Touristes et expatriés continuaient de fuir l'Egypte au dixième jour de manifestations anti-Moubarak, alors que des étrangers y compris des journalistes ont pour la première fois été pris à partie et que même l'ONU a évacué 300 employés et leurs familles. Les tours-opérateurs français ont annulé tous les séjours en Egypte jusqu'au 14 février 2011. La compagnie aérienne lybienne Afriqiyah Airways a organisé plus de 30 vols pour évacuer 6000 ressortissants. Elle essaie d’assurer un pont aérien avec quatre à cinq vols par jour, et a pour cela loué des avions supplémentaires. Pour sa part, Air China a rapatrié 265 Chinois. L'aéroport du Caire était toutefois moins assiégé que les jours précédents, environ 5000 personnes se présentant dans la journée et seulement 700 restant sur place après le couvre-feu. La compagnie nationale Egyptair a réussi à opérer 43 vols jeudi, et prévoit d'en assurer 42 vers l'étranger ce vendredi dont la moitié vers l'Europe (Paris, Bruxelles, Genève, Milan, Francfort…) et autant vers le Maghreb (Casablanca, Tunis) et le Proche Orient. Elle assurera en outre deux vols vers New York et Bangkok, et 23 vols domestiques. Pas de reprise en revanche des vols vers le reste de l'Afrique. L'Italie rapporte que 4500 de ses citoyens ont été rapatriés depuis le weekend, mais il en resterait encore 14 000 dans le pays. En Autriche, onze vols sont prévus entre jeudi et samedi pour évacuer les Autrichiens, pour la plupart des charters. Un avion vide de flyNiki est parti de Salzburg hier et devait revenir en fin de journée. Le Royaume Uni enverra un nouvel avion charter samedi, après celui revenu avec 161 passagers hier soir, afin de secourir les ressortissants qui ne trouvent pas de place sur les vols réguliers tels que ceux de British Airways. Ces vols sont facturés 360 euros "afin de ne pas créer de concurrence déloyale" pour les compagnies qui continuent leurs vols commerciaux vers l'Egypte. Il resterait plus de 33 000 Britanniques sur place, dont 300 au Caire. Plus de 2200 Américains ont déjà été évacués, dont 295 hier en deux vols vers Francfort. Les Etats-Unis ne prévoient pas de vol spécial aujourd'hui, mais continuent d'exhorter leurs ressortissants à quitter l'Egypte. Du côté des tour-opérateurs, le danois Spies évacuera vendredi ses 3222 clients et guides sur des vols de Thomas Cook Airlines Scandinavia, et suspend tous les voyages vers l'Egypte jusqu'au 31 mars, offrant l'Espagne en remplacement. Le groupe TUI estime déjà ses pertes financières à 36 millions d'euros à cause des soulèvements en Egypte, et dans une moindre mesure en Tunisie. Les avions de Turkish Airlines ont transporté au total plus de 1600 Turcs vers Istanbul, un neuvième avion devant en rapatrier 250 de plus hier soir. Plus de 520 Nigérians se sont finalement posés à Abuja hier, après avoir été évacués par un Boeing 747 affrété spécialement. Air Malta a affrété un avion spécial vers le Caire pour évacuer les employés d'une compagnie privée. Malaysia Airlines a évacué 345 étudiants jeudi après-midi vers Djeddah, et 300 autres devraient être évacués par un avion d'AirAsia si la low cost obtient les autorisations de se poser en Arabie Saoudite. Philippines Airlines envoie également un avion vers le Caire afin de rapatrier jusqu'à 200 des 6500 Philippins se trouvant en Egypte. Pakistan International Airlines (PIA) a dû annuler deux vols prévus pour rapatrier 665 Pakistanais, n'ayant pu recevoir les autorisations de vol. Des passagers évacués mardi par Air India se sont plaint d'avoir dû payer le double du prix normal pour leur vol vers Mumbai, et que des étudiants qui ne pouvaient payer en cash avaient été laissés sur place. La compagnie nationale a d'autre part déroutés deux autres avions pour rapatrier des Indiens depuis Le Caire. Un Boeing 747 de Qantas a connu des problèmes de freins et n'a pu quitter Francfort comme prévu pour rapatrier gratuitement un groupe d'une cinquantaine d'Australiens. Enfin la Nouvelle Zélande en revanche n'enverra pas de vol spécial pour secourir ses 12 ressortissants coincés en Egypte – "les contribuables ne comprendraient pas", a expliqué le premier ministre…