La compagnie russe Aeroflot a finalisé l’acquisition de huit avions tout-cargo issus du groupe Volga-Dnepr – six Boeing 737-800 convertis et deux Boeing 747-400ERF – qui doivent surtout servir de réservoir de pièces détachées pour maintenir en ligne la flotte occidentale du groupe malgré les sanctions.
Cette opération intervient alors que la compagnie russe vient d’annoncer un bond de près de 87% de son bénéfice net au troisième trimestre 2025, confirmant sa stratégie d’adaptation à un environnement totalement reconfiguré par la guerre en Ukraine.
Selon des documents financiers publiés fin novembre, Aeroflot Group indique avoir intégré huit avions supplémentaires à sa flotte sur les neuf premiers mois de 2025, dont deux Boeing 747‑400ERF et deux 737‑800BCF placés chez la filiale Rossiya, ainsi que quatre 737‑800 pour la low-cost Pobeda. Si le groupe ne précise pas officiellement la provenance des cargos, plusieurs médias spécialisés russes et internationaux convergent sur le fait qu’ils proviennent du portefeuille de Volga‑Dnepr, via ses entités AirBridgeCargo pour les 747F et Atran pour les 737F.
D’après des estimations publiées en Russie, la transaction porterait sur six 737‑800BCF et deux 747‑400F pour un montant d’environ 130 millions de dollars, dans le cadre de contrats de leasing financier avec transfert de propriété aux compagnies du groupe Aeroflot. Les appareils, immobilisés depuis plus de deux ans du fait des sanctions et des restrictions d’espace aérien en Europe et en Amérique du Nord, seraient transférés principalement vers Rossiya et Pobeda.
Des avions cargos achetés pour être démontés
Plusieurs sources proches du dossier indiquent que ces avions ne sont pas destinés à reprendre une activité cargo régulière, mais à être cannibalisés pour alimenter en pièces détachées les Boeing 737 et 747 encore exploités par les transporteurs russes. Kommersant et d’autres médias russes soulignent qu’Aeroflot deviendrait ainsi l’un des premiers transporteurs à acheter en bloc une flotte de cargos spécifiquement pour le démontage, afin de sécuriser ses stocks de pièces dans la durée.
Le transfert de ces appareils illustre le démantèlement progressif de l’empire cargo Volga‑Dnepr, longtemps l’un des acteurs majeurs du fret lourd et du transport de marchandises surdimensionnées au niveau mondial. Depuis 2022, les sanctions occidentales ont cloué au sol l’essentiel de ses avions occidentaux, tandis que les bailleurs internationaux multiplient les démarches pour récupérer leurs appareils, notamment les Boeing 747‑8F d’AirBridgeCargo.
Profits en forte hausse chez Aeroflot
Sur le plan financier, Aeroflot affiche une trajectoire à rebours de nombreuses compagnies occidentales, avec un net redressement depuis 2024. Pour le troisième trimestre 2025, le transporteur national annonce un bénéfice net de 32,9 milliards de roubles (environ 365 millions d’euros), en hausse de 86,9% sur un an, pour un chiffre d’affaires de 261,7 milliards de roubles et un EBITDA en progression de plus de 115%.
Ce résultat s’inscrit dans la continuité du retour aux profits enregistré sur l’ensemble de l’exercice 2024, porté par une forte croissance du trafic domestique et des liaisons avec des pays jugés « amis », ainsi que par une amélioration du coefficient de remplissage et un contrôle renforcé des coûts. Dans ce contexte, Aeroflot profite d’un marché russe relativement protégé, marqué par la reconfiguration des flux aériens et la réduction de la concurrence internationale, ce qui renforce l’importance stratégique de la disponibilité de sa flotte et donc de l’acquisition de ces avions donneurs.

tarasboulaba a commenté :
5 décembre 2025 - 19 h 16 min
Encore un bon point pour la Russie et la chine. Boeing aussi a l’avenir j’en suis certain. Nous sommes encore les dindons de la farce. Car la Russie va acheter des avions cormac et Boeing ( ce dernière probablement)
DD-Bergeron a commenté :
6 décembre 2025 - 4 h 08 min
Dire que Boeing a de l’avenir en Russie est un peu prématuré, patience les arrangements Etats-Unis – Ukraine et Russie sont en cours et rien de clair n’a été annoncé par les négociateurs en chef. L’expérience montre, c’est vrai depuis 1918, que les Etats-Unis s’arrangent bien des après-guerres, gagnées ou perdues comme celle du Vietnam et sortent souvent en meilleure position que leurs alliés.
Le danger pour les européens sera le potentiel financier et industriel américain, pas les armées russes équipées de machines à laver d’occasion!
Anna Stazzi a commenté :
6 décembre 2025 - 8 h 50 min
Un bon point pour la Russie ?
En quoi ?
La Russie ne fait que palier à ses besoins en économie de guerre: faire tenir ses gros porteurs pour pouvoir déplacer rapidement des troupes en nombre.
La taille du pays a toujours été et demeure un point faible.
Le Comac n’a rien à voir ici, et la baleine volante prévue par la Chine et la Russie reste dans les cartons, et ne sera reprise que par la Chine.
La Russie achètera-t-elle des Comac en nombre ?
Oui, le jour où un Chinois sera installé au Kremlin, et à la condition que les Chinois revoient leur cariole et en fassent un truc moderne. Pas encore demain..
Dindons de la farce ?
Non. En quoi le serions-nous?
Nico9 a commenté :
6 décembre 2025 - 1 h 22 min
Vous avez oublié de dire qu’ils démontent aussi des machines à laver… XD