D’après une étude des associations Réseau Action Climat, UFC-Que Choisir et Greenpeace, prendre l’avion coûte souvent moins cher que le train.

Bien entendu, le train est beaucoup plus écologique. Par exemple, un trajet Paris-Barcelone en TGV émet 70 à 80 fois moins de gaz à effet de serre que le même trajet en avion, selon l’étude qui cite des données de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Mais les tarifs poussent souvent les voyageurs à choisir l’avion, surtout sur les liaisons intra-européennes où les billets d’avion peuvent descendre à 15 euros, alors qu’un billet de train pour le même trajet peut coûter 188 euros.

Le prix du train et de l’avion varie fortement selon les liaisons en France et en Europe. Pour les trajets intérieurs en France, l’analyse de 48 liaisons aériennes très fréquentées révèle que le train est en moyenne 40% moins cher que l’avion lorsqu’il existe une liaison ferroviaire directe. En revanche, dès qu’une correspondance ferroviaire est nécessaire, la situation s’inverse : le billet de train devient alors 10% plus cher que celui de l’avion, car le prix du trajet ferroviaire double presque dans ces cas-là.

Sur le plan européen, l’étude a comparé les prix d’entrée des billets d’avion et de train sur 21 liaisons entre la France et d’autres pays d’Europe. Résultat : le train coûte en moyenne 2,5 fois plus cher que l’avion. Sur les six liaisons les plus fréquentées au départ de la France, le billet d’avion est près de trois fois moins cher que le billet de train. Par exemple, pour un trajet Marseille-Londres, il est possible de trouver un billet d’avion à 15 euros, tandis que le même voyage en train, le même jour, coûte 188 euros.

Les tarifs de l’Eurostar, le TGV qui relie Paris à Londres, sont souvent bien plus chers que ceux de l’avion, ce qui pousse de nombreux voyageurs à opter pour l’aérien. Il est courant que l’aller-retour dépasse 350 euros, surtout aux heures de pointe ou les jours de grands départs. « Eurostar, ce n’est pas une compagnie low cost », a déclaré ainsi sa directrice générale Gwendoline Cazenave à l’AFP, balayant les critiques sur les tarifs de l’Eurostar. Cependant, le coût du billet n’explique pas tout : « la politique de service et la politique de prix que nous avons chez Eurostar, elle nous permet d’avoir 80 % » de part de marché sur le Londres-Paris face à l’avion, a-t-elle affirmé.

Pourquoi une telle différence entre les deux moyens de transport ? Le secteur aérien bénéficie d’avantages fiscaux importants : il ne paie ni taxe sur le kérosène ni TVA sur les billets internationaux, contrairement au train qui doit s’acquitter de taxes sur l’électricité et de la TVA sur certaines liaisons, explique l’étude. Ces avantages représentent environ 30 à 40 euros de cadeau fiscal par passager sur des trajets comme Paris-Barcelone. De plus, les compagnies aériennes low cost proposent des prix d’appel très bas, parfois en dessous du coût réel du voyage. À l’inverse, le train doit payer des péages ferroviaires élevés pour financer l’entretien et la modernisation du réseau. Cela explique en grande partie pourquoi les billets de train sont plus chers, surtout quand il n’y a pas de liaison directe.

Pour rendre le train plus accessible, les associations proposent de mettre fin aux avantages fiscaux de l’aviation et d’utiliser ces recettes pour baisser le prix des billets de train et améliorer le réseau. Selon leurs calculs, cela pourrait rapporter plus de trois milliards d’euros par an pour financer la rénovation du rail français.

Ce que ne rappelle pas l’étude des associations : le coût du personnel de la SNCF qui pèse aussi dans le prix des billets de train. Par exemple, les agents de la SNCF bénéficient de facilités de circulation, c’est-à-dire de billets gratuits ou très fortement réduits pour eux-mêmes et leurs familles. Selon la Cour des comptes, ce dispositif représente un manque à gagner de 105 à 220 millions d’euros par an pour l’entreprise, car ces places ne sont pas vendues à plein tarif à des clients extérieurs. Plus largement, la masse salariale et les avantages sociaux spécifiques au statut des cheminots (retraites, congés, etc.) représentent une part importante des dépenses de la SNCF, qui répercute son coût d’exploitation sur le prix des billets pour les voyageurs.

Environnement : pour voyager en Europe, le train coûte en moyenne 2,5 fois plus cher que l’avion 1 Air Journal

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