Une grosse fatigue, pas les turbulences : l’enquête sur un incident de vol à bord d’un avion d’Air Canada en janvier l’année dernière, qui avait fait seize blessés, a révélé que le copilote réveillé en sursaut avait confondu la planète Vénus avec un autre appareil et provoqué une descente brutale, avant que le commandant de bord ne reprenne le manche. Selon le rapport du Bureau de la Sécurité des Transports du Canada dévoilé le 16 avril 2012, le Boeing 767-300 de la compagnie aérienne nationale canadienne avait décollé de l’aéroport de Toronto – Pearson le 13 janvier 2011 à 21h38 en direction de Zurich, avec 95 passagers et huit membres d’équipage à bord. A mi-chemin environ de la traversée de l’océan Atlantique, vers 1h55, le copilote qui dormait depuis 75 minutes est réveillé par une alerte de proximité, un Boeing C17 de l’US Air Force arrivant en direction opposée. Essayant de le repérer visuellement, le copilote le confond d’abord avec Vénus, puis croit le voir au-dessus de son altitude réelle, débranche le pilote automatique et pousse le manche en avant. La descente ne dure que quelques secondes, le commandant de bord rétablissant la situation. Le « tangage intempestif » fait seize blessés en classe Economie, deux PNC et quatorze passagers qui n’avaient pas attaché leur ceinture de sécurité malgré l’avertissement visuel et sonore déclenché depuis 40 minutes en vue de possibles turbulences – plusieurs dormaient étalés sur trois sièges. Le vol s’est terminé sans autre problème ni turbulence, sept personnes étant hospitalisées à l’arrivée en Suisse avec des lésions et lacérations. Le problème de la fatigue des pilotes est particulièrement aigu pour les vols de nuit entre l’Amérique du Nord et l’Europe, rappelle le BSTC, des vols « caractérisés par de longues périodes d'obscurité et par peu d'exigences opérationnelles au milieu de l'Atlantique, ce qui crée des conditions intrinsèquement soporifiques. » Selon le rapport, le repos aux commandes (courtes siestes dans le poste de pilotage) en vigueur chez Air Canada a été adopté par « 17 entreprises de transport aérien au Canada ainsi que par des entreprises de transport aérien de partout au monde comme British Airways, Qantas Airways, Air New Zealand et Emirates Airlines ». Ce repos doit durer au maximum 40 minutes et être signalé au chef de cabine qui appellera le cockpit à l’heure prévue – signalement apparemment oublié lors de cet incident.