sûr qu’une baisse des salaires des PNT suffise. L’arrivée d eFrench Bee et sa performance opérationnelle et financière, va éjecter le moins performant des 4, et d’après les chiffres, c’est Air Austral.
Sa vocation est de désenclaver l’île, pas de rajouter des fréquences sur des segments bien couverts. Vers une attrition locale et régionale ?
Reese a commenté :
11 mai 2024 - 8 h 21 min
Jusqu’en 2003, Air Austral avait au capital Air France et desservait le régional… et elle était bénéficiaire. Puis les politiques ont voulus faire du long courrier et concurrencer Air France sur Paris, d’où le départ du capital… et depuis c’est la berezina. Leader sur les lignes océan indien depuis St Denis et vers Paris, ils perdent de l’argent contrairement aux autres. Ils ne savent pas gérer : les bénéfices récents avant covid étaient tirés par la vente des appareils ou pièces détachées (qu’ils relouaient ensuite au prix fort)