Le 19 juillet, le secrétaire américain aux Transports, Sean Duffy, a annoncé que les États-Unis imposaient de nouvelles restrictions sur les vols en provenance du Mexique, accusant le gouvernement mexicain de comportement « anticoncurrentiel » et de mépris de l’accord bilatéral de transport aérien signé en 2015. 

Cet accord visait à faciliter le commerce et les déplacements entre les deux pays. Depuis 2022, selon Washington, le Mexique ne respecterait plus ses engagements. Les autorités américaines reprochent à Mexico d’avoir réduit le nombre de créneaux horaires disponibles à l’aéroport international Benito Juárez (MEX) et d’y avoir suspendu tous les vols cargo, bouleversant ainsi les plannings des compagnies aériennes américaines et faussant la concurrence au profit des transporteurs mexicains.

En représailles, trois principales mesures ont été annoncées. D’abord, toutes les compagnies mexicaines opérant vers les États-Unis doivent désormais déposer leurs horaires de vol auprès du Département des Transports (DOT). Elles doivent ensuite obtenir l’approbation du DOT avant d’opérer tout vol charter de passagers ou de cargo vers (ou depuis) les États-Unis. Enfin, le DOT menace de mettre fin à la coentreprise stratégique entre Delta Air Lines et Aeromexico, alliance qui structure une grande partie des liaisons entre les deux pays.

La réaction des compagnies aériennes n’a pas tardé : Delta Air Lines, partenaire d’Aeromexico, alerte sur l’impact potentiel de la rupture de leur alliance « stratégique et pro-concurrentielle », prévenant que cela nuirait aux voyageurs, à l’emploi et à la compétitivité transfrontalière. En 2024, près de 40 millions de voyageurs américains ont pris l’avion pour le Mexique, ce qui fait de ce pays la première destination internationale pour les États-Unis.

Côté mexicain, la présidente Claudia Sheinbaum a indiqué lors d’une conférence de presse que Washington fixait un délai d’un mois pour appliquer ces nouvelles mesures, tout en précisant que les discussions sont en cours entre les ministères concernés et les compagnies aériennes. Certaines des conditions américaines seraient déjà en voie d’application à l’aéroport Felipe Ángeles, sans que le gouvernement mexicain n’ait détaillé lesquelles.

En toile de fond, le projet gouvernemental mexicain de désengorger l’aéroport Benito Juárez en transférant une partie du trafic, notamment le fret, vers le nouvel aéroport Felipe Ángeles situé à près de 50 kilomètres du centre-ville reste une source de tension majeure, les États-Unis y voyant un traitement inéquitable de leurs propres transporteurs.

Ce bras de fer entre l’administration Trump et Mexico risque, si aucun compromis n’intervient d’ici octobre, de bouleverser l’ensemble du marché aérien entre les deux pays et de pénaliser à la fois les voyageurs, le secteur du tourisme et les économies des deux voisins.

Washington annonce des restrictions sur les compagnies aériennes mexicaines, menace sur l’alliance Delta-Aeromexico 1 Air Journal

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