La low cost Ryanair a vivement critiqué l’Autorité de l’aviation civile britannique après avoir été empêchée d’effectuer un vol de remplacement avec un avion immatriculé en Irlande, laissant 177 passagers bloqués pendant la nuit au Portugal.

Lors du vol Ryanair Agadir (Maroc)-Manchester, jeudi soir, un passager « ivre et agressif » a provoqué des perturbations, ce qui a entraîné un déroutement vers Faro (Portugal). Le déroutement signifiait que les pilotes et le personnel de cabine n’avaient pas suffisamment d’heures légales pour voler de Faro à Manchester, et Ryanair a envisagé mobiliser un autre avion et un autre équipage pour rapatrier les 177 passagers et éviter de les laisser bloqués toute la nuit en Algarve.

L’utilisation de cet avion et de son équipage était toutefois conditionnée à l’obtention de l’autorisation de la CAA par Ryanair. Or, le régulateur britannique lui aurait refusé l’autorisation d’effectuer ce vol car l’avion était immatriculé en République d’Irlande. Les « bureaucrates de la CAA » ont refusé à la compagnie aérienne l’autorisation nécessaire affirme Ryanair. Elle menace désormais de poursuivre le régulateur en justice pour l’obliger à autoriser Ryanair à utiliser des avions loués en cas de circonstances imprévues. « Ce refus illégal et arbitraire des bureaucrates de la CAA signifie que Ryanair UK sera désormais contrainte d’intenter une action en justice pour contraindre la CAA à se conformer à la loi », a communiqué Ryanair.

Le couac provient également du fait que la low cost organise sa flotte entre différentes filiales, qui appartiennent toutes à la société mère de la compagnie aérienne, Ryanair Holdings plc, mais opèrent sous des certificats d’opérateur aérien différents. Ryanair possède cinq filiales, dont Ryanair DAC, sa plus ancienne compagnie aérienne basée en Irlande et opérant dans une grande partie de l’Europe. En 2017, en prévision du Brexit, Ryanair a créé Ryanair UK, qui opère sous un certificat d’exploitation aérienne britannique. Le vol de jeudi soir entre Agadir et Manchester était opéré par un avion immatriculé auprès de Ryanair UK, tandis que l’avion et l’équipage que Ryanair avait en réserve à Faro étaient immatriculés auprès de Ryanair DAC. Et il semble que les formalités administratives empêchent Ryanair d’échanger simplement un avion et un équipage Ryanair UK contre un avion et un équipage Ryanair DAC.

Faute d’approbation réglementaire, les passagers du vol Ryanair RK1265 ont été contraints de passer la nuit à Faro et ne sont arrivés à Manchester que vendredi à 13 heures, soit plus de 12 heures plus tard que prévu.

« Après plusieurs années d’entraide entre les compagnies aériennes du groupe Ryanair pour des vols de remplacement sur des appareils identiques, ce qui permet d’éviter les retards et les annulations en cas de circonstances imprévues, la CAA a aujourd’hui inexplicablement refusé d’autoriser une compagnie aérienne du groupe Ryanair à effectuer un vol de remplacement pour une autre compagnie du groupe Ryanair, perturbant ainsi 177 passagers » dont 32 enfants, a expliqué un porte-parole de la compagnie aérienne.

« Nous appelons le Premier ministre à intervenir et à exiger que l’autorité de régulation de la CAA supprime les obstacles bureaucratiques qu’elle a inutilement créés pour Ryanair UK et ses passagers, à un moment où l’économie britannique a un besoin urgent de simplification des formalités administratives de la CAA et de renforcement de la connectivité et de la croissance », poursuit le communiqué.

En réponse, un porte-parole de l’Autorité de l’aviation civile britannique a réagi : « La CAA britannique joue un rôle essentiel dans la protection des passagers et la croissance du secteur aérien britannique. Nous encourageons les opérateurs britanniques à élaborer des plans de résilience solides en cas d’immobilisation des avions afin de minimiser l’impact sur les passagers. Ces plans doivent être conformes au cadre juridique applicable à l’aviation britannique après la sortie de l’UE, qui exige que les compagnies basées au Royaume-Uni disposent de suffisamment d’avions immatriculés au Royaume-Uni pour assurer leur programme.  Ryanair est bien consciente de cette situation depuis longtemps. Ryanair UK a choisi d’exploiter un programme de vols nécessitant 18 appareils, mais n’a alloué que 15 appareils à ses activités enregistrées au Royaume-Uni pour respecter ce calendrier. Ryanair a privilégié le placement d’avions au sein de ses autres activités basées dans l’UE plutôt qu’au Royaume-Uni, ce qui expose les passagers britanniques à un risque accru de perturbations. »

Ryanair fustige la CAA britannique après l'interdiction d’un vol de remplacement pour des passagers bloqués 1 Air Journal

©Piotr Mitelski/Ryanair