Le Venezuela a franchi un nouveau cap dans son bras de fer avec Washington en retirant les droits de trafic de six compagnies internationales qui avaient suspendu leurs vols après une alerte de la Federal Aviation Administration (FAA) américaine sur la sécurité de l’espace aérien vénézuélien.
L’Institut national de l’aviation civile (INAC) a annulé les permis d’exploitation d’Iberia, TAP Air Portugal, Avianca, LATAM Colombia, Turkish Airlines et GOL, au motif que ces transporteurs auraient « rejoint des actions de terrorisme d’État promues par les États-Unis » en suspendant « unilatéralement » leurs opérations commerciales à destination et en provenance du Venezuela. Les autorités reprochent à ces compagnies d’avoir obéi à un NOTAM émis par une autorité aéronautique « sans juridiction » sur la FIR de Maiquetía, qui couvre l’espace aérien vénézuélien. C’est une décision à forte portée politique qui réduit un peu plus la connectivité du pays et ajoute de l’incertitude pour les voyageurs vers Caracas et au-delà.
Cette mesure formalise la menace brandie quelques jours plus tôt par Caracas, qui avait donné 48 heures aux compagnies pour reprendre leurs vols sous peine de sanctions administratives. Iberia a indiqué souhaiter reprendre ses rotations vers Caracas dès que les conditions de sécurité seront jugées pleinement réunies, tandis qu’Air Europa et Plus Ultra, qui avaient aussi suspendu leurs liaisons, n’ont pas vu leurs permis révoqués à ce stade.
Une alerte FAA au cœur de la crise
À l’origine de cette séquence, un avis de la FAA appelant les compagnies à « faire preuve d’une extrême prudence » lorsqu’elles survolent le Venezuela, en raison d’une « situation sécuritaire dégradée » et d’une « activité militaire accrue » dans ou autour du pays. Le message fait état d’interférences GNSS/GPS et de manœuvres militaires susceptibles d’augmenter les risques pour l’aviation civile, même si l’avertissement ne constitue pas une interdiction totale de survol comme dans d’autres zones de conflit.
Les compagnies concernées ont choisi de suspendre temporairement leurs vols, voire de dérouter leurs plans de vol pour éviter la FIR (Flight Information Region) de Maiquetía, sous la responsabilité des services de contrôle aérien vénézuéliens, centrée sur l’aéroport international Simón Bolívar de Caracas et couvrant l’espace aérien du pays. Elles revendiquent une approche de gestion des risques similaire à celle mise en œuvre au-dessus d’autres espaces aériens considérés comme sensibles. Caracas rejette cet avis, estimant que la FAA « n’a aucune autorité » sur son espace aérien et y voyant un instrument supplémentaire de pression dans le cadre du conflit politique et économique qui l’oppose aux États-Unis.
Une connectivité internationale encore fragilisée
Les relations aériennes entre les deux pays sont il est vrai gelées depuis 2019, année où les transporteurs américains ont été interdits de vols vers et depuis le Venezuela pour des raisons de sécurité et de contexte politique. La nouvelle alerte de la FAA s’inscrit dans cette longue séquence de dégradation, tout en élargissant désormais les effets aux compagnies non américaines qui exploitent la région.
Malgré ces retraits, certaines liaisons restent assurées par des transporteurs régionaux, notamment Copa Airlines, Wingo, Boliviana de Aviación, Cubana de Aviación, les compagnies vénézuéliennes Avior et Conviasa, Laser ainsi que PlusUltra entre autres, qui continuent de proposer des vols au départ et à destination du pays. Pour les passagers européens ou nord-américains, accéder au marché vénézuélien passera toutefois de plus en plus par des itinéraires à escales multiples, souvent via des hubs d’Amérique latine, avec un allongement des temps de trajet et une baisse de lisibilité de l’offre, à l’exception en Europe d’Air Europa, qui continue à ce jour de programmer des vols en 787-9 Dreamliner entre les aéroports de Madrid Barajas et Caracas Simon Bolivar.

Yoann a commenté :
27 novembre 2025 - 15 h 34 min
Un seul responsable : les USA qui continuent de mettre la pagaille à des fins économiques et non pacifiques
Anna Stazzi a commenté :
27 novembre 2025 - 19 h 59 min
« Glacis protecteur », « théorie des dominos », « Yalta ».
Ces termes vous suggèrent-ils qque chose ?
Pour en revenir à la rupture des droits, qu’attendre d’un disciple de Poutine qui ne fait ici que profiter d’un jeu de circonstances?
Le Venezuela prend le chemin de Cuba.. bonne chance aux locaux.
Hbf a commenté :
29 novembre 2025 - 10 h 27 min
Oui c’est vrai la bien pensence nous dira que les américains sont les plus gentils… Vietnam Corée Japon Irak je cherche où ils n’ont pas fait de dégâts….
Anna Stazzi a commenté :
30 novembre 2025 - 9 h 48 min
Ce n’est pas ce que je relève.
Je ne crois pas plus que vous aux histoires rose-bonbon.
Je rappelle -on l’a oublié- que l’actuelle répartition des forces entre les deux puissances USA/Russie émane du Traité de Yalta et suivants qui
« équilibraient »leurs zones d’influences respectives.
Un accord avait été scellé après l’incident de la Baie des Cochons à Cuba en 62.
Mais les USA ont rompu ces accords en 91/92 en commençant à « travailler » en Ukraine.
S’en est suivie une escalade etc .. avec le résultat que l’on connait.
L’agitation US au Vénézuela n’est cependant qu’une indication de la limite acceptable par les US des agissements des Russes envers l’Ukraine, dans une renégociation de leurs accords bilatéraux.
À ne pas omettre, le rejet par Washington et Londres dès mai 22 de la proposition de cessation de l’intervention russe proposée par Moscou en avril 22.