Après les compagnies aériennes chinoises et américaines, c’est au tour d’Airbus de s’inquiéter des conséquences du dispositif européen entré en vigueur le 1er janvier 2012 visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre. L’avionneur européen craint d’en être la victime. « Tout cela m'inquiète. Ce qui devait être une solution environnementale est devenu une source potentielle de conflit commercial et cela devrait être une inquiétude pour chacun d'entre nous », a déclaré Tom Enders, président exécutif d'Airbus, lors d'une conférence de presse, à la veille du salon aéronautique de Singapour. Tom Enders fait ici écho à l’opposition de la Russie, des Etats-Unis, de l'Inde, mais surtout de la Chine à la taxe carbone européenne. En effet, en mai 2012, l’Association chinoise du transport aérien (qui regroupe Air China, China Eastern Airlines, China Southern Airlines et Hainan Airlines) menaçait d’annuler toutes ses commandes d’Airbus si l’Europe imposait sa taxe carbone à toutes les compagnies frayant dans le ciel européen. Elle a ainsi reporté l'année dernière la signature d'un contrat portant sur la vente de dix A380 pour quatre milliards de dollars. De son côté, l'Association internationale du transport aérien (Iata), qui représente les compagnies aériennes, conteste également cette mesure, estimant qu'elle pourrait déclencher des mesures de rétorsion. Le secteur de l'aviation « ne peut pas vraiment se permettre d'être pris au milieu d'un conflit politique ou commercial croissant », a déclaré mardi Tony Tyler, le directeur général de l'Iata. La législation européenne, entrée en vigueur le 1er janvier 2012, oblige les compagnies opérant dans l'Union européenne, quelle que soit leur nationalité, à acheter l'équivalent de 15% de leurs émissions de CO2, soit 32 millions de tonnes, pour lutter contre le réchauffement climatique. Elles devront s'acquitter de cette obligation au printemps 2013. Si les compagnies ne se plient pas à la loi européenne, elles devront payer des amendes d'un montant de 100 euros par tonne de CO2 et pourront être interdites de vol dans l'Union.