La Chambre territoriale des comptes (CTC) dénonce une politique de continuité territoriale aérienne en Nouvelle-Calédonie coûteuse, mal encadrée et dépourvue de véritable stratégie, alors qu’elle vise à maintenir le lien entre les îles et la Grande Terre. Malgré des montants importants d’aides, certaines dessertes se sont dégradées ou arrêtées, et la soutenabilité financière du dispositif est jugée préoccupante.
Une politique sans cap clair
Dans leur rapport, les magistrats de la CTC pointent l’absence de cadre stratégique adopté par le congrès, le schéma global des transports de 2015 n’ayant jamais été mis en œuvre. Ils demandent à la Nouvelle-Calédonie de définir d’ici 2026 une stratégie de desserte aérienne, assortie d’un suivi annuel, pour donner de la lisibilité à l’action publique.
L’ADANC, bras armé de cette politique et actionnaire d’Aircalin et d’Air Calédonie, voit ses ressources fiscales diminuer alors que ses charges augmentent. La chambre relève une gouvernance défaillante (conseil d’administration souvent sans quorum, absence de projet d’établissement) et alerte sur la capacité future de l’agence à financer la continuité territoriale au même niveau.
Aides aux usagers : dérives et surcoûts
Le dispositif « continuité pays », censé aider les résidents des îles à se déplacer, est jugé mal encadré, avec un nombre de bénéficiaires dépassant la population éligible et des contrôles insuffisants. La chambre chiffre à environ 100 millions de Francs CFP par an le surcoût injustifié et recommande de conditionner l’aide aux ressources, de mieux cibler les motifs de déplacement et de renforcer les vérifications.
Lignes à faible trafic : efficacité contestée
Les subventions aux lignes déficitaires représentent une aide moyenne élevée par passager, avec des coefficients de remplissage parfois très faibles. La chambre invite à revoir le périmètre des lignes soutenues, à envisager d’autres modes de transport et à passer à des conventions pluriannuelles dans le cadre d’une délégation de service public.
Un appel à refondation
Au total, la CTC estime que la politique actuelle ne garantit ni une utilisation optimale des fonds publics ni une desserte réellement adaptée aux besoins. Elle formule cinq recommandations pour mieux cibler les aides, clarifier le rôle de l’ADANC et inscrire la continuité territoriale dans une stratégie globale des transports.
Le rapport de la CTC est disponible en ligne.

Nouméa-La Tontouta @Roman.b
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