Cinq ans après son ouverture, l’aéroport Berlin Brandenburg (BER) s’impose comme un pilier du transport aérien européen, alliant progrès digital, expansion de son réseau de destinations et développement touristique pour la capitale allemande. L’aéroport berlinois, qui a quelques jours plus tôt célébré ses 100 millions de passagers accueillis, met en avant à cette occasion, d’ambitieuses initiatives environnementales.

Depuis la mise en service du Terminal 1 en octobre 2020, Berlin Brandenburg Airport — rebaptisé “Willy Brandt” — a accueilli plus de 100 millions de voyageurs, dont un record de 25,5 millions ces 12 derniers mois, illustrant la croissance continue du hub. Près de 800 000 mouvements d’avions ont jalonné cette période, soit le double du trafic initialement prévu lors du projet BER, et le fret n’est pas en reste avec 200 000 tonnes expédiées en cinq ans. « Nous avons accompli beaucoup de choses », affirme Aletta von Massenbach, PDG de Flughafen Berlin Brandenburg GmbH. « BER génère des bénéfices et se dirige vers l’indépendance financière, tout en consolidant notre rôle de partenaire majeur pour les compagnies. Grâce à l’innovation, le voyage des passagers est plus facile et plus sécurisé ».

Le vendredi 17 octobre 2025 marque un record symbolique, puisque plus de 100 000 passagers ont transité par BER en une seule journée, au départ des vacances d’automne dans la région.

Connectivité mondiale

Avec 70 compagnies actives et 150 destinations desservies, BER s’affirme comme un carrefour de la mobilité internationale. Le réseau s’est élargi vers le Golfe avec des liaisons vers Dubaï, Jeddah et bientôt Abu Dhabi, renforcé par l’augmentation des vols quotidiens vers Doha assurés par Qatar Airways. Parallèlement, la desserte de Pékin grimpe à cinq fréquences par semaine, illustrant la montée en gamme du trafic long-courrier. Les régions méditerranéennes restent plébiscitées par les touristes allemands, mais l’attractivité de la capitale élargit désormais l’offre aux marchés nord-américains avec New York et Toronto. Ce dynamisme favorise la croissance de l’emploi, avec plus de 20 000 salariés sur le campus BER, dont 2 000 pour l’exploitation aéroportuaire directe, et stimule le tourisme ainsi que les secteurs annexes de l’économie berlinoise.

Digitalisation et services

BER a accéléré sa modernisation en investissant dans la digitalisation des parcours passagers : check-in et dépose bagages automatisés, sécurité biométrique, plus de 120 bornes en libre-service, et des créneaux personnalisés pour les contrôles (“BER Runway”). Cette transformation place l’aéroport au niveau des standards internationaux : « Nous sommes désormais capables de réagir vite lors de challenges imprévus, comme lors de la récente cyberattaque contre notre partenaire Collins Aerospace », explique la direction du BER, qui insiste sur la réactivité et la résilience des équipes face aux nouvelles menaces numériques. En 2024, la gestion de la sûreté a été confiée à FBB, permettant l’introduction de scanners CT dernière génération, soit 24 appareils couvrant les deux terminaux et fluidifiant grandement les contrôles : déjà deux tiers des passagers en bénéficient.

Le tarmac et les opérations de piste bénéficient d’un pilotage intelligent assisté par caméras connectées et IA, une première en Allemagne. Ce système, inauguré en 2024, vise à optimiser la manutention, réduire les délais et renforcer la sécurité.

Une stratégie environnementale proactive

L’ambition écologique du BER se traduit par la réduction de 50% de ses émissions de CO₂ depuis 2010, reposant sur l’installation de panneaux photovoltaïques sur les parkings et la conversion du terminal à la technologie LED basse consommation économisant plus d’un million de kWh annuels. Certifié niveau 3 par l’Airport Carbon Accreditation depuis 2024 et récompensé par plusieurs trophées internationaux — “World’s Most Improved Airport” et “4 Star Airport” Skytrax 2025, “Airport Innovation Award 2023” — BER affiche son engagement en faveur d’une aviation « durable et innovante ».

Une construction chaotique

La construction de l’aéroport Willy‑Brandt de Berlin‑Brandenburg est restée célèbre comme l’un des chantiers les plus chaotiques d’Allemagne contemporaine. Imaginé dès 1996 pour un coût initial inférieur à 2 milliards d’euros, il aura finalement fallu plus de quatorze ans de travaux et près de 7  milliards  d’euros avant son ouverture en octobre 2020.

Les retards à répétition, dus à des erreurs de planification, à des défaillances techniques et à des problèmes de gouvernance, ont provoqué cinq reports successifs de l’inauguration initialement prévue pour 2011. Parmi les dysfonctionnements les plus emblématiques figuraient un système anti‑incendie non conforme, un câblage électrique impossible à exploiter et des escaliers mécaniques trop courts. Les scandales de corruption et les démissions en série ont aggravé la situation, ternissant durablement l’image du projet et de l’ingénierie allemande.

En 2016, un audit révèle plus de  550 000 malfaçons et relance les travaux grâce à un financement public d’urgence validé par Bruxelles. Ce n’est qu’en  2020 que le terminal principal a enfin ouvert en pleine pandémie mondiale.

Berlin Brandenburg fête ses 5 ans : progrès digitaux, nouveaux réseaux et tourisme en plein essor 1 Air Journal

©BER / Berlin Brandenburg Airport