Les contrôleurs aériens de l’aéroport Tahiti-Faa’a sont en grève reconductible depuis la mi-novembre pour dénoncer une dégradation de leurs conditions de travail et des effectifs jugés insuffisants, tandis que la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) affirme avoir déjà engagé des mesures de renfort et de réorganisation.
Un préavis de grève a été déposé par la section locale de l’USAC‑CGT pour les aiguilleurs du centre de contrôle de Tahiti‑Faa’a, invoquant une « dégradation des conditions de travail » et un niveau de fatigue jugé incompatible avec les exigences de sécurité. Depuis le 19 novembre, les aiguilleurs du ciel enchaînent des journées de mobilisation qui perturbent le trafic aérien de Tahiti‑Faa’a.
Pour le principal syndicat USAC‑CGT, la direction « fait peser des risques sur la sécurité » en demandant aux équipes de tenir le trafic avec des effectifs trop justes, sur fond d’augmentation continue des mouvements d’avions. Les contrôleurs dénoncent des vacations rallongées, une gestion jugée trop « comptable » des plannings et demandent des renforts pérennes, ainsi qu’une meilleure prise en compte de la spécificité polynésienne en matière de distances et de météo.
Un bras de fer avec la DGAC
La DGAC, via la direction de l’aviation civile en Polynésie française, dit « regretter » ce mouvement social et assure que « des efforts significatifs sont engagés depuis plusieurs mois pour améliorer la situation ». Elle met en avant des affectations supplémentaires prévues au niveau national, un accompagnement renforcé des équipes locales et des actions de modernisation du contrôle aérien dans le cadre d’une réforme globale de la navigation aérienne française.
Un comité social d’administration a été programmé pour tenter de sortir de l’impasse, mais une réunion récente entre la direction et les syndicats a tourné court, l’État opposant un refus aux principales demandes, notamment sur le classement de Tahiti‑Faa’a dans une catégorie supérieure de rémunération et de dotation. Face à la poursuite de la grève, le ministère des Transports a enclenché des réquisitions de contrôleurs aériens afin d’assurer un service minimum et garantir la continuité des vols commerciaux essentiels.
Des perturbations contenues mais sensibles
Grâce aux réquisitions et à une organisation adaptée, la plupart des vols commerciaux ont pu être maintenus, mais avec des réductions de capacité, des créneaux plus contraints et quelques retards, principalement sur les heures de pointe. Les priorités sont données aux vols internationaux long‑courriers et aux liaisons domestiques stratégiques, comme les dessertes des îles Sous‑le‑Vent ou des Tuamotu, tandis que certains vols non essentiels peuvent être retardés ou regroupés.
Les compagnies aériennes et les autorités locales rappellent que la sécurité des vols n’est pas négociable, mais reconnaissent que la situation sociale à la tour de contrôle de Tahiti-Faa’a reste tendue et qu’un conflit long pourrait finir par affecter davantage l’offre de vols. À l’approche des fêtes de fin d’année, période de forte affluence, les acteurs du secteur espèrent un accord rapide pour éviter une dégradation plus marquée du trafic.
Un trafic en forte croissance à Tahiti‑Faa’a
Ce bras de fer intervient alors que le trafic aérien est en forte hausse à Tahiti, renforçant les inquiétudes sur la sécurité et la continuité du service.L’aéroport international de Tahiti‑Faa’a, seule plateforme internationale du territoire, concentre environ deux tiers du trafic passagers de Polynésie française. En 2024, il a accueilli près de 1,67 million de passagers, avec une progression notable des flux internationaux et un trafic domestique toujours très soutenu vers les îles.
Depuis le début de l’année 2025, la dynamique reste positive : plus de 1,4 million de passagers réguliers ont déjà été enregistrés, soit environ +6% par rapport à la même période de 2024, avec une hausse parallèle des trafics domestique et international. Le seul mois d’octobre 2025 affiche plus de 153 000 passagers réguliers, en hausse de 10% sur un an, confirmant la montée en charge de la plateforme et la pression accrue sur les équipes de contrôle. Cette montée en puissance du trafic aérien, perçue comme une bonne nouvelle économique pour la Polynésie française, renforce aussi la pression sur les services de navigation aérienne, au cœur du conflit actuel entre les contrôleurs et la DGAC.
Au-delà de Tahiti‑Faa’a, le réseau polynésien repose sur plusieurs aéroports régionaux structurants comme Bora Bora, Raiatea ou Rangiroa, chacun dépassant ou approchant les 100 000 passagers annuels, ainsi qu’une vingtaine d’aérodromes plus modestes répartis dans les archipels. Ce maillage aérien est vital pour les déplacements des habitants, l’approvisionnement, l’accès aux soins et le développement touristique, dans un territoire où la plupart des liaisons entre îles ne peuvent se faire que par avion.

@Air Tahiti Nui
Yoann a commenté :
29 novembre 2025 - 12 h 58 min
Les nantis n’ont décidément aucune limite, quelle indécence !
Robert Robichet a commenté :
29 novembre 2025 - 18 h 45 min
Jah love bro ! Amour
Air cocaine a commenté :
30 novembre 2025 - 0 h 48 min
Ils ont aucune limite, il y a à peu près 30 à 40 décollage par jour, mais bien sûr sont débordés.
Vivement qu’on les vire tous et qu’on les remplace par une AI ça fera des économies dans les caisses
Air connaissance a commenté :
1 décembre 2025 - 3 h 45 min
Les contrôleurs aériens de Tahiti assurent les service ATS H24/7 du sol à l’illimité dans la FIR Tahiti qui compte 12,5 millions de km2.
Ils assument les vols trans-pacifiques entre la zone Australie/Nouvelle Zélande et les Etats Unis qui traversent la FIR Tahiti tous les jours de l’année sans atterrir à Tahiti.
Les contrôleurs de Tahiti assurent les services ATS aux usagers de la cinquantaine d’aérodromes situés à l’intérieur de la FIR Tahiti, le plus important étant l’aéroport international de Tahiti suivi de l’aéroport international de Bora Bora destination prisée des jets privés. Ils assument tout le trafic inter-îles de Polynésie avec le réseau ATR le plus étendu au monde.
Enfin, la piste 04/22 de Tahiti accueille tous les jours environ 50 à 60 décollages.
Un petit tour d’horizon sur flightradar 24 suffit à se rendre compte que la plateforme de Tahiti accueille un trafic significatif pour ses infrastructures limitées.