Payer des frais jusqu'à 12 livres pour des transactions coûtant à peine 20 pence, ça suffit: la Grande Bretagne a décidé de passer avant la fin de l'année 2012 une loi visant à interdire les frais de paiement trop élevés dans les commerces britanniques Le gouvernement veut aller plus vite que l'Union Européenne, qui n'interdira qu'en 2014 aux compagnies aériennes d'imposer aux passagers des taxes excessives sur les moyens de paiement, mais aussi plus loin en appliquant le principe à l'ensemble des commerçants, l'achat avec une carte étant devenu quasiment incontournable. Seule une taxe à la hauteur des coûts réels serait autorisée. Les compagnies low cost sont évidemment visées, les Ryanair, Flybe et autres easyJet ayant lancé le principe et l'utilisant aujourd'hui de façon plus ou moins détournés comme les "frais administratifs" (hors exceptions plus ou moins difficiles à se procurer). L'Irlandaise par exemple aurait multiplié le coût du paiement par carte de débit par 15 depuis 2004. Mais elles ne sont pas les seules: Toyota par exemple ferait payer 75 £ pour l'achat d'une voiture avec une carte de crédit, et les salles de cinéma ou même les Impôts britanniques ont instauré une charge pour ce mode de paiement. Les premières réactions ont été sans surprise, Ryanair déclarant "on ne se rendra pas" et affirmant qu'elle ne prélevait pas de charge sur les paiements par carte (ceux via le "Cash Passport" prépayé étant gratuits), tandis qu'easyJet était plus prudente avec un "on ne changera rien jusqu'à ce que les propositions soient claires". Le projet de loi devrait faire face à une opposition ferme de l'ensemble des compagnies et commerces concernés, mais le gouvernement se dit "prêt à la bataille". L'argument de couverture des frais bancaires reste difficile à accepter au vu des sommes demandées, même si les banques refusent de communiquer les montants exacts de leurs charges (qui peuvent varier selon la taille du commerce, mais aussi entre l'utilisation d'une carte de crédit ou d'une carte de débit). Et c'est d'autant plus vrai quand une compagnie aérienne exige une taxe par billet acheté, même si plusieurs tickets sont payés en même temps. Déjà en juin 2011, l'équivalent britannique de notre DGCCRF avait appelé à l'interdiction des taxes pour paiement par carte, l'Office of Fair Trading (OFT) jugeant que la majorité des consommateurs ne pouvaient y échapper ce qui les rendait virtuellement obligatoires, ajoutant qu'elles "prenaient par surprise" les futurs passagers qui avaient déjà rempli plusieurs pages web de réservation. Un fonctionnement qui ne sert pas la concurrence puisque les prix réels des voyages sont difficiles à connaître. On se souvient qu'easyJet, Ryanair, Vueling et Transavia avaient été condamnées en 2010 en Catalogne à 150 000 euros d'amende au total, pour diverses pratiques commerciales "douteuses" dont justement les frais de paiement par carte de crédit. Mais on attend toujours que la France leur emboite le pas...