Ryanair, première compagnie aérienne européenne en nombre de passagers transportés, a officialisé ce mercredi 30 juillet une réduction majeure de ses opérations en France pour l’hiver prochain.

La compagnie low-cost va ainsi diminuer de 13% sa capacité sur le territoire, ce qui se matérialise par la suppression de près de 750 000 sièges, l’annulation de 25 lignes et le retrait complet de ses activités dans les aéroports de Bergerac, Brive et Strasbourg.

À l’origine de cette décision, Ryanair met en cause la flambée de la taxe française de solidarité sur les billets d’avion (TSBA), « augmenté de 180% en mars 2025 ». Cette hausse, qualifiée d’« astronomique » par le transporteur, rend de nombreuses liaisons non rentables selon elle, notamment vers les régions et durant la saison basse. Selon Jason McGuinness, directeur commercial de Ryanair, rapporté par Le Monde, les marges dans l’aérien restent très faibles, avoisinant les 2 à 3% seulement au-dessus de leur niveau de 2019 pour ce segment, alors que la taxe dépasse désormais la marge dégagée par passager sur certains billets.

La compagnie évoque une perte de compétitivité pour la France par rapport à d’autres marchés européens, tels que l’Irlande, l’Espagne ou la Pologne, où aucune taxe de ce type n’est appliquée, ou encore la Suède, la Hongrie ou certaines régions italiennes qui misent sur une fiscalité allégée pour favoriser l’attractivité, l’emploi local et la reprise du secteur aérien après la crise sanitaire.

En réponse à cette taxe du gouvernement, Ryanair cessera ses opérations vers Bergerac, Brive et Strasbourg, et réduira sa capacité vers plusieurs autres aéroports français.  Parmi les plateformes les plus touchées, l’aéroport de Paris-Beauvais subira une baisse de capacité de 8%, celui de Toulouse de 4 % et de Marseille (9 %). Au total, le trafic de Ryanair en France devrait passer de 12 à 11 millions de passagers cette année, représentant une baisse de 13 % de son trafic en France, tandis que d’autres marchés, comme l’Italie, voient leur fréquentation augmenter selon Michael O’Leary, le patron du groupe.

Ryanair affirme que ce recul de la connectivité française est, selon elle, parfaitement évitable, et alerte sur des conséquences désastreuses tant pour l’emploi local que pour le tourisme. Le transporteur laisse entendre que la suppression ou la baisse de cette taxe pourrait ouvrir la voie à un programme d’expansion ambitieuse : Ryanair évoque la perspective d’un investissement de 2,5 milliards de dollars, l’ajout de 25 avions à la flotte basée en France, le doublement du trafic à plus de 30 millions de passagers annuels ainsi que la création de 750 emplois directs, à condition que le contexte fiscal redevienne favorable.

Sans retour en arrière, la France pourrait perdre durablement en attractivité au profit de marchés jugés plus compétitifs, alors que la capacité mondiale reste limitée par la pénurie actuelle d’avions neufs. Outre la fiscalité, Ryanair pointe également les difficultés récurrentes liées aux grèves et aux sous-effectifs du contrôle aérien français qui aggravent, selon la compagnie, le décrochage du transport aérien hexagonal face à ses voisins européens.

« Alors que la France devrait se concentrer sur la reprise et la croissance, Ryanair n’a d’autre choix que de réduire sa capacité pour l’hiver 2025 de 13 %, en raison de l’échec du gouvernement français à agir contre cette taxe aérienne néfaste — qui a été augmentée de plus de 180 % plus tôt cette année. Il est inacceptable qu’un pays européen majeur comme la France accuse un tel retard par rapport au reste de l’UE, avec un trafic toujours inférieur aux niveaux d’avant Covid, à cause de taxes et de frais de sûreté excessifs imposés par le gouvernement, qui rendent de nombreuses lignes régionales françaises non rentables, notamment en hiver. Par conséquent, cet hiver, Ryanair va réduire sa capacité sur plusieurs aéroports régionaux, ce qui entraînera la suppression de 750 000 sièges et de 25 lignes — dont beaucoup assurent une connectivité essentielle pour les habitants des régions françaises. Cette perte complètement évitable aura un impact sévère sur la connectivité régionale, le tourisme et l’emploi local. Ryanair a toujours soutenu et investi dans les aéroports régionaux français, favorisant les tarifs bas et le développement économique. À moins que le gouvernement ne change de cap et n’abolisse cette taxe aérienne injuste, la capacité et les investissements de Ryanair en France seront inévitablement redirigés vers des marchés européens plus compétitifs comme la Suède, la Hongrie ou certaines régions d’Italie, où les gouvernements suppriment activement les taxes aériennes pour stimuler le trafic, le tourisme, l’emploi et la reprise économique », a commenté Jason McGuinness, CCO chez Ryanair.

Ryanair va réduire sa présence de 13 % en France cet hiver à cause des taxes 1 Air Journal

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