Les compagnies aériennes européennes, à commencer par KLM, tirent la sonnette d’alarme face à la nouvelle hausse de la taxe passagers néerlandaise prévue en 2026.

La taxe aérienne néerlandaise, déjà relevée à 29,40 € par passager en 2025, augmentera de 2,9% en 2026, atteignant environ 30,25 €. Cette hausse s’inscrit dans la stratégie de La Haye qui vise à décourager les vols court-courriers et à financer des initiatives environnementales.

Pourtant, le secteur aérien dénonce une mesure qui risque, selon lui, de nuire non seulement à la connectivité et à l’accessibilité du transport aérien, mais également aux objectifs écologiques eux-mêmes. La taxe concerne tous les voyageurs âgés de deux ans et plus au départ des aéroports néerlandais, les compagnies étant chargées de la collecter. Dans certains cas, elle peut représenter un surcoût de 50 à 70 € par billet. Ainsi, pour une famille de quatre personnes effectuant un aller-retour vers la Grèce, la facture fiscale supplémentaire pourrait approcher les 200 €.

KLM, compagnie nationale, estime que cette politique fera des billets néerlandais les plus coûteux d’Europe, incitant ainsi une partie des passagers à choisir des aéroports voisins, en Belgique ou en Allemagne. Selon sa directrice générale, Marjan Rintel, les Pays-Bas deviennent « le pays le plus cher de l’UE pour voyager en avion », et cette situation exerce une pression directe sur le réseau aérien néerlandais et sur la place du pays dans la connectivité mondiale.

Une tendance déjà perceptible : depuis 2019, le nombre de Néerlandais partant de Düsseldorf a augmenté de 41%, et celui au départ de Bruxelles de 20%. Une enquête de KLM révèle que près de trois quarts (74%) des voyageurs néerlandais se disent prêts à franchir la frontière pour éviter la taxe.

Les recettes de la taxe, estimées à 1,1 milliard d’euros par an, alimentent directement le budget de l’État. Pour KLM comme pour les associations sectorielles, ces fonds devraient au contraire être réinvestis dans la transition climatique aérienne : notamment le développement des carburants durables d’aviation (SAF) et la modernisation des flottes. L’association Airlines for Europe (A4E) considère que la hausse est « contre-productive », car elle détourne les ressources des compagnies vers le Trésor public au lieu de soutenir l’innovation écologique.

L’aéroport de Schiphol-Amsterdam, l’un des plus grands hubs européens, redoute un affaiblissement de son attractivité. Si les passagers en correspondance restent exonérés, les voyageurs au départ des Pays-Bas sont directement frappés, ce qui réduit l’attractivité du pays comme plateforme aérienne internationale. 

KLM prévient que la hausse des taxes aériennes néerlandaises incite les voyageurs à partir à l'étranger 1 Air Journal

©Royal Schiphol Group