Bali n’en finit plus d’attirer les voyageurs du monde entier. Parmi eux, les Français se distinguent par une progression rapide. Séduits par un cadre singulier, une nature spectaculaire et un climat clément, ils affluent vers cette île indonésienne devenue l’un des symboles du dépaysement tropical et du digital nomadisme.

Petite par la taille — à peine plus grande que la Corse — mais très visible sur la carte touristique, Bali concentre une part importante des voyages en Indonésie, quatrième pays le plus peuplé au monde (285 millions d’habitants). Après avoir accueilli environ 6,3 millions de touristes étrangers en 2024, l’île a déjà dépassé les 4 millions de visiteurs entre janvier et juillet 2025, ce qui laisse présager une nouvelle année de forte fréquentation. Explorateurs en quête de paysages marquants, amateurs de vie nocturne ou flâneurs en quête de calme : tous y trouvent un écho à leurs attentes, qu’ils viennent en famille, en couple, entre amis ou seuls.

Les Français, un marché en forte progression

Si les arrivées provenaient principalement, au cours des vingt dernières années, d’Australie, de Chine et d’Inde, la France s’est récemment hissée parmi les premiers marchés européens, derrière le Royaume-Uni. Les voyageurs français, souvent marqués par la diversité des paysages, évoquent tour à tour les plages de sable, les rizières en terrasses, les montagnes verdoyantes et la présence de la faune locale, notamment les singes d’Ubud.

Deux activités phares attirent particulièrement les visiteurs français : le surf, grâce à des vagues régulières dans le sud de l’île, et la plongée, très appréciée des amateurs de fonds marins. Coraux, poissons tropicaux et tortues y sont observables en snorkeling comme en plongée bouteille. Au nord, les plus matinaux peuvent parfois apercevoir des dauphins au large de Lovina. Au-delà des plages et des rizières, ce que les Français retiennent le plus de leur séjour reste souvent la dimension culturelle et spirituelle de l’île. Surnommée « l’île des dieux », Bali abrite de nombreux temples hindouistes et vit au rythme de ses cérémonies. La spiritualité se manifeste au quotidien, à travers offrandes, danses traditionnelles et festivals, créant une atmosphère perçue comme apaisante par une partie des visiteurs.

Le coût de la vie, jugé abordable, est aussi un argument pour ceux qui s’y installent quelques semaines ou quelques mois : un repas dans un « warung » (cuisine familiale) simple revient autour de 2 à 4 euros, la location d’un scooter à environ 50 euros par mois et une villa dans une zone touristique comme Canggu, Uluwatu ou Seminyak peut se louer autour de 1 200 euros par mois. Un touriste français peut séjourner en Indonésie jusqu’à 30 jours avec un visa à l’arrivée (VOA), prolongeable une fois pour 30 jours supplémentaires, soit un séjour de 60 jours au total. Pour des voyages plus longs, comme jusqu’à 60 jours initiaux avec extensions possibles jusqu’à 180 jours, il est nécessaire d’obtenir un visa B211A en ligne avant le départ.

L’essor des clubs tout inclus

Les clubs de vacances « all inclusive » jouent un rôle majeur dans le développement touristique de Bali, avec des formules combinant vol, transferts, hébergement, restauration, animations et excursions, proposées notamment par des enseignes comme TUI ou Club Med. Ces offres ciblent familles, couples et groupes en quête d’un cadre structuré, d’un budget maîtrisé et d’un accès simplifié aux principaux sites balinais, notamment dans les zones de Nusa Dua, Seminyak, Denpasar ou Ubud. Parmi les spécialistes des séjours « all inclusive », l’enseigne Kappa Club, qui opère huit clubs de vacances tout compris à Bali, mise sur le concept des « Instants Kappa », qui associe animations francophones, activités sportives, ateliers de découverte et sorties axées sur la culture locale (gastronomie, marchés, temples).

Accès aérien et stratégies d’itinéraires

L’aéroport international de Denpasar, la principale plateforme de l’île, n’est pas encore relié directement à la France. De nombreuses compagnies aériennes proposent des vols Paris–Denpasar via une correspondance, via Istanbul, Abu Dhabi, Bangkok ou encore Singapour… Un billet d’avion aller-retour en classe économique se situe en moyenne autour de 800 à 1000 euros, avec des pics à 1500 euros pendant les périodes de vacances. Face à la hausse des prix des billets d’avion vers l’Asie depuis la crise du Covid, de nombreux voyageurs optent pour des itinéraires combinés : un vol direct Paris–Jakarta, puis un vol domestique vers Bali via une compagnie régionale, ce qui permet parfois réduire le coût et de visiter la capitale indonésienne. D’autres transforment la correspondance en étape de voyage, en passant quelques jours à Bangkok, Kuala Lumpur ou Singapour avant de poursuivre vers Bali.

Les effets du surtourisme sur l’île

La réussite touristique de Bali a toutefois des revers. Comme dans d’autres destinations très fréquentées dans le monde, une partie de la population locale exprime son exaspération. Embouteillages, pollution, hausse du coût du logement et dégradation de certains sites illustrent les tensions créées par le tourisme de masse. Les comportements inappropriés de certains visiteurs, notamment des séances photo dénudées dans des temples, alimentent le mécontentement. Pour tenter de contenir la pression, le gouvernement indonésien a annoncé un gel de deux ans sur la construction de nouveaux hôtels, villas et discothèques.

Depuis février 2024, les visiteurs étrangers doivent s’acquitter d’une éco-taxe d’environ 9 euros à leur arrivée à l’aéroport de Denpasar, destinée à financer la préservation des sites naturels. Des amendes plus sévères visent par ailleurs les touristes ne respectant pas les coutumes et règles locales. Une autre piste consiste à mieux répartir les flux touristiques : aujourd’hui concentrés au sud, les visiteurs pourraient être encouragés à découvrir le nord de l’île, encore relativement préservé. Le futur aéroport international de Buleleng, en construction, devrait favoriser le développement touristique et économique du nord de l’île, qui connaît un taux de chômage plus élevé que le sud.

Au moment où Bali tente de réguler l’afflux de visiteurs, l’île illustre les paradoxes du tourisme globalisé. Entre séjours en clubs tout compris, quête de spiritualité et recherche de nature, la destination se retrouve à devoir concilier attractivité internationale, attentes des voyageurs et préservation d’un écosystème fragile, sous le regard attentif des habitants comme des autorités indonésiennes.

Voyage à Bali, l’île des dieux : grosse fréquentation touristique, entre loisirs et spiritualité 1 Air Journal

@Bali Tourism