Ryanair, premier transporteur low-cost en Europe, a annoncé une réduction drastique de ses opérations hivernales en Espagne, avec une baisse de 16% de sa capacité, soit environ un million de sièges supprimés sur la saison 2025-2026.

La compagnie irlandaise réagit à la décision du gestionnaire public des aéroports espagnols, Aena, d’augmenter les taxes de 6,5% à compter de cette année. Les coupes toucheront particulièrement les îles Canaries, destination incontournable de l’hiver européen, avec la fermeture de la base de Tenerife Nord et une réduction de 10% de l’offre globale dans l’archipel. Plusieurs aéroports régionaux seront également affectés : Vigo (Galice), Jerez (Andalousie) et Valladolid (Castille-et-Léon) verront la suspension totale des vols de Ryanair, tandis que l’activité sera fortement réduite à Santander, Saragosse et dans les Asturies.

Dans un communiqué, Eddie Wilson, directeur général de la compagnie principale du groupe, accuse Aena et le gouvernement espagnol de « mauvaise gestion qui détruit des emplois locaux, réduit la connectivité et décourage l’investissement ». Au total, deux millions de sièges annuels seront retirés si les hausses de redevances perdurent, prévient Ryanair.

Cette tactique n’est pas nouvelle pour Ryanair : la compagnie a déjà officialisé une réduction majeure de ses opérations en France pour l’hiver prochain, après des augmentations similaires de charges aéroportuaires (plus précisément, la hausse de la taxe française de solidarité sur les billets d’avion ou TSBA). La compagnie low-cost va ainsi diminuer de 13% sa capacité sur le territoire, ce qui se matérialise par la suppression de près de 750 000 sièges, l’annulation de 25 lignes et le retrait complet de ses activités dans les aéroports de Bergerac, Brive et Strasbourg.

De même, Ryanair a limité sa capacité à l’aéroport de Bruxelles en raison de l’augmentation des taxes aériennes en Belgique.

À l’inverse, elle n’hésite pas à récompenser les pays qui adoptent une politique fiscale favorable. En Suède, où une taxe aérienne a été annulée cet été, Ryanair a déployé deux avions supplémentaires et ouvert dix nouvelles lignes directes, souligne son président exécutif Michael O’Leary.

Pour la saison hivernale, les avions retirés d’Espagne seront redéployés vers d’autres marchés en expansion comme l’Italie, le Maroc, la Croatie et l’Albanie, où la compagnie espère obtenir de meilleures marges grâce à des coûts d’infrastructure plus compétitifs.

L’Espagne figure parmi les plus grands marchés touristiques européens, avec près de 100 millions de passagers attendus sur l’année 2025, selon les prévisions du ministère des Transports. Le conflit intervient alors que le pays enregistre déjà une capacité record de vols d’hiver.

De son côté, Aena relativise l’impact de la hausse, qu’elle chiffre à 0,68 € par passager en moyenne. « Nos tarifs restent parmi les plus compétitifs d’Europe », assure son président Maurici Lucena, qui estime que Ryanair cherche avant tout à déplacer ses avions vers des aéroports où elle peut pratiquer des prix plus élevés. Le gestionnaire se veut rassurant en affirmant que d’autres compagnies prendront la place laissée vacante par le transporteur irlandais.

Ryanair, qui transporte chaque année plus de 50 millions de passagers en Espagne, selon le ministère du Tourisme espagnol, entend ainsi forcer Madrid et Aena à revoir leur stratégie. Mais le rapport de force reste délicat : si la compagnie est essentielle pour l’accessibilité de nombreuses provinces, elle reste connue pour sa capacité à menacer de retraits afin d’obtenir des allégements de coûts, une méthode déjà utilisée en Italie, en France et en Allemagne.

Taxes aéroportuaires en hausse : Ryanair réduit ses vols vers l'Espagne de 16 % l’hiver prochain 1 Air Journal

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