Entre Elon Musk et Air France, la relation ressemble à un « je t’aime moi non plus » : le patron de Starlink égratigne la compagnie aérienne française pour ses vœux jugés trop neutres, tout en se félicitant qu’elle ait choisi son réseau très haut débit pour équiper sa flotte. D’un côté, il raille le « Joyeuses fêtes » d’Air France face au « Joyeux Noël » d’Emirates ; de l’autre, il encaisse un partenariat stratégique qui fait de la compagnie tricolore l’un des étendards européens de Starlink en vol.

Quand « Joyeuses fêtes » agace Elon Musk
Tout est parti d’un montage circulant sur X montrant, d’un côté, un message d’Air France souhaitant de « joyeuses fêtes de fin d’année », et de l’autre, un visuel d’Emirates affichant un explicite « Joyeux Noël » avec un avion grimé en traîneau. Elon Musk a relayé l’image en ajoutant une formule lapidaire – « Le destin aime l’ironie » – interprétée comme une pique contre la prudence sémantique de la compagnie aérienne française.

Air France a répondu en expliquant que ses communications « s’attachent à célébrer les fêtes de fin d’année dans leur globalité » et que la formule générique « joyeuses fêtes » est donc privilégiée, tout en rappelant que ses équipes souhaitent bien un « Joyeux Noël » aux clients le 25 décembre. Un porte‑parole de la compagnie résume la ligne maison : « Nous parlons à tous nos clients, quelles que soient leurs traditions », une manière polie de maintenir le cap sans entrer dans la polémique.

Starlink, la face « je t’aime » du duo
Le contraste est saisissant, car dans le même temps Air France a fait de Starlink son partenaire clé pour la connectivité très haut débit en vol. La compagnie prévoit d’équiper progressivement l’ensemble de sa flotte, avec déjà environ 30% de ses avions connectés au réseau de satellites basse orbite de SpaceX et un objectif de couverture quasi totale d’ici 2026.

« Pour lancer ce service d’exception, Air France a choisi Starlink, leader mondial de la connectivité », communique la compagnie trocolore, qui promet un internet « très haut débit et totalement gratuit » à bord pour les passagers premium et les membres de son programme Flying Blue. Elon Musk, lui, n’a pas manqué de saluer publiquement le déploiement de Starlink chez Air France par un «très bon pour la France» sur son compte X, y voyant la preuve que sa technologie s’impose comme référence pour la connectivité en altitude.

Entre critiques politiques et enthousiasme des passagers
Le choix de Starlink par Air France embrase aussi le débat en France et en Europe, où plusieurs experts et responsables politiques dénoncent une dépendance accrue à la tech américaine et des risques pour la souveraineté numérique. Certains soulignent que confier les données et métadonnées de millions de voyageurs à un acteur américain lié à la défense américaine pose des questions de protection de la vie privée et de sécurité stratégique.

À l’inverse, de nombreux passagers et observateurs du secteur saluent des débits comparables à ceux de la fibre et la possibilité de travailler, streamer ou passer des appels vidéo sans frustration à 10 000 mètres d’altitude. Pour eux, le partenariat avec Starlink incarne une Air France tournée vers une expérience client plus moderne, quitte à assumer les controverses qui accompagnent le nom d’Elon Musk.

Entre une pique sur « Joyeuses fêtes » et des communiqués enthousiastes sur le très haut débit en vol, la relation Air France–Musk illustre les ambiguïtés d’une époque où les compagnies aériennes européennes dépendent de plus en plus de champions technologiques américains. Une même figure médiatique peut, dans la même semaine, brocarder la communication jugée trop tiède d’une marque… et profiter pleinement du succès d’un contrat qui la lie à cette même marque.

Entre Elon Musk et Air France, entre pique de Noël et Starlink : un « je t’aime moi non plus » 1 Air Journal

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