Portée par le boom du transport aérien intérieur et par le soutien du programme régional UDAN, la compagnie indienne Star Air se prépare à une nouvelle phase d’expansion, qui pourrait passer par une importante commande d’avions Embraer dès l’année prochaine.

Avec l’ambition d’exploiter une flotte d’environ 50 appareils à l’horizon 2030, la plus grande compagnie régionale du pays veut renforcer la desserte des villes moyennes et secondaires, tout en se laissant la porte ouverte à des opérations internationales.

Star Air, succès rare parmi les compagnies régionales indiennes

Lancée en janvier 2019 avec un seul appareil, Star Air s’est progressivement imposée comme la principale compagnie régionale en Inde, une niche historiquement marquée par un taux de mortalité élevé pour les transporteurs. Basée à Kolhapur et opérant principalement depuis Bengaluru et Hyderabad, la compagnie dessert aujourd’hui plus de 30 destinations domestiques, en ciblant les villes de taille moyenne souvent délaissées par les grands acteurs nationaux.

Alors que de nombreux concurrents régionaux n’ont pas survécu à la crise sanitaire, Star Air a non seulement résisté à la pandémie, mais a poursuivi sa croissance, en grande partie grâce au dispositif de connectivité régionale UDAN, qui subventionne une partie des lignes vers les aéroports secondaires. Le transporteur assure désormais plus de 50 vols quotidiens et continue d’ajouter de nouvelles liaisons à mesure que sa flotte s’étoffe.

Une flotte 100% Embraer en pleine montée en puissance

Star Air exploite aujourd’hui une flotte d’avions régionaux Embraer composée d’E145 en classe unique (50 sièges) et d’E175, configurés en bi-classe (12 sièges en classe Affaires et 64 en Economie). D’abord bâtie sur des appareils d’occasion, la flotte s’est progressivement modernisée avec l’arrivée d’E175 plus récents, en partie via des contrats de leasing conclus avec des sociétés comme Azorra et DAE.

Au cours de l’année 2025, la compagnie a déjà réceptionné plusieurs E175 supplémentaires, portant sa flotte totale à onze appareils et se préparant à franchir rapidement le cap des 20 avions en service. À moyen terme, Star Air prévoit d’atteindre environ 25 avions d’ici l’exercice 2027, avant de monter à 50 appareils (avions et hélicoptères confondus) à l’horizon 2030, ce qui inclurait également son activité de transport non régulier et de choppers.

Vers une commande « significative » d’Embraer

Pour soutenir ce plan de croissance, la compagnie envisage désormais de passer une commande « significative » d’appareils Embraer dès l’année prochaine, ce qui constituerait l’une des premières grandes commandes d’E‑Jet par un transporteur indien. Jusqu’ici, Star Air reste le seul opérateur commercial d’E‑Jet sur le marché domestique, même si d’autres nouveaux entrants étudient également ce segment en complément des monocouloirs Airbus et Boeing.

L’avionneur brésilien, qui cherche à renforcer sa présence en Inde, a d’ailleurs indiqué qu’il pourrait envisager une chaîne d’assemblage finale locale en cas de commande groupée portant sur environ 200 appareils pour différents clients indiens. Une commande de Star Air, même d’un volume plus modeste, serait ainsi symboliquement importante pour l’avionneur brésilien, qui voit dans l’Inde l’un des marchés à plus fort potentiel pour les jets régionaux de 70 à 130 sièges.

La desserte indienne d’aéroports peu fréquentés et un objectif de premières lignes internationales à l’horizon 2028

La stratégie de Star Air repose sur un positionnement clair : connecter les villes dites de « Tier‑2 » et « Tier‑3 » entre elles et avec les grandes métropoles comme Bengaluru, Hyderabad ou Delhi. Le terme « villes de Tier‑2 et de Tier‑3 » désigne, en Inde, des catégories de villes classées selon leur taille, leur niveau de développement économique et leurs infrastructures. Les villes de Tier‑2 sont des centres urbains de taille moyenne, souvent en forte croissance, avec une population d’environ 1 à 4 millions d’habitants et un niveau d’infrastructures en développement, mais inférieur à celui des grandes métropoles comme Delhi ou Mumbai. Les villes de Tier‑3 sont plus petites, généralement entre 100 000 et 1 million d’habitants, avec des infrastructures encore en cours de structuration et un marché économique en émergence Environ deux tiers de son programme de vol restent aujourd’hui opérés dans le cadre du dispositif UDAN, qui lui apporte chaque année l’équivalent de plusieurs milliards de roupies de soutien, tout en l’incitant à desservir des aéroports peu fréquentés.

Pour les voyageurs, ce modèle offre des temps de trajet considérablement réduits par rapport au train ou à la route, tout en ouvrant de nouvelles connexions point à point entre villes secondaires. Les jets régionaux d’Embraer, plus légers et plus adaptés à des pistes courtes que de gros monocouloirs, permettent d’ouvrir ces routes avec des coûts d’exploitation mieux maîtrisés et des risques de remplissage plus limités.

Selon la direction de Star Air, le plan de flotte doit permettre de desservir 50 à 60 villes indiennes d’ici 2030, dont une bonne partie encore non desservies aujourd’hui par une liaison régulière. L’ambition est de continuer à augmenter la fréquence sur les routes existantes, tout en ajoutant progressivement de nouveaux couples de villes au réseau, notamment dans le centre et l’est de l’Inde.

La compagnie vise également l’ouverture de routes internationales régionales à partir de 2028, une fois atteinte la barre d’environ 20 avions en flotte, dans le sillage du projet du gouvernement indien d’étendre le modèle UDAN à certains axes internationaux de proximité. De possibles liaisons vers des pays voisins comme le Népal, le Sri Lanka ou certains États du Golfe pourraient ainsi être envisagées à moyen terme, en fonction de la réglementation et des droits de trafic disponibles.

Inde : Star Air, championne régionale, envisage une grosse commande d’Embraer 1 Air Journal

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