Une hôtesse de l’air de Virgin Atlantic de 25 ans, Jasmin W., s’est donné la mort lors d’une escale à Montego Bay, en Jamaïque, après avoir été convaincue qu’elle risquait de perdre son « job de rêve » pour s’être enivrée alors qu’elle était déclarée inapte au vol.

L’enquête publique britannique a conclu au suicide, en pointant le rôle aggravant de l’angoisse professionnelle et d’un sentiment d’isolement en escale.

Jasmin W., 25 ans, hôtesse de l’air de Virgin Atlantic, avait été affectée en janvier 2025 à un vol entre Londres‑Heathrow (LHR) et Montego Bay, en Jamaïque. Souffrant d’une infection des sinus en cours de rotation, elle est déclarée inapte au vol à l’arrivée et reste au sol, tandis que le reste de l’équipage repart vers le Royaume‑Uni, la compagnie la logeant dans un hôtel proche de l’aéroport international Sangster (MBJ), utilisé habituellement pour les équipages. Pendant plusieurs jours, la jeune femme se repose seule à l’hôtel, son état s’améliorant progressivement selon les éléments présentés à l’enquête. Elle finit par retrouver des collègues d’un autre équipage Virgin Atlantic en escale dans le même établissement, retrouvant une certaine convivialité après une période d’isolement forcé.

Soirée alcoolisée et montée de l’angoisse

Lors d’un moment de détente autour de la piscine, Jasmin consomme du vin pétillant et des cocktails avec ses collègues et finit par se sentir mal en raison de l’alcool. Des membres d’équipage la raccompagnent alors dans sa chambre pour qu’elle se repose. Mais une fois seule, la jeune hôtesse bascule dans une forte anxiété. Elle semble persuadée d’avoir commis une faute grave en ayant bu alors qu’elle était officiellement en repos pour raisons médicales. Des messages envoyés à des amis montrent une montée de détresse : elle se dit « embarrassée », s’interroge sur la réaction de sa responsable de cabine et demande si son manager lui en veut, allant jusqu’à évoquer l’éventualité de mettre fin à ses jours si elle était licenciée.

Le lendemain, plusieurs collègues, sans nouvelles, tentent de la joindre en vain et alertent la responsable de cabine, qui organise une visite de courtoisie avec un pilote et la sécurité de l’hôtel. Lorsqu’ils entrent dans la chambre, Jasmin est retrouvée pendue, un mot laissant transparaître son attachement profond à Virgin Atlantic et son sentiment d’avoir « gâché » sa carrière.

Un examen médico‑légal indique un taux d’alcoolémie supérieur à la limite légale pour conduire, tandis que l’audience de Bournemouth, tenue au Royaume‑Uni, confirme officiellement le suicide et retient la peur de perdre son emploi et la honte ressentie comme facteurs contributifs.

Une jeune professionnelle « fière de porter l’uniforme »

Devant le magistrat enquêteur, la mère de Jasmin explique n’avoir jamais eu d’inquiétude particulière sur la santé mentale de sa fille, bien que des antécédents d’anxiété aient été évoqués durant l’audience. Elle décrit une jeune femme « ravie » d’avoir intégré Virgin Atlantic, qui s’était fait de nombreux amis en vol et préparait un voyage en Afrique du Sud avec sa famille, preuve que des projets personnels étaient en cours.

Virgin Atlantic a diffusé un communiqué hommage, déclarant : « Nous sommes dévastés qu’un membre de notre communauté cabine soit décédé à l’étranger. Nos collaborateurs comptent énormément pour nous et Jasmin était très appréciée de ses collègues. Elle aimait profondément son métier de personnel de cabine et rayonnait chaque fois qu’elle montait à bord en portant son uniforme avec fierté. Toutes nos pensées vont à sa famille et à ses proches. » Le magistrat Rachael Griffin souligne de son côté qu’elle était « travailleuse, intelligente et passionnée par son travail chez Virgin Atlantic », tout en rappelant qu’elle s’était laissée envahir par la peur de perdre ce « job de rêve ».

Les risques du métier sur la santé mentale

Cette affaire met en lumière la vulnérabilité des équipages de cabine, souvent présentés comme privilégiés en raison des hôtels de luxe et des destinations soleil, mais régulièrement confrontés au décalage horaire, à l’éloignement de leurs proches et à des périodes de solitude en escale… et pouvant affecter leur santé.

Plusieurs témoignages de PNC, relayés sur des réseaux et pages spécialisées, évoquent la difficulté de gérer la pression de performance et la discipline interne dans un environnement où la moindre entorse peut être perçue comme une menace pour la carrière. Les organisations professionnelles, comme l’UNSA-PNC en France, appellent à renforcer les dispositifs de prévention, à mieux former les managers de cabine au repérage des signaux d’alerte et à rappeler que le recours à l’aide psychologique ne doit pas être assimilé à une faiblesse ou à un risque disciplinaire.

Une hôtesse de l’air de 25 ans se suicide en escale sur fond de peur du licenciement 1 Air Journal

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