L’aéroport Londres-Heathrow, le plus fréquenté d’Europe, vient de dévoiler son projet d’expansion colossal, estimé à 49 milliards de livres sterling (57 milliards d’euros).

Ce budget englobe la construction d’une troisième piste, ainsi qu’une modernisation complète des infrastructures existantes. L’objectif est clair : augmenter sa capacité annuelle de 84 à 150 millions de passagers, afin de maintenir sa place incontournable face aux autres hubs européens, Paris-CDG, Amsterdam-Schiphol ou encore Francfort.

Thomas Woldbye, le directeur général de l’aéroport britannique, insiste sur l’urgence de ce développement : « Nous opérons actuellement à pleine capacité, ce qui pénalise les échanges commerciaux et la connectivité de Londres ». Le gouvernement britannique a déjà donné son feu vert en janvier pour la troisième piste, mais le projet suscite encore de vives critiques, notamment de la part d’écologistes et de responsables politiques londoniens, qui redoutent une hausse du bruit et de la pollution ainsi qu’un impact négatif sur la lutte contre le changement climatique.

Le financement du projet, qui n’est pas encore définitivement bouclé, devrait être assuré à 100% par des fonds privés, précise le gestionnaire Heathrow Airport Holdings dont l’actionnaire principal est le français Ardian, qui a récemment conclu l’augmentation de sa participation à 32,6%. Il est suivi de l’Autorité d’investissement du Qatar (20%), et du fonds public saoudien PIF (15%). La première phase, comprenant la nouvelle piste longue de 3 500 mètres et l’infrastructure du tarmac, est chiffrée à 21 milliards de livres, avec un calendrier optimiste d’achèvement sous dix ans. Les dépenses restantes, autour de 28 milliards supplémentaires, seront dédiées à la construction d’un nouveau terminal (baptisé « T5X ») et à la rénovation des terminaux existants.

Ce plan d’expansion fait suite à une longue saga judiciaire : la Cour suprême britannique avait validé l’extension en 2020, mais la pandémie avait ralenti les travaux. Par ailleurs, un concurrent à Heathrow Airport Holdings, le groupe Arora, propose une alternative avec une piste plus courte, aux coûts réduits et avec moins de nuisances environnementales. Heathrow Airport Holdings se dit prêt à négocier sur cette longueur, mais doute de réelles économies à en tirer. Enfin, le gestionnaire souligne son engagement écologique avec une feuille de route claire vers la neutralité carbone d’ici 2050, tout en assurant avoir déjà réduit son empreinte carbone au sol et en vol. L’extension intégrera aussi des améliorations pour les transports publics et les accès routiers afin de limiter l’impact local.

Londres-Heathrow chiffre son plan d'agrandissement à 49 milliards de livres 1 Air Journal

©LHR / David Dyson