Les 3 200 salariés des usines militaires de Boeing situées dans la région de Saint-Louis, dans le Missouri, voteront ce dimanche sur une nouvelle offre salariale que la direction présente comme « améliorée ». Ce scrutin pourrait mettre fin à une grève qui dure depuis près de trois mois dans les sites où sont assemblés des chasseurs F-15, F/A-18 et des drones MQ-25.

Cette consultation sera la cinquième en douze semaines. La dernière offre de la direction ajoute une année supplémentaire d’augmentations générales de salaires, mais réduit les primes de présence et maintient le gel de rémunération pour certains salariés expérimentés. Elle accorde également des actions Boeing d’une valeur de 3 000 dollars, en lieu et place d’un bonus immédiat de signature.​

Selon la direction, l’ensemble du plan représenterait une progression moyenne des salaires de 45%, portant la rémunération annuelle moyenne de 75 000 à 109 000 dollars. Boeing a également supprimé une clause controversée qui autorisait des travailleurs non syndiqués à effectuer des tâches syndicales pendant trente jours après la reprise du travail.​

Malgré ces ajustements, une partie du syndicat des ouvriers IAM District 837 estime que l’offre reste largement insuffisante. « C’est un affront à la dignité du syndicat », a déclaré un délégué, Jeremy Flowers, cité par St. Louis Public Radio. Plusieurs membres reprochent aussi à Boeing d’avoir coupé l’accès à l’assurance santé en septembre, une décision dénoncée au Sénat américain par des élus républicains et démocrates.​

Des revendications centrées sur les salaires et la retraite
Les grévistes réclament une revalorisation conforme à celle accordée en 2024 aux ouvriers des usines d’avions civils de Seattle, où un accord prévoyait une hausse de 24 % sur quatre ans, des primes de 12 000 dollars et de meilleures cotisations pour la retraite. À Saint-Louis, la direction a jusqu’à présent limité les hausses à 20 % sur quatre ans et proposé des bonus inférieurs, estimant l’équilibre financier prioritaire pour ses projets militaires.​ Le syndicat IAM District 837 demande aussi la suppression des primes à long terme jugées incertaines au profit d’augmentations pérennes, alors que de nombreux salariés, sans salaire depuis début août, peinent à assumer les frais de santé et de logement.​ Il estime que le coût de ses revendications ne représente « qu’une fraction de 1 % » du seul programme F‑15.​

Un climat social tendu depuis le conflit de 2024 à Seattle
Cette grève à Saint-Louis, l’une des plus longues dans la branche défense de Boeing depuis les années 1990, ralentit la production d’appareils essentiels au Pentagone, dont les F‑15EX et les F/A‑18 Super Hornet. Boeing a transféré certaines tâches vers d’autres sites pour limiter l’impact, tout en recrutant des remplaçants temporaires.​

L’année dernière, Boeing avait déjà été confronté à une grève historique de ses machinistes à Seattle, réglée par un accord concédant d’importantes augmentations et primes après des semaines de paralysie. Ce précédent alimente les espoirs des grévistes de Saint-Louis, qui dénoncent un traitement inégal entre les divisions commerciale et militaire du groupe.​

Le vote de dimanche, organisé de 8 h à 11 h dans un centre syndical de Bridgeton, sera déterminant pour la suite du mouvement social. En cas de rejet, la grève pourrait se prolonger, accentuant la pression sur Boeing à un moment où le groupe tente justement de redorer sa réputation industrielle et sociale après plusieurs difficultés récentes.

Grève chez Boeing : les usines d’avions militaires au cœur d'un bras de fer social 1 Air Journal

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