La guéguerre entre les Emirats Arabes Unis et le Canada a désormais un coût: il en coûtera jusqu'à 1000 dollars aux ressortissants de celui-ci pour se rendre dans les états du Golfe. Les ambassades émiraties ont enfin révélé le coût des visas que les Canadiens vont devoir payer à partir du 2 janvier 2011. Le visa pour un séjour jusqu'à un mois va coûter 250 dollars, contre 500 dollars pour trois mois et 1000 dollars pour des entrées multiples sur six mois, à l'instar de ce que paient Chinois, Russes ou Indiens alors que l'entrée reste gratuite pour les ressortissants de 31 autres nations, principalement occidentales. Et il faudra en faire la demande trois semaines avant le départ. Les habitants des Emirats, eux, ont toujours eu besoin d'un visa pour visiter le Canada, dont le prix varie entre 75 et 150 dollars selon le nombre d'entrées demandé. Les Emirats avaient d'ailleurs annoncés dès 2009 qu'ils adopteraient la réciprocité en matière de visa, mais le fait d'appliquer maintenant cette mesure ne ressemble pas à une coïncidence. Il s'agit plutôt du dernier épisode dans la guerre larvée qui oppose les deux pays depuis que le Canada a refusé en octobre dernier d'accorder de nouveaux créneaux horaires aux compagnies aériennes du Golfe, en particulier Emirates Airlines et Etihad Airways. Les premières rétorsions des Emirats n'avaient alors pas tardé: des ministres canadiens de retour d'Afghanistan avaient tout d'abord été "interdits de vol" à Dubaï, Abou Dhabi ordonnant ensuite au Canada d'abandonner Camp Mirage, une base "secrète" qui aurait du jouer un rôle important dans le retour des troupes canadiennes d'Afghanistan prévu en 2011. Les arguments des deux compagnies aériennes pendant cinq années de négociations ont été simples: avec 27 000 Canadiens vivant sur leur territoire, ils ont besoin de plus que les six vols par semaine qui sont accordés à leurs deux compagnies aériennes. Ce à quoi Air Canada répond que les nouveaux vols ne transporteraient pas des Emiratis mais d'autres voyageurs bénéficiant des hubs de Dubaï et Abou Dhabi, chers à Emirates comme Etihad. C'est cette vision qui l'a emporté à Ottawa, déclenchant une guéguere diplomatique et commerciale entre les deux parties.