La 16e édition du congrès APG World Connect s’est déroulé à Séville du 29 au 31 octobre 2025, rassemblant plus de 500 décideurs du secteur aérien mondial autour d’un thème brûlant : « Le pouvoir de la communication dans le transport aérien ». L’événement a été l’occasion de s’interroger sur la perception dégradée de l’aviation civile, naguère synonyme de rêve, aujourd’hui souvent source de défiance sociale en raison du dérèglement climatique. Comment réhabiliter l’image du transport aérien ? Des dirigeants des compagnies aériennes et des politiciens ont tenté d’apporter des pistes concrètes pour inverser la tendance.
Du rêve à la remise en question
Pendant des décennies, dire « Je travaille dans l’aviation » évoquait l’exploit technique, l’ouverture sur le monde et une part d’admiration collective, a raconté Thierry Breton, ex-commissaire européen et intervenant au World Connect. Pilotes, ingénieurs, personnels navigants ont longtemps porté l’image de pionniers guidés par la passion du progrès et l’aventure. Mais cette fierté s’est effacée au fil des ans. En quelques années, le secteur — frappé par des crises sanitaires, climatiques et économiques — est devenu la cible régulière de critiques sur ses émissions de carbone, ses modèles sociaux ou sa gestion de crises. De rêveur, l’aviateur est parfois aujourd’hui jugé comme un pollueur ou comme l’acteur d’un système mondial contesté.
Alors, comment communiquer autrement pour inverser la tendance et réhabiliter le transport aérien ? Plusieurs voix se sont élevées pour rappeler le poids des symboles et la nécessité urgente d’un récit renouvelé. « Devant les oppositions du lobby écologique relayées par les gouvernements, le pouvoir de la communication apparaît comme un facteur majeur de défense », a souligné Jean-Louis Baroux, fondateur d’APG (Air Promotion Group), dans son discours d’ouverture. Et Thierry Breton de conseiller : « Il y a une différence entre parler et être entendu. À Bruxelles, tout se discute, tout se vote. Si une décision ne vous plaît pas, soyez présents dans le débat. Soyez unis. Soyez audibles, et vous redorerez votre image ».
Quelles pistes pour regagner la confiance ?
Les débats ont souligné la nécessité de parler d’une « seule voix », en adoptant une stratégie de communication cohérente et transparente à tous les niveaux de la filière. Thierry Breton a exhorté le secteur à s’unir pour répondre de façon éducative et équilibrée aux enjeux de la transition écologique : « Seule une mobilisation collective, appuyée sur la transparence, la pédagogie et la cohérence du discours, pourra faire bouger les lignes ».
Plusieurs intervenants ont plaidé pour des campagnes axées sur l’innovation technologique (avions moins polluants, recherches sur les carburants alternatifs, initiatives RSE) mais aussi sur la valeur humaine et sociale du secteur aérien. Mettre en avant l’utilité universelle du transport aérien — pour relier les continents, soutenir le tourisme, permettre la mobilité internationale des étudiants, faciliter la coopération — pourrait redonner sens aux métiers de l’aérien et rompre l’isolement narratif, tout en acceptant la nécessité d’une transition vers un modèle plus durable.
Un enjeu de pédagogie et d’unité
La crise de réputation du secteur aérien ne trouvera pas de solution sans changement profond des méthodes de communication. Les dirigeants réunis à Séville le rappellent : il faut dépasser la réaction défensive et investir dans le dialogue, la transparence et l’explication pédagogique. Mieux valoriser les efforts entrepris, être à l’écoute des attentes sociétales, et oser raconter une histoire collective, celle d’un secteur en mutation engagée et responsable, sont les chantiers clés esquissés au World Connect 2025.

@AJ/DR
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