Les avions civils Embraer sont exclus des nouveaux droits de douane officialisés mercredi 30 juillet par le président des Etats-Unis Donald Trump, suivant la même logique d’exemption que celle appliquée précédemment aux avions Airbus dans le cadre d’un accord avec l’Europe.

Le président américain Donald Trump a annoncé mercredi 30 juillet l’imposition de droits de douane supplémentaires de 40 points de pourcentage sur la plupart des produits brésiliens, portant la surtaxe totale à 50%. Cette décision, motivée officiellement par « la menace inhabituelle et extraordinaire » que représenterait le Brésil pour la sécurité nationale et la politique étrangère américaine, intervient en pleine tension diplomatique liée aux poursuites judiciaires contre l’ex-président Jair Bolsonaro.

Le décret prévoit plusieurs exceptions. Il s’agit notamment de l’aluminium, du minerai, du bois, des sources d’énergie, des engrais, ainsi que des « avions civils, leurs pièces et composants », ce qui inclut tous les modèles fabriqués par Embraer. Le champion brésilien de l’aviation civile échappe donc à la hausse tarifaire qui touche la grande majorité des autres exportateurs brésiliens.  La taxe de 10% imposée en avril demeure en vigueur sur ces produits, mais Embraer est préservé de la surtaxe additionnelle de 40%.

En pratique, l’exemption affecte directement l’avion E175-E1, leader incontesté du marché régional américain, et protège les ventes futures des modèles E2, plus grands, ainsi que des avions d’affaires Praetor 500 et 600.

Seuls les composants militaires ont été exclus, ce qui pourrait théoriquement affecter la vente de l’avion cargo KC-390 et la production de l’avion d’attaque A-29 Super Tucano, également assemblé en Floride. Cependant, les ventes militaires étant réalisées dans le cadre d’accords entre gouvernements (modèle dit « de gouvernement à gouvernement »), ces droits de douane ne s’appliquent jamais. Par conséquent, les futurs contrats portant sur le Super Tucano avec financement américain (FMS), ainsi que les acquisitions potentielles par le Pentagone lui-même, restent exemptés.

La flotte d’avions Embraer occupe une place très importante au sein des compagnies aériennes aux États-Unis, en particulier dans le segment des avions régionaux. La plus grande cliente américaine est SkyWest Airlines, qui exploite une flotte de 263 appareils Embraer E-Jets, ce qui en fait le plus grand opérateur mondial de cette famille d’avions. Lors du dernier salon aéronautique du Bourget en juin, SkyWest Airlines a conclu un accord avec Embraer pour acheter jusqu’à 110 Embraer E175.

En 2025, le constructeur vise de livrer entre 77 et 85 avions commerciaux, en partie à des compagnies américaines, renforçant cette position stratégique.

La riposte du Brésil n’a pas tardé : le président Lula da Silva a dénoncé une « atteinte à la souveraineté », et activé des outils de représailles législatives, notamment la « loi de réciprocité » permettant des suspensions ciblées des concessions commerciales. La diplomatie brésilienne se dit ouverte à la discussion, mais exclut tout compromis sur les affaires judiciaires internes.

Guerre commerciale : Embraer échappe aux surtaxes douanières de 50 % imposées par Trump 1 Air Journal

©Embraer / Grazielle Sandy