Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a fixé au 2 mars 2026 la date du transfert des opérations d’Air Calédonie de l’aérodrome de Nouméa-Magenta vers l’aéroport international Nouméa-La Tontouta. Cette réorganisation majeure du transport aérien domestique se veut avant tout une décision de « survie » pour la compagnie, confrontée à une situation financière critique depuis plusieurs années.
À compter du 2 mars 2026, tous les vols intérieurs d’Air Calédonie – vers les îles Loyauté, l’île des Pins et le Nord de la Grande Terre – décolleront et atterriront à La Tontouta, à une cinquantaine de kilomètres de Nouméa. Le gouvernement explique que ce regroupement sur une seule plateforme doit permettre d’optimiser les coûts d’infrastructure et d’exploitation, aujourd’hui jugés trop lourds pour une compagnie déjà fragilisée.
« Sans ce transfert, la compagnie disparaît » : l’exécutif territorial ne cache pas que l’abandon progressif de Magenta est conditionné par la nécessité de réduire fortement les charges pour maintenir la continuité aérienne intérieure. Un comité de pilotage dédié a été mis en place dès juin 2025 pour préparer la bascule, en lien avec la compagnie aérienne, les services de l’État et les collectivités concernées.
Une décision économique mais socialement sensible
Le gouvernement de Nouvelle-Calédonie met en avant des économies estimées à plusieurs centaines de millions de francs par an pour Air Calédonie grâce à la fermeture des infrastructures de Magenta et à la mutualisation des moyens à La Tontouta. Ces économies doivent s’ajouter à un vaste plan de redressement déjà engagé, combinant réduction du programme de vols, ajustement des effectifs et mise en vente d’un ATR.
Cette réorganisation suscite néanmoins une forte contestation, notamment dans les îles, où de nombreux usagers dénoncent l’éloignement de l’aéroport par rapport au centre de Nouméa et craignent un « parcours d’obstacles » (les barrages des indépendantistes) pour rejoindre leur vol. Pour répondre à ces inquiétudes, l’exécutif promet la mise en place de solutions de transport dédiées entre Nouméa et La Tontouta, même si ni le dispositif ni les tarifs n’ont encore été arrêtés.
Le président du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, Alcide Ponga, présente le transfert comme « une décision difficile mais indispensable pour assurer la pérennité du transport aérien domestique et préserver la connectivité des îles ». La priorité affichée est de « sauver Air Calédonie », considérée comme un outil stratégique pour le désenclavement des territoires éloignés et la cohésion du pays.
Une flotte homogène d’ATR 72-600
Air Calédonie exploite actuellement une flotte homogène de quatre ATR 72-600, appareils turbopropulsés de 70 sièges, adaptés aux pistes courtes et aux conditions parfois difficiles des aéroports insulaires. En service depuis 2016 dans le cadre d’un renouvellement complet de la flotte, ces avions de dernière génération offrent un bon compromis entre capacité, consommation de carburant et performances sur les liaisons régionales.
La crise traversée par la compagnie aérienne calédonienne l’a toutefois conduite à réduire temporairement le nombre d’appareils en service et à envisager la location ou la cession d’un des ATR pour alléger ses charges. Cette contrainte de flotte, combinée à la baisse durable de la demande, explique aussi le choix de concentrer les opérations à l’aéroport Nouméa-La Tontouta pour mieux optimiser l’utilisation des avions et des équipages.
Un trafic passagers en net repli
Avant la crise sanitaire et les tensions socio-politiques, Air Calédonie transportait régulièrement entre 350 000 et plus de 450 000 passagers par an, avec un record d’environ 465 000 voyageurs en 2019. En 2022, après la pandémie, le trafic est tombé à 263 000 passagers, avant de remonter à environ 300 000 en 2023, sans retrouver les niveaux d’avant-Covid.
L’année 2024 a marqué un nouveau coup d’arrêt, avec des émeutes et des interruptions de vols qui ont fait chuter le trafic à seulement 265 000 passagers, soit une baisse de près de 40% par rapport aux prévisions initiales. Pour les années 2024 et 2025, Air Calédonie table sur un trafic stabilisé autour de 300 000 passagers, très en deçà des ambitions passées et insuffisant pour absorber une structure de coûts restée élevée.

@Air Calédonie
MoMoDeRabat a commenté :
30 novembre 2025 - 16 h 58 min
Décision logique pour mettre en place des correspondances avec les vols internationaux. Je regrette juste le côté pratique de Magenta puisque l’aéroport est à 5km environ du centre ville.
Tony de Brest a commenté :
1 décembre 2025 - 17 h 40 min
J’ai séjourné trois semaines à Nouméa en septembre 1993. J’ai ainsi eu la possibilité d’aller passer une journée sur l’île des Pins desservie à l’époque par des ATR 42-300 et 320 d’Air Calédonie. Mon hôtel, Le Stanley, était situé à 5 km en voiture de l’aéroport de Magenta. L’aéroport de La Tontouta se trouve à 49 km de ce même hôtel qui existe toujours.